Se voulant, comme sa devise l'y invite, un «carrefour de l'excellence », l'ATUGE, l'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles donne la nette impression d'avoir de la suite dans les idées. En témoignent les thèmes qu'elle retient pour ses Forums ,dont cette 17ème édition qui a permis d'organiser une vaste réflexion sur «le networking, moteur des stratégies gagnantes à l'échelle des stratégies des pays, des entreprises et des compétences». La problématique, la voici telle qu'elle a été posée par le président de l'ATUGE, M Hassen Zargouni : « Sommes-nous vraiment prêts à prendre à notre compte -individuellement et collectivement -une transformation qui s'appuie sur une « networking attitude » généralisée pour une Tunisie compétitive, des entreprises performantes et des trajectoires individuelles de nos compétences épanouissantes et fécondes ? ». L'un des mérites majeurs de cette démarche est d'aider à répondre aux besoins des entreprises tunisiennes , des grands groupes privés et des sociétés publiques qui connaissent actuellement une mutation exigeant un renforcement du staff managérial et technique pour conduire et gérer les changements rendus nécessaires par la compétition mondiale. Cela étant, il est essentiel de savoir précisément ce qu'est le networking ou réseautage Il s'agit d'un outil de mise en relation professionnelle impliquant un ensemble de personnes qui se concertent pour mettre en commun des idées, des informations et des ressources. Dans cette configuration, l'important, c'est le processus, autrement dit, c'est le besoin de communication qui détermine les interrelations et rassemble les individus. Les réseaux se proposent aussi bien d'organiser telle ou telle forme d'entraide que de transformer la société, d'améliorer les conditions de travail, ou encore de partager certaines ressources. Leur structure permet à l'information de circuler beaucoup plus vite, beaucoup plus efficacement, et favorisent beaucoup mieux les contacts humains directs. En économie , semblable outil est essentiel , dans la mesure ou, comme l'a rappelé un panelist, « la politique divise, la culture différencie et l'économie unit » En clair, c'est essentiellement à travers les réseaux que se nouent les partenariats, sont attirés les investissements étrangers et se concluent les transactions. C'est une réalité qui a poussé les pouvoirs publics en Tunisie à favoriser la constitution de réseaux , « outil très efficace » selon les dires de M Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME qui a ouvert ces assises par une allocution dans laquelle il a passé en revue les mécanismes mis en place par la Tunisie pour développer le réseautage, notamment dans l'immatériel. Il a affirmé que c'est grâce au networking que la Tunisie est parvenue à amortir le choc du démantèlement des Accords Multifibres, et, au-delà , accroître ses exportations de textile. Le ministre a précisé que, sur 5000 entreprise tunisiennes acquises au réseautage, 2000 opérant dans la sous-traitance et 1000, disposant de réseaux, comptent parmi les entreprises les plus compétitives de l'industrie tunisienne.
L'apport des expatriés Un ancien ambassadeur de la Grande Bretagne en Tunisie, M Stephen Day a exhorté les entreprises tunisiennes à développer leurs relations avec la City de Londres par le biais des Tunisiens qui y travaillent et qui sont constitués en réseaux au nombre de cinq et qui peuvent apporter des concours très précieux dans la levée des fonds et l'attraction des investisseurs étrangers, non seulement britanniques, mais aussi et surtout internationaux, d'autant que les Tunisiens de la City présentent le rare avantage d'être à la fois arabes, musulmans, arabophones, francophones et anglophones.
Réseautage et lobbying Le réseautage, c'est aussi le lobbying qui, selon un consultant français,M Jean Christophe Adler, a cessé d'être un tête-à-tête entre un acteur économique et l'Etat, et une affaire de grands corps, pour devenir « une activité beaucoup plus ouverte, transparente et donc soumise à des jeux d'influences ». Désormais, a-t-il ajouté, les institutions européennes, les collectivités locales et les médias, sont de grands prescripteurs de l'action , de même que la société civile formée d'associations diverses (consommateurs, patients, syndicats...) ; et toutes ces parties prenantes participent à la décision publique. Sur le plan économique, le lobbying est un gage d'efficacité pour les lois votées en s'assurant que le point de vue des professionnels concernés a été pris en compte, sans préjudice des autres points de vue ni de la fonction d'arbitre ultime qui échoit au politique. Sur le plan éthique aussi , c'est une nécessité pour assurer la transparence du processus et engager la responsabilité des acteurs, a-t-il ajouté.