Le long métrage de Ala Eddine Slim, cofinancé par quatre boîtes de production, sortira avant fin 2015. On ne peut pas s'empêcher de revenir sur ce projet pour le suivre presque au pas dans sa concrétisation. Pourquoi ? Parce que c'est une nouvelle expérience de production qui risque de réussir et entraîner un effet domino. C'est, aussi, une nouvelle solution qui pourrait être économiquement viable (sinon jouable) pour le cinéma tunisien ou précisément pour les cinéastes qui ne veulent pas rester les bras croisés en attendant des aides «Exit Productions, Inside Productions, Madbox et Service Vidéo Production ont entamé le mercredi 4 février 2015 le tournage de «Suspension», écrit et réalisé par Ala Eddine Slim. Quatre sociétés de production tunisiennes s'allient pour coproduire et cofinancer un long-métrage de fiction. Comptant sur leurs propres moyens mais aussi sur la collaboration des techniciens et des comédiens dont plusieurs produisent aussi le film de façon collaborative, c'est une nouvelle forme de production que le projet s'attache à mettre en œuvre face aux difficultés que connaît le cinéma tunisien» voici ce que les jeunes producteurs ont écrit dans leur communiqué. Un manifeste ! Un point de vue libre de toute agressivité et de toute hurlade linguistique si célèbre chez les adeptes du militantisme! C'est pourquoi nous «soupçonnons» ce projet d'être porteur d'une éventuelle réussite. «Il faut, d'abord, reconnaître que la forme du projet était un peu originale et n'était pas susceptible de décrocher des fonds. D'ailleurs le scénario tient en quinze pages, dit Ismaël l'un des producteurs du film, bien sûr, c'est un choix qui laisse beaucoup de place à l'improvisation. On savait quelque part dès le début, que c'était un projet qui allait être cofinancé». Il faut noter, aussi, que l'expérience de l'équipe, à savoir Moncef Taleb, Kamel Laridhi, Amine Messadi, Faouzi Jmal et Chawki Kniss qui a touché a tous les genres lui permettait de porter une production de ce genre. «C'est alors qu'il y a une idée qui a ressurgi et qui est la collaboration entre plusieurs boîtes de production. Reprend Ismaël, l'idée existait auparavant mais on n'avait pas le projet qu'il fallait. La forme de cette production consiste en un apport financier mais surtout un apport humain, puisque ces boîtes sont composées de compétences techniques confirmées. Et il y a aussi l'apport en équipement et c'est comme cela qu'on a bon an mal an réussi à monter financièrement le projet» Le tournage a commencé dans le sud pour prendre fin au nord-Est. Une multitude de paysages tunisiens qui tentent de servir une nouvelle veine cinématographique. Parce qu'il est question d'un film qui promet une innovation ou du moins qui tente d'approcher le genre différemment. Nous avons rencontré le réalisateur de ce film Ala eddine Slim. Il faut reconnaître, d'abord, que le jeune réalisateur a été initié sous la forge du métier puisqu'il a assuré différents postes allant de producteur à cadreur, en passant par preneur de son et réalisateur après ses études de cinéma. Ala Eddine Slim est quelqu'un qui n'a pas peur de marcher dans la gadoue, de se lancer dans des no man's land pour vous décrire un univers en deux plans. Sur cette lancée, et sans prise de tête, il pourrait donner beaucoup au cinéma. «Suspension est un film écrit différemment, nous dit-il, il n'y a pas de scénario proprement dit mais il y a une histoire. Au début, j'avais le fantasme de raconter plusieurs histoires dans le même film, mais la réalité de la production m'a poussé à adapter mes choix autrement. Les changements ont servi le film comme par hasard». Rappelons qu'en 2007, Ala eddine Slim a réalisé «l'automne» un court métrage qui raconte le désir d'un jeune homme de quitter le pays clandestinement et «suspension» est en quelque sorte sa suite. «Je lis beaucoup les faits divers et je m'intéresse aux corps disparus. Suspension est l'histoire d'un disparu, poursuit le réalisateur, c'est vrai qu'il y a beaucoup de paysages dans ce film pour moi, habitué à filmer le centre-ville, mais ce choix a nécessité un effort surhumain pour toute l'équipe. Un tournage au rythme de 14 à 15 heures par jour». «Suspension», actuellement en montage est un film très attendu par les inconditionnels du genre ainsi que par ceux qui veulent voir le cinéma tunisien autrement. Mais le réalisateur rétorque : «Je vis sur la planète cinéma et pas dans le cinéma tunisien... le timbre folklorique ne m'intéresse pas...»