Le Temps-Agences - Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a appelé à l'envoi le plus rapide possible de renforts en Afghanistan face à une "accélération" de la menace talibane, confirmant que le problème afghan est en train de supplanter l'Irak dans les priorités du Pentagone. "Nous travaillons très dur pour voir s'il y a des possibilités d'envoyer des forces armées supplémentaires, et le plus tôt serait le mieux", a souligné M. Gates au cours d'une conférence de presse. Comme pour illustrer le changement de priorités en cours, le chef d'état-major interarmées américain, Michael Mullen, a affirmé le même jour qu'il comptait "recommander au début de l'automne une nouvelle réduction" du contingent américain en Irak, où "la sécurité est indéniablement et remarquablement meilleure". A peine rentré d'un voyage en Irak et en Afghanistan, l'amiral Mullen a en revanche jugé que "la menace" représentée par les talibans en Afghanistan était en train de "s'accélérer", trois jours après la mort dimanche de neuf soldats américains à la frontière afghano-pakistanaise, dans l'attaque la plus meurtrière contre les forces américaines dans le pays depuis 2005. "L'ennemi en Afghanistan est devenu plus audacieux, plus sophistiqué et plus divers", a-t-il affirmé en donnant pour exemple "l'attaque très coordonnée" du week-end. Un général américain en Afghanistan réclame désormais des centaines de nouveaux véhicules blindés résistants aux mines pour équiper ses troupes en Afghanistan contre les bombes de fabrication artisanale, de plus en plus utilisées par les Taliban. Les deux plus hauts responsables du Pentagone ont pointé du doigt la responsabilité du Pakistan dans la détérioration de la situation, en accusant de nouveau Islamabad de ne pas suffisamment garder sa frontière ou chasser les insurgés réfugiés dans ses régions tribales montagneuses, frontalières de l'Afghanistan. "Les insurgés peuvent s'entraîner plus en sécurité dans leurs refuges au Pakistan", "le nombre d'insurgés et de combattants étrangers traversant la frontière avec le Pakistan grandit", et "ce mouvement doit cesser", a martelé le chef d'état-major américain. Interrogé sur la possibilité d'opérations américaines unilatérales à la frontière, sans feu vert pakistanais, M. Gates a entretenu le flou en affirmant que Washington "entreprendrait des actes défensifs" en cas d'attaques. "Au-delà de ça, je ne dirai rien", a-t-il conclu, alors que l'exaspération monte à Washington vis-à-vis d'Islamabad. Le Pentagone qui a déjà envoyé quelque 3.500 Marines en renfort en Afghanistan au printemps, compte désormais 36.000 soldats sur place, mais a jusqu'ici conditionné l'envoi de troupes supplémentaires à une baisse du contingent en Irak. Quelque 150.000 soldats américains se trouvent actuellement en Irak, où les Etats-Unis ont achevé le retrait des cinq brigades de combat envoyées en renfort en 2007. Dans un rare consensus, les deux candidats à la Maison Blanche, le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain souhaitent tous deux une augmentation du nombre de soldats en Afghanistan. Le sénateur de l'Illinois (nord) et celui de l'Arizona (sud-ouest) suggèrent d'y envoyer entre 10.000 et 15.000 soldats supplémentaires, à l'instar de ce que réclament les commandants sur le terrain.