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Les « Eclats de vers » de Monia Belazi
Publié dans Le Temps le 16 - 11 - 2017

Une rencontre littéraire a eu lieu vendredi dernier autour des œuvres poétiques de Monia Belazi au Club de la francophonie à l'Ecole Souleymania Tunis. C'est Mme Fethia Brouri, présidente du Club, qui s'est chargée de la présentation des deux recueils poétiques, à savoir « Pygmalion du langage » et « Eclats de vers » devant un public passionné de poésie.
Monia Belazi est professeur de langue française. Elle a écrit des récits de jeunesse et anime actuellement des ateliers d'écriture. Elle a réalisé, en outre, des adaptations en français facile de nombreux ouvrages de grands classiques français. Elle a obtenu le prix d'excellence en poésie des poètes caudaciens en 1999 et le Prix Star d'argent de la foire de Sfax en 2002 pour sa série « Mon ami le livre »
Lors de sa présentation, Mme Fethia Brouri a commencé par « Pygmalion du langage », un recueil divisé en quatre parties contenant quarante-six poèmes. « La 1ère partie, a dit la présentatrice, est intitulée « A toi qui comprends mon écriture » et renferme une douzaine de poèmes qui parlent de différentes facettes de la poésie. », comme dans « Union sacrée » qui dénote le lien étroit rattachant le poète à la page blanche: « Page loyale, page offerte/ Contiens-moi/ Dis, sauras-tu/ Me laisser te parcourir/ Sans te lasser?
Dans « Versification », la poétesse évoque l'histoire de la poésie et sa métamorphose à travers le temps; jadis l'alexandrin règne en roi absolu ; mais de nos jours la poésie est libre. Elle incite à accorder de l'importance au poète, cet être fin, sensible et sage. Elle glorifie la poésie. Cette poésie qui a perdu de nos jours de son éclat et qu'elle plaint dans "Le poète incompris" : « Adieu poésie!/ Personne ne te voit dans mon écriture/ Personne n'y reconnaît ta noble nature!/ Adieu chère amie!
Elle reconnût la difficulté de choisir les mots qui conviennent et qui rendent mieux le sens. Et elle signale que parfois sa muse la laisse tomber, alors elle honnit l'écriture dans « Le poète repenti » : « Adieu l'écriture!/ T'as été une pourriture/Adieu à jamais!/ Assez!/Assez d'espoirs avortés/
Une telle situation fait beaucoup de peine à notre poétesse qui reconnait son échec.
La 2ème partie, poursuit la présentatrice, est intitulée « A mon enfant au regard fertile » et renferme des poèmes dédiés à l'enfance qui vit en elle et autour d'elle; cette enfance meurtrie par un monde hideux, un monde de haine où la guerre n'épargne personne même pas les enfants, elle consume l'univers dans « Je refuse de perdre » : « Pauvre planète terre/ Vouée à la guerre!/ Puissent mes prières et mes vers/ Anéantir le cauchemar/
Elle prie fort pour que la planète terre soit sauvée de cette calamité qui entraîne des dégâts matériels et surtout humains et elle en évoque comme exemple vivant la guerre sanglante qui a déchiré l'Algérie dans les années 90. La poétesse exprime son attachement pour sa patrie "Les souks de Tunis » : Promenade dans le temps/ Pas posés sur des allées/ Où des princesses sont passés/ Senteurs d'ambre et de musc rodant/
Elle évoque l'Histoire si riche de la ville de Tunis et tout ce qui la caractérise et la distingue, on dirait une sorte de campagne publicitaire pour amadouer les touristes.
