" La violence est toujours une mise en acte de l'impuissance " Jacques Salomé Une belle exposition pour célébrer la Journée Internationale de la Femme, se tient au Club Tahar Haddad, toujours ouvert aux belles initiatives. La femme vue, entre les ténèbres des préjugés sexistes, violentée physiquement, battue, humiliée, au corps lieu de batailles et de conquête, portant le linceul de sa servitude ou dans la lumière, belle, libre, rebelle. Accueillis par le sourire de Salwa Jaouadi qui nous propose aimablement de nous piloter, nous nous glissons parmi les visiteurs venus admirer les œuvres exposées. Des portraits douloureux de Karim Kammoun qui lance un cri strident " Gare à la manipulation, source de violence ! " cri strident contre les hommes qui portent atteinte à l'intégrité physique de leurs épouses et les femmes soumises qui portent le bâillon de leur calvaire et demeurent muettes face à la violence, au viol, aux coups qu'on leur porte. Trois magnifiques portraits d'artistes qui se sont impliquées dans ce combat contre la violence faite aux femmes. Le noir et blanc choisi par Cheima Fezzani, pour la plupart de ses photos, accentue le désarroi vécu par des femmes humiliées, subissant la fureur d'hommes aveuglés par leur supériorité et leur colère. Les mains féminines, rempart contre l'animosité de l'agresseur, ses menaces et sa barbarie, se lèvent en un geste de défense, si dérisoire contre l'impétuosité de la réaction masculine. Le corps tente d'échapper à son agresseur, " fantôme impétueux", mais subit le châtiment du refus. Les barreaux donnent l'impression d'une geôle où se trouvent enfermée la victime brisée, un cercle vicieux où proie et prédateur sombrent dans l'innommable. Mohamed Béchir Ben Othman raconte en six photos, l'amour amnésique, dans l'intimité du couple que la violence sépare et déchire. Une atmosphère feutrée mais habitée de préjugés et de malentendu qui creuse l'écart douloureux de l'incommunicabilité. Un mur d'incompréhension se dresse et la violence finit par détruire ce qui subsiste de sentiment. La dernière photo illustre la fuite de la victime et l'errance dans une nature refuge. Amor Abada Harzallah et Mohamed Njah illustrent le calvaire de la femme exploitée, traînant son lourd fardeau comme Sisyphe son rocher tantôt, tantôt, sa balle de foin, alourdie, harassée, épuisée par une activité qui en fait l'esclave d'un système qui écrase l'humain et l'avilit. Hassan Essiyade s'écrie " Où sont les hommes ? " pour constater que l'homme qui a recours à la violence se dégrade lui-même en dégradant sa victime. Et à quelques mètres, trônent les photos de femmes épanouies, belles en habit de fête ou en robe vaporeuse, le corps libéré des entraves sociales, le visage exaltant la joie de vivre, le sourire lumineux. La beauté des traits, l'élégance du maintien, des gestes, des bijoux, la grâce suggèrent ce bonheur qui irradie et se propage sur des photos qui content des flambées de joie et la sérénité de celles qui refusent le diktat sexiste, ne s'agenouillent pas devant les préjugés et les croyances rétrogrades. Fatiha ben Hachani lance cette exhortation " Sois reine ! " Une belle expo organisée par l'Association Tunisienne des Femmes photographes afin de dénoncer la cruauté de tels agissements envers les femmes, la violence, la marginalisation et l'exclusion de la part d'une société sexiste qui les humilie et les avilit et en fait des êtres fragiles et diminués. La brutalité et la cruauté des agresseurs irascibles sont des actes graves à condamner. Le silence complice est à bannir pour que justice soit faite.