«Je suis un citoyen comme vous et je remarque la satisfaction des Tunisiens quant à l'amélioration, de jour en jour, de la situation sécuritaire» Une conférence de presse a été donnée hier par le ministre de l'Intérieur et du Développement local au siège du gouvernement à La Kasbah. Ce rendez-vous avec la presse nationale et quelques correspondants des médias étrangers s'est voulu un bilan de la période écoulée. Najem Gharsalli a pris comme date repère et d'évaluation le 6 février 2015 jusqu'au 30 avril dernier. Le ministre a passé en revue quelques articles du projet de loi controversé, dit de la protection des forces armées, en prenant soin de préciser qu'il ne s'agit que d'un projet appelé à passer devant les commissions parlementaires et débattu en plénière. Tout en exprimant sa volonté de voir ce projet de loi adopté au final « parce qu'indispensable », il n'a pas exclu quelques amendements portant sur les points litigieux qui ont suscité une levée de boucliers des composantes de la société civile à ce jour. Solution provisoire pour les délégations spéciales Dans la première partie de la conférence, c'est plutôt le ministre du Développement local qui s'est exprimé. Il a présenté un exposé détaillé sur la vision du gouvernement quant à la stratégie de décentralisation du pouvoir vers les régions, le nouveau découpage du territoire avec l'implication des conseils régionaux et autorités locales. Najem Gharsalli a passé en revue la situation difficile des délégations spéciales et l'impact de cette paralysie sur la vie quotidienne du citoyen. Par suite des luttes partisanes, des démissions des élus, ou même des jugements, un grand nombre de ces délégations se sont trouvées totalement hors circuit. « Or une solution provisoire devrait impérativement être trouvée pour assurer la continuité des services et ce jusqu'à l'organisation des élections municipales ». L'environnement des Tunisiens a lourdement pâti de cette déficience en matière de services municipaux, a-t-il regretté. Dans le même volet, le ministre a déclaré que 81 quartiers populaires répartis sur l'ensemble du pays vont pouvoir bénéficier de réaménagement. Un apport qualitatif qui aura une influence bénéfique et directe sur la qualité de vie de leurs résidents. «Ces citoyens vivent mal dans un milieu totalement nuisible, à cause d'un déficit de raccordement au réseau sanitaire, de l'éclairage public et à cause de l'état défectueux des routes et des chaussées». A ce titre, et dans le cadre d'une optimisation des services municipaux, 17 nouvelles municipalités devraient prochainement être créées. Les forces de l'ordre en alerte Passant au volet tant attendu par les journalistes, que le ministre a relégué à la deuxième partie de son exposé, M.Gharsalli a refusé net de donner la moindre indication sur une opération antiterroriste en cours à Kasserine à Jebel Salloum. Plus expansif sur d'autres points, il s'est dit satisfait quant à la situation sécuritaire du pays. «Je suis citoyen tunisien comme vous et je remarque la satisfaction des Tunisiens quant à l'amélioration de jour en jour de l'environnement sécuritaire». Les forces de l'ordre sont en alerte, a-t-il relevé, sans cesse des opérations sont mises en échec et des réseaux d'envoi des jeunes sont démantelés. A ce titre, 880 présumés terroristes ont été interpellés. Le terrorisme, la contrebande, le crime organisé et le blanchiment d'argent sont toutes des filières d'une même nébuleuse agissant dans un but unique, instaurer le chaos pour pouvoir régner, a-t-il mis en garde, «c'est pourquoi nous agissons dans le cadre d'une stratégie globale». A ce titre, 55.000 suspects de crimes de droit ont été interpellés contre 39.833 l'année dernière sur la même période. Prenant soin d'éviter de parler du sort incertain qui perdure depuis des mois, tout de même, des deux journalistes Ketari et Chourabi, le ministre a été rattrapé par les questions. Dans le doute, le gouvernement ne peut livrer aucune hypothèse, s'est-il défendu. Une délégation de magistrats instructeurs et d'agents de sécurité sont sur place en Libye, a-t-on appris. «Nous sommes un Etat, nous ne pouvons accepter les allégations de quiconque sans preuves tangibles, nous serons mieux informés au retour de l'équipe officielle». Le pèlerinage de la Ghriba commence aujourd'hui Le ministre a annoncé au terme de son point de presse qui a duré près d'une heure trente la présence de hauts cadres de son ministère sur place pour assurer avec leurs équipes la sécurité des citoyens tunisiens et des visiteurs venus accomplir leur rituel. Le pèlerinage s'est tenu en 2011, 2012, 2013 alors que la situation du pays était autrement plus inquiétante. Les autorités tunisiennes sont prêtes pour assurer son bon déroulement, a-t-il martelé. Il était lui-même sur place à Djerba dimanche dernier, «cette région où toutes les confessions cohabitent en bonne entente». Il s'est dit satisfait de la gestion et l'organisation de cet événement qui se place comme un indicateur-clé à l'échelle internationale, et ce, dans l'espoir de sauver ce qui peut l'être de la saison touristique.