Le Temps-Agences - Après des semaines de tractations diplomatiques, la Turquie a recouru hier à l'option militaire contre les rebelles kurdes retranchés dans le nord de l'Irak, une opération ciblée dont l'envergure semblait limitée. Selon l'état-major de l'armée, l'artillerie et des éléments aériens, probablement des hélicoptères de combat, ont attaqué "à l'intérieur des frontières de l'Irak" un groupe "de 50 à 60 terroristes", dénomination officielle des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), leur infligeant de "lourdes pertes". L'opération s'est produite au Sud-est de la localité turque de Cukurca, dans la province de Hakkari, située juste à la frontière, a précisé l'état-major. "Si nécessaire, a-t-il ajouté, d'autres éléments de l'armée interviendront dans la région", en l'occurrence des unités terrestres. Accusant les Kurdes d'Irak, alliés des Américains, de soutenir le PKK, la Turquie a menacé de lancer une opération militaire dans le nord de l'Irak pour en déloger les rebelles qui se servent de cette région comme d'une base arrière pour leurs actions dans le Sud-est de la Turquie, dont la population est majoritairement kurde. La Turquie qui dispose de la deuxième plus grande armée de l'Otan en effectifs (515.000 hommes) après les Etats-Unis, a massé 100.000 hommes à la frontière irakienne, longue de 380 km. L'opération, hier, de l'armée turque, apparemment ciblée et restreinte, est intervenue au lendemain d'une déclaration du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui a indiqué avoir autorisé les généraux à réaliser une opération transfrontalière contre les rebelles kurdes dans le nord de l'Irak. "Il s'agit d'une opération contre une cible bien précise et ce n'est pas une surprise car la Turquie a dit et répété qu'elle allait sévir contre les terroristes dans le nord de l'Irak", a commenté l'analyste militaire Armagan Kuloglu sur la chaîne d'information NTV. Ce général à la retraite a estimé que d'autres opération similaires pourraient être menées dans les jours suivants avec, si nécessaire, une implication d'unités d'élite malgré les difficiles conditions hivernales dans cette zone montagneuse. Début novembre, le président américain George W. Bush, en recevant M. Erdogan, avait assuré que les Etats-Unis qui occupent l'Irak depuis 2003 fourniraient à Ankara des renseignements "en temps réel" sur le PKK qualifié d'"ennemi commun" de leurs deux pays. Un mécanisme de coordination militaire entre la Turquie, les Etats-Unis et le commandement central américain pour lutter contre le PKK a en effet débuté après cette date. Le PKK qui dispose d'environ 5.000 rebelles, dont quelque 3.500 dans la montagne irakienne, a engagé une lutte armée depuis 1984 pour obtenir l'autonomie de l'Est et du Sud-est de la Turquie. Les affrontements entre les rebelles et l'armée turque ont fait plus de 37.000 morts.