Le ministère déclare la guerre aux cours particuliers et annonce que les 20% ne seront probablement pas inclus dans le calcul de la moyenne du baccalauréat pour l'année 2015/2016 Au lendemain de l'indépendance, le premier président de la Tunisie s'est engagé dans la bataille de l'éducation pour lutter contre l'analphabétisme de masse et former les forces vives pour mettre en place les structures et les grandes institutions de la nouvelle nation. Investir dans l'éducation, à cette époque, correspondait à un choix stratégique afin de former les compétences nécessaires pour lancer la roue de l'économie nationale et édifier une société moderne et cultivée. Après la révolution, quel modèle éducatif choisir pour la société d'aujourd'hui et de demain? C'est la question que le ministre de l'Education, M. Neji Jalloul, a soulevé dans son intervention, affirmant, lors de la conférence de presse organisée, hier, par le ministère que le système éducatif actuel est de plus en plus inadapté aux besoins en matière d'éducation et appelle à une réforme urgente. Le ministre qui a, par ailleurs, relevé que le dialogue national sur la réforme du système éducatif est en train de se dérouler suivant un planning des étapes et un plan défini à l'avance pour garantir sa réussite, a souligné que le principal point fort de ce dialogue national est qu'il associe toutes les parties qui sont concernées par l'éducation. Associer toutes les parties sans exclusion « Le comité de pilotage du dialogue national sur la réforme du système éducatif est constitué d'un représentant de la centrale syndicale, de l'Institut arabe des droits de l'Homme et du ministère de l'Education. Il est essentiel d'associer toutes les parties touchées par la réforme du système éducatif. Le ministère de l'Education est ouvert aux propositions et aux recommandations qui émanent de toutes ces parties concernées de près ou de loin par le système éducatif», a souligné M. Neji Jalloul. Prenant la parole, de son côté, M. Hfaiedh Hfaiedh, le représentant de l'Ugtt a relevé que le dialogue national sur la réforme du système éducatif est en train de bien se dérouler depuis son démarrage, conformément au plan et aux étapes qui ont été définis à l'avance. Du fait que l'élève soit l'acteur principal de la réforme du système éducatif, une heure entière sera consacrée le 15 mai au débat sur la réforme dans tous les établissements primaires. Les instituteurs discuteront et recueilleront les avis des élèves sur leur façon de percevoir l'école du futur ainsi que sur les perspectives de la réforme. Débats régionaux Des débats seront, ensuite, organisés à l'échelle régionale et nationale avec les surveillants, les enseignants et l'ensemble des cadres éducatifs et administratifs relevant du ministère de l'Education. « Nous voulons que les parents sachent que nous prenons très au sérieux ce dialogue national sur la réforme du système éducatif. Nous voulons associer toutes les composantes du système. La richesse et la diversité d‘un débat constructif nous permettront de poser les bases d'une réforme solide. Tout ce qui ressortira des débats à l'échelle régionale et nationale serviront à l'élaboration d'une charte », a relevé l'intervenant. Prenant la parole à son tour, le représentant de l'Institut arabe des droits de l'Homme a relevé que le dialogue national sur la réforme du système éducatif intervient dans une période marquée par le processus de transition démocratique et aboutira à l'institution d'une école fondée sur les principes de la démocratie et de la citoyenneté. « Cette réforme se base sur la participation collective de toutes les parties concernées par le système éducatif et qui se sont associées pour diagnostiquer les faiblesses du système éducatif actuel. L'Institut arabe des droits de l'Homme qui a réalisé plusieurs études sur les systèmes éducatifs dans le monde arabe et a procédé à l'analyse des programmes éducatifs participera également à ce dialogue national ». Quatre axes principaux Le directeur des programmes éducatifs au ministère, Adel Haddad, a relevé, quant à lui, que le dialogue national s'articulera au niveau de tous les établissements éducatifs autour de quatre principaux ateliers. Chaque atelier portera sur un thème autour duquel les enseignants, les surveillants, les parents et la société civile engageront les débats. Le premier atelier soulèvera plusieurs problématiques dont celle de l'abandon scolaire précoce et des disparités régionales en matière de ressources éducatives... Le second atelier abordera les thématiques de la qualité de l'enseignement, de la maîtrise des langues, du système d'évaluation actuellement en vigueur et du temps scolaire. Quant aux troisième et quatrième ateliers, ils seront essentiellement axés sur la qualité de la vie scolaire, la dégradation de l'infrastructure des établissements éducatifs et le problème de la violence dans les établissements scolaires. M. Haddad a souligné que le comité de pilotage se référera aux principes de l'actuelle constitution ainsi qu'aux rapports et aux conventions internationales sur les droits de l'enfant pour définir les principaux axes de la réforme du système éducatif. Suite à la conférence, plusieurs questions ont été posées au ministre de l'Education relatives, notamment à la question des 20% et aux cours particuliers. M. Neji Jalloul a relevé qu'une cellule sera prochainement créée pour trouver une solution radicale au problème des cours particuliers et que les 20% ne seront probablement pas inclus dans le calcul de la moyenne nationale du baccalauréat pour l'année 2015/2016.