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Tunisie: Pour que le mois de Ramadan soit un mois de fêtes et de bonheur pour tous
Publié dans Leaders le 03 - 02 - 2023

Par Ridha Bergaoui - Le mois de Ramadan approche à grands pas et devrait débuter aux alentours du 22 mars. Quoique Ramadan soit le mois sacré de jeûne, de la piété et de spiritualité, il est également synonyme, pour la plupart de nos concitoyens, de gourmandise, de surconsommation, de veillées tardives, de détente et de plaisir.
Exposé à une privation de nourriture durant la journée, le Tunisien a tendance à compenser dès la rupture du jeûne et durant toute la soirée. La consommation explose, la demande augmente et les marchés s'animent. Le mois de Ramadan se termine par les fêtes de l'Aïd synonyme pour nos concitoyens de confection ou d'achat de gâteaux et, pour les plus jeunes, de nouveaux vêtements et de jouets qui viennent alourdir les dépenses familiales et mettre à plat leurs réserves budgétaires.
Dans un contexte d'une crise économique, de pénuries de nombreux produits alimentaires de grande consommation (lait, sucre, café, riz…) avec une hausse continue des produits et une détérioration flagrante du pouvoir d'achat du consommateur, le mois de Ramadan, cette année, risque de poser problèmes tant pour les responsables politiques que le citoyen et d'aggraver une situation sociale complexe.
Des préparatifs timides du gouvernement
Chaque année, le gouvernement (Ministère du Commerce, de l'Agriculture et tous les Offices et Groupements Professionnels concernés) se préparent longtemps à l'avance pour constituer des stocks pour l'approvisionnement des marchés en produits stratégiques de grande consommation comme les œufs, le lait et dérivés, les viandes, les légumes… Le contrôle des prix, la lutte contre la spéculation s'intensifient durant et autour du mois de Ramadan afin de maitriser les prix et freiner l'inflation.
Pour le Ramadan proche, les préparatifs, du côté des Ministères concernés, semblent très timides. La Ministre du Commerce et du Développement des Exportations (MCDE) a été limogée au début du mois de janvier de cette année. Quelques jours seulement après sa nomination (le 23 de janvier exactement), l'actuelle Ministre et le Ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources Hydrauliques (MAPRH) ont coprésidé une réunion pour examiner la situation de l'approvisionnement du marché pour les différents produits agricoles stratégiques. Le Ministre de l'Agriculture vient d'être limogé à son tour et le nouveau, un prestigieux et honorable homme des armées nationales, connait peu de choses du MAPRH, de ses rouages complexes et de ses nombreux dossiers. Ce changement à la tête des deux ministères clés pourrait avoir des conséquences sur le rythme et l'importance des préparatifs pour le mois de Ramadan.
Par ailleurs, la pénurie des produits alimentaires continue depuis quelque temps. Le sucre, le café, le riz, le lait, l'huile végétale subventionnée manquent et le simple citoyen peine sérieusement à en acheter pour ses besoins quotidiens. Les œufs et la viande (blanche et surtout rouge) existent sur le marché en quantités suffisantes toutefois les prix connaissent une sérieuse hausse compte tenue de l'augmentation des prix des concentrés et la situation de sécheresse et déficit pluviométrique que connait le pays. Ces produits connaissent au mois de Ramadan, une demande exceptionnelle pour la préparation des plats classiques aussi bien salés (tajines, briks, les pâtes…) que sucrés (mesfouf, bouza, samsa, brikethlib…) ainsi que les gâteaux traditionnels.
Compte tenu de la forte demande et des faibles niveaux de la production locale de ces produits de base, la situation au niveau de la constitution des stocks régulateurs semble délicate. En l'absence d'une réaction énergique et immédiate des autorités politiques, l'approvisionnement des marchés durant le mois de Ramadan risque encore de se détériorer et la pénurie de s'aggraver.
Les dirigeants de l'UTAP semblent un peu optimistes et rassurants. Selon ces responsables, l'approvisionnement en œufs et viandes de volaille ne poserait aucun problème. Toutefois, ils ne cessent de souligner le grand déficit en lait avec l'épuisement des stocks régulateurs ainsi qu'un manque possible de certains légumes comme la pomme de terre et les oignons.
Au niveau de l'approvisionnement en céréales du pays, les stocks et l'importation aussi bien du blé tendre (pour la confection du pain et de la farine) que le blé dur (pour la fabrication du couscous et des pâtes) ne poserait aucun problème et ces produits seront certainement présents en quantités suffisantes sur les étalages des commerçants et des grandes surfaces. La tension sur les marchés mondiaux des céréales, suite à la guerre en Ukraine, a bien baissé. Les exportations à partir de la mer noire ont repris d'une façon régulière, les quantités sont abondantes et les prix connaissent un retour à la normale. Par ailleurs la Tunisie a pu bénéficier de prêts et dons d'organismes internationaux afin de financer nos importations de céréales en complément de la production nationale.
Lait et sucre posent problème
Ce sont surtout le lait et le sucre qui risquent de manquer le plus, durant le mois de Ramadan. Ces deux produits sont essentiels et leur consommation augmente très sensiblement durant le mois de jeûne. Le lait est souvent consommé durant le shour, il est également nécessaire pour de nombreuses préparations. Quant au sucre, sa consommation s'accroit suite à son utilisation pour la confection des gâteaux de l'Aïd et des sucreries souvent consommées tout le long des soirées de Ramadan.
