Ces tout derniers jours, la Commission d'achat d'œuvres artistiques a fait l'objet de critiques et d'attaques de la part d'un bon nombre d'artistes-peintres qui l'accusent d'incompétence, de favoritisme, voire de malhonnêteté dans l'exercice de ses fonctions qui consiste à choisir, en vue de les acquérir pour le compte de l'Etat, les nouvelles œuvres artistiques exposées dans les différentes galeries du pays. Le travail de cette Commission, nouvellement constituée, n'a commencé qu'après la période du confinement après le retour des galeries et des salons d'exposition à leurs activités. Elle a donc effectué des visites aux expositions personnelles et aux expositions annuelles des différentes associations artistiques, à savoir la Fédération Tunisienne des Artistes Plasticiens (FTAP), l'Union Tunisienne des Artistes Plasticiens (UTAP) et le Syndicat des Artistes Plasticiens. Selon plusieurs artistes-peintres, la Commission a fait porter son choix sur des travaux « inintéressants » ou qui manquent de « créativité artistique », portant ainsi atteinte aux critères du choix que les membres de la Commission sont censés suivre scrupuleusement. D'autres artistes vont jusqu'à dire que les œuvres achetées sont signées par des noms peu connus ou inconnus dans la sphère artistique, quand bien même d'autres œuvres exposées par des artistes renommés à l'échelle nationale n'auraient pas été choisies !Des voix s'élèvent sur les réseaux sociaux, qui pour dénigrer la nouvelle Commission d'achat, qui pour justifier son travail aussi difficile que délicat. Rôle de la Commission d'achat En l'absence d'un marché d'art en Tunisie, comme il en existe dans plusieurs pays, la Commission d'achat d'œuvres artistiques jouedepuis sa naissance un rôle important dans la promotion de l'art et de l'artiste tunisien en visitant, à longueur d'année, les différentes galeries et salles d'exposition, à travers les villes tunisiennes. En achetant certaines des œuvres exposées qui deviendront automatiquement des biens de l'Etat, elle incite par-là même davantage les artistes à la création. Malheureusement, la Commission d'achat, dont les membres changent chaque année, a toujours été critiquée par certains artistes mécontents ou peu convaincus de sa mission, ou encore non satisfaits de la nomination des membres de cette commission désignée généralement par le ministre des affaires culturelles. Parfois, les critères mêmes des choix effectués par cette Commission sont sujets à caution aux yeux de certains artistes. Or, l'acquisition d'œuvres d'art doit se faire en tenant compte de la capacité de l'Etat de les conserver dans de meilleures conditions et cette capacité dépend, entre autres, de l'état de conservation, du format de l'œuvre, du volume et du médium des œuvres et sans doute du budget attribué à cet achat. De même, les critères qui guident l'acquisition d'œuvres d'art sont : l'authenticité, la qualité, l'intérêt de l'œuvre, la valeur esthétique ou historique, en tenant compte de l'évaluation des membres de la commission d'achat qui doit être objectif et honnête ; encore faut-il penser surtout à la facilité de conservation et d'installation des œuvres acquises dans des conditions normales. Malheureusement, ce dernier critère semble faire défaut à un moment où les achats de l'Etat sont devenus de plus en plus nombreux et que les lieux de conservation sont devenus encombrés, voire insalubres, si bien que beaucoup d'œuvres, entassées les unes sur les autres ou jetées pêle-mêle, à même le sol, se sont détériorées ou usées sous l'effet de l'humidité, de la poussière et en l'absence d'entretien. Depuis des années des voix s'élèvent pour trouver une solution à ces œuvres acquises depuis des années par l'Etat qui croupissent dans des locaux inappropriés et mal conçus pour la conservation des œuvres d'art. Heureusement que l'Etat a pensé récemment à déloger provisoirement une bonne part de ces œuvres qui comptent par des centaines vers la Bibliothèque Nationale et vers la Cité de la Culture afin de mieux les prémunir contre la détérioration et la perte. Pour la création d'un marché d'art tunisien Cependant, fauted'un marché d'art, la Commission d'achat demeure la cible criblée de toutes les critiques et les attaques de la part de tout un chacun non satisfait de ses choix et de ses achats effectués lors de ses visites aux différentes galeries. Pourtant, la Commission est convaincue de faire son travail dans les règles de l'art et qu'elle se doit d'encourager les nouvelles générations dans la création plastique en acquérant leurs œuvres. Ce qui déplait à certains ! Entre-temps, les artistes plasticiens tunisiens ne cessent depuis de longues années d'appeler à la création d'un marché d'art tunisien qui pourrait trouver la solution adéquate aux problèmes dont souffre le secteur plastique en Tunisie. Pour ce faire, des dizaines de rencontres, de colloques et de tables-rondes ont été organisés ces dernières années par les différentes associations, mais jusque-là, le ministère de tutelle n'a pas donné satisfaction aux revendications des artistes-peintres.La nécessité d'un marché d'art a été soulignée à plusieurs reprises par les associations artistiques, dans la mesure où il contribue à la promotion de l'art et des artistes, car l'œuvre d'art est un produit qui doit se soumettre à la loi de l'offre et de la demande. Et c'est ainsi qu'on peut mettre fin aux tâches de la Commission d'achat. La majorité des plasticiens tunisiens sont d'avis que le secteur des arts plastiques passe par une crise en Tunisie, malgré l'abondance de la production et le nombre assez élevé des artistes, notamment avec les nouveaux diplômés issus des écoles de beaux-arts, devenues nombreuses en Tunisie. C'est pourquoi un marché national de l'art ouvert sur le monde est devenu une nécessité. H.K