Le Temps - Agences - A la veille de Noël, Mahmoud Abbas a prié à Beiet - Lahm pour que 2008 soit l'année de l'indépendance pour le peuple palestinien. Des chants de Noël ont retenti sur la place de la Mangeoire alors que des milliers de touristes étrangers et de Palestiniens remplissaient l'église de la Nativité pour une messe de minuit à l'endroit même où la tradition situe la naissance de Jésus Christ. C'est le Noël le plus pacifique, et le plus profitable, qu'ait connu Beït-Lahm depuis des années et des responsables locaux affirment que les chiffres de la fréquentation touristique sont les meilleurs depuis le début de la seconde intifada palestinienne, en septembre 2000. Abbas, qui a relancé les négociations de paix avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert lors de la conférence d'Annapolis, le mois dernier, a formulé ses vœux pour l'année à venir et a dit que les Palestiniens prieraient pour avoir leur propre Etat. Abbas et Olmert se sont engagés à essayer de conclure un accord d'ici la fin 2008. "L'année qui vient sera, si Dieu le veut, celle de la sécurité et de la stabilité économique", a déclaré Abbas. "Nous prions que 2008 soit l'année de l'indépendance pour le peuple palestinien." Des centaines de membres des forces de sécurité palestiniennes se sont déployés dans les rues de Beït-Lahm, fait sans précédent depuis des années. Il s'agit du troisième déploiement de cette importance opéré dans une ville de Cisjordanie en vertu d'un plan de sécurité mis en oeuvre avec le soutien des pays occidentaux depuis que le mouvement islamiste Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en juin dernier. Certains touristes ont dit que ce déploiement d'armes les avait rendus nerveux, mais qu'ils étaient heureux de pouvoir fêter Noël en terre sainte. "Malgré le dispositif de sécurité, les gens sont on ne peut plus accueillants", a déclaré Eaddy Kiernan, 22 ans, venu des Etats-Unis. "C'est le meilleur endroit où l'on puisse célébrer Noël." La plupart des habitants de la ville ne peuvent toujours pas aller travailler à Al - Qod's, ni se rendre librement dans d'autres villes palestiniennes, en raison des restrictions imposées par Israël et de la barrière de séparation qui empiète sur des secteurs de Cisjordanie revendiqués par les Palestiniens. Les commerçants de Beït-Lahm ne cachaient pas, cependant, leur joie. "Cette année est meilleure que les précédentes car le processus de paix rassure les gens", a déclaré Nadia Hazboun, qui gère un magasin de souvenirs situé en face de l'église de la Nativité. Le tourisme, essentiel à l'économie de Beït-Lahm, a redémarré parallèlement au soutien occidental qu'a reçu Abbas dans son épreuve de force avec les combattants du Hamas qui ont évincé de Gaza son mouvement laïque, le Fatah. Après avoir survécu à grand-peine ces dernières années, les hôtels de Beiet - Lahm affichent complet pour ce Noël. L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, aujourd'hui émissaire du "quartet" des médiateurs pour la paix au Proche-Orient, s'est employé à améliorer l'accès des touristes à la ville de la Nativité ainsi que ses équipements. Blair, chrétien pratiquant qui vient de se convertir au catholicisme après avoir grandi dans la foi anglicane, a récemment passé une nuit dans l'un des meilleurs hôtels de Beït-Lahm pour conforter le sentiment que la sécurité y règne. Les autorités locales restent néanmoins prudentes. Le nombre de touristes attendus oscille entre 60 et 70% de ce que la ville connaissait avant l'intifada, et plus d'un gouvernement occidental recommande encore à ses ressortissants de ne se rendre dans la région que pour des motifs importants.