Ce n'est pas plus mal de relire l'Histoire. C'est encore mieux, de relire son histoire propre, afin de se la réapproprier. Pour comprendre, notamment, d'où l'on vient, pour décider où, exactement, l'on veut aller. La campagne, pour le moins, insolite et incongrue, qui circulerait ces derniers jours sur «Twitter», visant à exclure les pays du Maghreb, de ce que l'on appelle communément, le Monde arabe, devrait être entendue comme ce qu'elle est : une manière de diviser pour mieux régner. Mais aussi, comme une déclaration de «guerre», à peine déguisée, à l'encontre de la Tunisie, de l'Algérie, et du Maroc, plus spécifiquement, qui cacherait également, en la dévoilant en «palimpseste», une haine de ce côté-ci, de la Méditerranée, plutôt rétif à certains embrigadements, pour le moins équivoques. La «Oumma» en question... Que faut-il en penser, s'il faut s'en offusquer ou s'en réjouir, et comment tout cela doit-il nous interpeller, ici en l'occurrence, lors-même que la Libye voisine est sur le point de se faire « écarteler » si ce n'est déjà fait, voilà sur quoi l'on devrait se pencher, aujourd'hui plus que jamais, pour saisir, en inversant les règles du jeu, cette mise à « l'écart », comme une seconde chance. Afin de consentir, au moment même où la colère, s'il en est, ne jette son dévolu sur nous, en tant que Tunisiens, Maghrébins, et Africains, de reprendre le chemin à rebours, pour renouer, enfin, avec le sens des origines. Et comprendre pourquoi, cette différence qui nourrit notre «socle» commun et notre «ferment», doit, au contraire, être vécue, comme une richesse. Un «butin de guerre» qui ne tarit jamais, et qui fonde notre identité. Nous n'avons pas à avoir honte. Nous n'avons pas à quémander, comme le ferait un «mendiant», notre part d'arabité s'il en est, comme nous ne devons pas avoir honte, de notre «berbérité». C'est une part de nous-mêmes, que nous revendiquons d'ailleurs, parce qu'elle est profondément, enracinée en nous, comme toutes les « strates » successives, qui ont fondé notre identité de Tunisiens, ouverts sur le monde, dans sa multiplicité, et refusant, en même temps qu'un enfermement, dans une composante de cette identité, qui pourrait devenir « clivante », et nous déchirer, de «parceller» la mosaïque. Il faut relire Ibn-Khouldoun et ses «Prolégomènes», et il faut relire aussi, plus près de chez nous: Albert Memmi. Les identités ne doivent jamais devenir meurtrières...