L'Association des magistrats tunisiens (AMT) a appelé, hier, les magistrats judiciaires, administratifs et financiers à la grève générale les 28 et 29 avril avec présence sur les lieux de travail dans tous les tribunaux et institutions judiciaires, à l'exception des affaires urgentes qui seront déterminées ultérieurement. Cette grève intervient en protestation contre l'issue des débats sur le projet de loi organique relatif au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), explique un communiqué de l'association qui dénonce « une menace réelle pour la création d'un conseil représentatif d'un pouvoir judiciaire indépendant, garant des droits et des libertés ». L'AMT a relevé, dans le suivi de l'examen de ce projet à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), « une intention d'enfreindre les dispositions de la Constitution dans l'objectif de mettre la main à nouveau sur le secteur de la justice, notamment en omettant de définir la notion de l'autorité judiciaire dans le projet de loi et la suppression des principales prérogatives du CSM », lit-on dans le communiqué. Réduire le nombre des membres du CSM est « une tentative d'en limiter l'efficacité », estime l'AMT, ajoutant que l'intégration de la justice militaire dans la composition du conseil moyennant désignation « est contraire au principe de l'indépendance de la justice et constitue une violation manifeste de la Constitution». Par ailleurs, l'AMT a mis en garde les forces politiques et les composantes de la société civile contre le projet de loi relatif à la répression des atteintes aux forces armées « visant à vider de son contenu constitutionnel le pouvoir judiciaire, ce qui constitue une réelle menace pour les droits et les libertés ».