S'ancrer dans le camp des démocraties et préserver la stabilité du pays. La déconstruction d'un système corrompu devenu aussi toxique qu'obsolète, engagée par le président Kaïs Saïed, garde ses balises. Deux frontières dessinent la nouvelle trajectoire donnée au pays depuis le 25 juillet dernier : respecter les droits et libertés, dans une démocratie participative à multiples dividendes pour tous, et garantir la sécurité, la stabilité et la cohésion de la nation dans une union solidement scellée. C'est l'aspiration profonde des Tunisiens. C'est aussi le vif souhait de leurs frères et amis de par le monde. Point de retour en arrière, rien ne sera comme avant. Kaïs Saïed impose un nouveau mode de gouvernance, faisant changer toutes les règles du jeu. Le rationnel n'est plus le même. Tout est caduc. Plus rien n'arrêtera Kaïs Saïed. Changer d'institution, de gouvernance, de classe politique et de modèle de société, casser les monopoles de rente et les ententes illicites, traquer les malfrats, rétablir l'ordre et restaurer la justice : ses convictions profondes se mettent en oeuvre. Tel un rouleau compresseur qui n'épargne aucune baronnie et ne tolère le moindre passe-droit, il avance d'un pas ferme et résolu, déclarant haut et fort la guerre contre l'impunité. Le mouvement Ennahdha est ébranlé. Le 25 juillet lui est fatal. Faire le dos rond ou s'installer dans la résistance. La classe politique déchue est partagée entre les deux. Montée au créneau dans les médias, jusqu'à l'étranger, et lobbying intensif se sont rapidement émoussés. Les plus souillés ont tenté de se rallier au nouvel homme fort. Ou cherché à se mettre au vert, espérant s'éloigner ainsi des radars. Les plus prudents observent l'évolution de la situation de loin sans se permettre la moindre critique, restant à l'affût. Ceux qui choisiront la rupture feront fausse route. S'opposer à cet élan populaire d'une rare intensité qui pousse Kaïs Saïed à aller plus de l'avant dans la réalisation de son projet pour la Tunisie, c'est se mettre dans le déni de la nouvelle réalité du pays. Le cyclone risque de tout emporter. Personne n'est capable de faire front à des revendications profondes de populations démunies, éprouvées et au bout du rouleau qui réclament le droit au strict minimum pour survivre et préserver leur dignité. Kaïs Saïed, lui-même, ne fait qu'y accéder. La société civile reste vigilante. Acquise dans une large majorité à la plupart des mesures prises par Kaïs Saïed, elle ne manque pas cependant de multiplier mises en garde et inquiétudes. Le respect de la légalité, la garantie des droits et libertés et l'attachement à la démocratie demeurent au centre de ses préoccupations publiquement réitérées. Dans la nouvelle architecture qui se trame, ce sont les voix libres et indépendantes, individuelles ou sanctuarisées au sein de la société civile qui joueront un rôle de premier plan, dans l'avancée de la démocratie et la préservation des acquis de la nation. La refondation est impérative. Le démantèlement de l'ancien système ne doit pas créer le vide ou provoquer le chaos. C'est l'occasion tant espérée pour rebondir sur de nouvelles bases. Une refonte totale et profonde s'impose, progressivement, sans saper les fondamentaux, ni sacrifier les compétences. Une nouvelle vision d'avenir est à débattre et concevoir. Lorsqu'il s'agit de l'avenir du pays, la concertation doit être la plus large et la plus profonde possible. Ce n'est pas à un groupe restreint d'y réfléchir, mais à la nation tout entière de s'y mettre. En plus du schéma institutionnel, le rôle de l'Etat, le modèle de société, le système de redistribution des richesses, le revenu minimum, l'accès aux soins, la nouvelle économie, les pratiques du marché, l'éducation, l'environnement et bien d'autres fondamentaux sont à définir. Un nouveau monde se dessine à la sortie du Covid. Avec de nouveaux acteurs, de nouvelles règles et de nouveaux enjeux. Nous devons nous y inscrire. La refondation de la Tunisie sera notre viatique pour y accéder.