La 3ème partie est intitulée « A toi mon port d'attache » et comporte des poèmes consacrés à la relation houleuse qu'a eue la poétesse avec l'amour et l'amitié. Dans « Les passions rabougries », on peut lire : Parlez/ Dites à celui qui restera ici/ Et qui n'est plus mon ami/ Comment mes larmes ont respecté le silence/ Comment j'ai essuyé seule ses offenses/
« Aux yeux jaunis par les ans » est le titre de la 4è partie ; elle renferme des poèmes teintés d'amertume profonde. Elle entame cette partie par « Souvenirs » : La mer intérieure s'agite/ Ainsi qu'un serpent en colère/ Et la fillette qui m'habite/Terrorisée, fuit mer et mère/
Elle évoque la souffrance que lui avait infligée sa mère adoptive, une mère marâtre, sous les yeux jaunis par les ans de son père. Elle en veut à sa mère naturelle de l'avoir abandonnée au point de la renier, de la maudire. On peut lire dans le poème « Mère » : Mère, mère.../ Non! Tu n'es pas ma mère!/Tu as juste été du placenta/Je te renie, je te maudis, je t'accuse!/
Elle fuit donc cette réalité dure pour trouver refuge dans la nature. « Ce recueil, a conclu Mme Fethia Brouri, est issu d'une 1ère expérience d'écriture qui révèle au lecteur l'âme nue, à l'état brut d'une femme lacérée mais encore debout. Et c'est cette authenticité qui fait son charme.
Mme Brouri a enchainé avec le deuxième recueil « Eclats de vers » disant que « c'est un recueil en duo avec le poète algérien Hamouche Zerrouki. Ce recueil est paru juste après la révolution tunisienne, en 2011. Il a un souffle patriotique. La poète plaint sa patrie qui, en déclenchant le printemps arabe ou la révolution des jasmins comme se plaisent aux uns et aux autres de l'appeler, se croit être libérée du joug de la dictature, de l'exploitation, du déchirement, de la misère... » Ecoutant ces vers dans « Ma Tunisie » : Mon petit pays au grand cœur/ Agonise/ Ma terre de paix et de douceur/ S'enlise/ Dans le chaos et la terreur/Et se brise/ Mon cœur/
Mais les responsables s'avèrent des malfrats, des escrocs, des gourous pour qui seuls leurs intérêts personnels comptent bien qu'ils donnent l'impression d'être des gens parfaits: Dans « Les politiciens », on peut lire : Les politiciens!/ A droite et à gauche/Partout ça cloche/
Ces politiciens que la poétesse qualifie de « politicons », un néologisme qui dénote l'indignation éprouvée à l'égard de ces politiciens qui sont prêts à sacrifier la Tunisie en usant de différents détours malsains. Elle hait le printemps, ce printemps meurtrier qui a haussé ces cons au pouvoir, ce printemps qu'elle taxe de cruauté, qui au lieu d'engendrer la paix et la prospérité en Tunisie, il a provoqué des catastrophes: Ecoutons ces vers dans « Lettre au printemps » : Printemps, cruelle saison/Tu fais fi de mon cœur et de ma raison/Ton ciel est bleu bien que le sang /Des martyrs ait teinté le firmament/
Dans ce recueil, Monia Belazi s'intéresse aussi à l'amour qu'elle croit trouver dans « Résurrection » : Aurait-il suffi qu'un sourire fleurisse/ Sur les lèvres de mon prince à moi/ Pour que l'enfance reverdisse/ Dans mon cœur flétri par les coups bas...
C'est que l'auteure a besoin de cet amour pour renaître, revivre.
A la fin, elle souligne que le poète demeure vivant après sa mort, à travers ses mots: « Epitaphe du poète » : Dites au poète que je n'ai pas fini/ Que son dernier mot est infini/ Dites à celle qui me pleure/ Que jamais mes vers ne meurent /Dites à l'enfant qui est en vous/ De ne jamais oublier mes mots fous
La non-reconnaissance de ses mots serait-elle la cause qui l'a poussée à cette réflexion sur la poésie? Ces poèmes écrits après la révolution sont beaucoup plus consistants que ceux du recueil précédent et dénotent une certaine maturité acquise au fil des ans chez la poétesse qui a élargi son champ d'investigation pour aller puiser sa matière dans les mythes.
La présentation des deux recueils a été suivie d'une discussion entre les assistants.


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