L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a publié un communiqué, lundi, pour informer que le préavis de sa grève générale dans le secteur public, prévue pour le 8 décembre, a officiellement été signé par le secrétaire-général de la centrale syndicale. Accusant le gouvernement de décrédibiliser les négociations et des accords conclus entre les partenaires sociaux, l'UGTT a officiellement informé la présidence du gouvernement de la grève générale si jamais aucun accord ne sera trouvé d'ici là entre les deux parties en ce qui concerne les majorations salariales pour la Fonction publique. La veille de la publication de ce préavis, le bureau régional de l'UGTT à Sfax a organisé un grand rassemblement dans la ville pour manifester son désaccord avec la politique du gouvernement d'union nationale qui, selon la centrale syndicale, enfreint, avec l'article du report des augmentations salariales, et la continuité de l'Etat et le Pacte de Carthage auquel l'UGTT avait pris part au mois d'août dernier. Vendredi 25 novembre, une séance de négociation entre les deux parties s'est soldée par un échec. Ayant campé sur sa position à savoir la nécessité de verser les augmentations salariales à temps, à partir du mois de janvier 2017, l'UGTT a ‘tenu parole' en allant vers la grève générale. De son côté, le gouvernement a proposé que le versement des majorations salariales se fasse à partir du mois d'octobre 2017, sachant que les augmentations des neufs premiers mois de la même année soient versées, sur des échéances, à partir de l'année 2018. Cette proposition a été qualifiée de non-sérieuse de la part de la partie syndicale. Toutefois, le problème ne réside pas uniquement entre ces deux parties. L'UGTT mène une autre bataille pour la reprise des négociations des augmentations dans le secteur privé. Accusant l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) de tout faire afin de bloquer le démarrage des négociations dans le secteur privé, la centrale syndicale semble n'avoir peur de rien. Lors d'un meeting à Mahdia, le secrétaire-général adjoint de l'UGTT, Sami Tahri, a accusé l'organisation patronale de se cacher derrière la crise économique que vit le pays et quelques entreprises afin de retarder lesdites négociations. Tahri a expliqué que si jamais les augmentations salariales n'étaient pas appliquées dans des délais brefs, l'UGTT ira vers la grève générale dans le secteur privé. Rebondissant sur ces propos, le membre du bureau exécutif de l'UTICA, Habib Tastouri, a indiqué, dans une déclaration radiophonique, que la centrale patronale ne compte pas fuir les négociations mais qu'elle est elle-même préoccupée par la santé financière des entreprises qui sont aujourd'hui appelées à payer plus d'impôt. Sollicité de répondre au nom de l'UTICA à la menace de la grève générale, Habib Tastouri a assuré que l'organisation ne compte pas subir la pression et que les patrons aussi ont droit d'observer une grève. ‘Si les ouvriers et les fonctionnaires ont le droit constitutionnel de faire la grève, nous demandons à ce que notre droit d'interdire le travail (pendant quelques jours, en guise de grève) soit, lui aussi, inscrit dans la Constitution.' Il est clair que la paix sociale, qu'a entre autres visée le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avec son initiative de formation du gouvernement d'union nationale, se retrouve aujourd'hui sérieusement menacée. Le gouvernement et l'UTICA iront certainement vers le report des augmentations salariales ce qui ne fera qu'encourager l'UGTT à maintenir la pression et à confirmer ses mouvements de protestation et ses grèves. Ces mouvements sociaux qui semblent inévitables pour tout le monde ne feront qu'empirer la situation du pays qui s'apprête à vivre l'une de ses plus difficiles années.