Pour le lait, la production nationale a connu une chute sensible suite essentiellement à la faible rentabilité du secteur. Les prix élevés des concentrés du bétail dont les composantes sont importées (maïs, soja, orge), l'insuffisance de la production fourragère et les prix à la production jugés trop bas ont conduit à une crise grave du secteur laitier. Faute d'une majoration du prix à la production, de nombreux petits éleveurs ont fini par se débarrasser de leurs vaches qui ont été soit abattues soit vendus à des contrebandiers qui les revendent clandestinement dans les pays voisins.
Afin de répondre aux besoins des consommateurs, il serait indispensable d'importer du lait. Il serait raisonnable à l'occasion d'augmenter le prix du lait le long de la filière en partant du producteur jusqu'au consommateur. Un prix au détail du demi-écrémé UHT de 1,8 à 2 D/litre serait raisonnable, le lait écrémé (à 0% de matière grasse) se vend actuellement de 2,250 à 2,450 D/l). Une telle augmentation permettrait d'une part de relancer la filière et d'autre part de réduire la subvention sachant que le lait importé reviendrait beaucoup plus cher.
Pour le sucre, l'importation et la mise sur le marché de quantités importantes est nécessaire pour enrayer l'image d'un produit en pénurie et absent dans le commerce.
A chacun son Ramadan
En Tunisie, chacun vit le Ramadan selon ses convictions et sa foi. Certains favorisent surtout les aspects religieux et spirituels avec les prières tous les soirs des «trawihs» à la mosquée. D'autres pensent que le jeûne n'est pas obligatoire et qu'ils ont le droit, dans le cadre de la liberté de conscience instaurée par la constitution, de ne pas faire le jeûne, sans être obligé de se cacher ou d'être poursuivis et punis. En Tunisie, pays de tolérance et de libertés, il n'existe aucun texte officiel qui interdise au citoyen de manger, boire ou fumer durant le mois de Ramadan. L'ouverture des cafés et des restaurants durant ce mois n'est pas interdite.
Entre les deux extrêmes, on trouve toutes les nuances possibles. Il y a bien sûr ceux qui sont malades et ne peuvent jeûner sur recommandations des médecins. Il y a aussi ceux qui font semblant de jeuner, ceux qui considèrent qui le font par habitude, ceux qui apprécient Ramadan pour ses tables bien garnies et ses soirées bien meublées de sucreries de toutes sortes, ceux qui aiment les jeux de cartes, la chicha et les soirées entre copains dans les cafés et enfin ceux qui pensent que Ramadan est une bonne occasion pour serrer les liens familiaux et sociaux, recevoir et visiter amis et proches.
Dans tous les cas, il est recommandé d'éviter les repas trop copieux et la consommation excessive de sucreries pouvant aggraver des maladies comme le diabète, l'hypertension, les maladies cardio-vasculaires et autres pathologies.
Au cours du mois de Ramadan, la solidarité est encore plus forte que d'habitude. C'est une excellente occasion pour faire preuve d'empathie et l'entraide. Des initiatives personnelles se multiplient, de nombreuses associations et organisations s'activent pour collecter des aides et les redistribuer aux plus démunis. Les Couffins de Ramadan, les repas ou table de l'Iftar se multiplient partout surtout dans les quartiers populaires. Ces aides viennent en complément des actions officielles menées par le Ministère des Affaires Sociales et les organisations comme l'UTSS, le croissant rouge…
Que Ramadan soit le mois du bonheur pour tous
Depuis 2011, le Tunisien vit des situations difficiles. L'instabilité politique, l'inflation galopante, la détérioration catastrophique du pouvoir d'achat face à l'explosion des prix, les pénuries alimentaires, la crise du Covid-19 et ses conséquences désastreuses… ont rongé l'optimisme et ont sapé le moral du citoyen.
Il faut reconnaitre que la situation économique du pays est délicate. La crise risque de s'aggraver encore avec surtout avec la sécheresse persistante et le grave déficit pluviométrique qui pénalise l'agriculture et l'élevage, deux secteurs importants tant pour la sécurité alimentaire du pays que du point de vue économique et social.
Il y a quelques jours, l'agence de notation Moody's avait baissé la note de la Tunisie de Caa1 à Caa2 avec perspectives négatives et la Tunisie risque un défaut de paiement de sa dette. Un accord rapide avec l'FMI devient vital, pour renflouer les caisses de l'Etat, financer le budget et assurer de la liquidité.
Le mois de Ramadan est une bonne occasion pour relancer l'économie et booster les activités commerciale et de loisir. C'est également une opportunité pour le Tunisien de renouer avec les plaisirs tant spirituels que matériels. C'est enfin une bonne conjoncture pour renouer avec la solidarité et la cohésion sociale.
Le mois saint n'est malheureusement pas incompatible avec la spéculation, la fraude, la ruse et l'escroquerie. La vigilance doit être de mise tant du côté de structures administratives appropriées que du côté du consommateur et la société civile. Il n'est pas forcément synonyme de fatigue, paresse et baisse de productivité. Le tout est de savoir s'organiser et éviter les abus et les dérapages tant alimentaires que de conduite. Ramadan n'est pas seulement se priver de manger, de boire et de fumer durant la journée mais c'est également savoir maitriser ses émotions, être positif et contenir sa colère et son agressivité.


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