Depuis la révolution, les agressions contre le corps médical et paramédical se sont multipliées d'une manière alarmante, mais personne ne cherche à comprendre l'origine de ce fléau, surtout que de nombreux facteurs aident à l'agressivité et à l'incompréhension entre des professionnels et de patients et leurs accompagnateurs. La conséquence en est que les praticiens ne peuvent pas travailler dans la sérénité, pour sauver des vies humaines, parce que c'est là leur mission suprême. Les agressions contre le corps médical sont devenues monnaie courante, surtout que les patients et leurs accompagnateurs pensent qu'ils sont les seuls à souffrir et à rechercher des remèdes, le plus souvent, inexistants. Tout d'abord, les attaques ont lieu, en particulier, dans les services des urgences qui accueillent des dizaines de patients atteints de maladies graves et, parfois moins graves. Malheureusement, comme tout le monde le sait, les hôpitaux tunisiens manquent, dans la plupart des situations, du minimum nécessaire, pour accomplir leur devoir. Face à la passivité d'un ministère de la Santé en pleine débandade et qui gère un quotidien très critiqué, les médecins des hôpitaux publics opèrent avec un matériel vétuste et dépassé par le temps. En outre, ils sont tellement débordés par le flux des malades qu'ils ne savent pas à quel saint se vouer, surtout que chaque patient ou son accompagnateur pense qu'il doit avoir la priorité, alors que les praticiens sont obligés de donner la priorité au premier arrivé, sauf en cas de situation critique d'un malade… et c'est ce qui crée la tension. Par ailleurs, le médecin qui subit un stress hors du commun et qui est un être humain est sujet, lui aussi, à l'agressivité, parfois, que ce soit dans ses réponses ou de ses réactions, ce qui risque d'alimenter la tension… avec la possibilité d'en arriver à des échanges enflammés et, parfois, à des agressions physiques. L'organisation tunisienne des jeunes médecins a mis en garde, jeudi, contre la série d'agressions exercées contre les médecins, soulignant que ce fléau risque de contribuer davantage à leur exode vers le secteur privé ou l'étranger. Cette mise en garde intervient suite à l'agression, pendant la soirée du jour de l'an, d'un médecin résident au centre de traumatologie et des grands brûlés à Ben Arous, après avoir annoncé à une famille le décès de leur proche, indique un communiqué de l'organisation. L'organisation des jeunes médecins a appelé l'ensemble des citoyens à faire preuve d'un minimum de respect envers les cadres médicaux et paramédicaux, estimant que la principale victime de ces agressions est le secteur de la santé publique. Elle a fait porter la responsabilité à la direction du centre et au ministère de la Santé, estimant qu'ils ne sont pas en train d'assurer la sécurité des cadres médicaux et paramédicaux et favorisent la diffusion de la culture de l'impunité. Elle a, à cet égard, annoncé qu'elle envisage d'organiser des mouvements de protestations dans tous les hôpitaux afin que les responsables prennent les mesures nécessaires pour préserver la sécurité des médecins. Cela fait près de huit ans que les médecins souffrent le martyre, à la suite de ces agressions à répétition et les conséquences risquent d'être catastrophique, pour le secteur de la santé publique qui manque de personnel, de matériel et de locaux dignes de ce nom.