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« La déclaration universelle véhicule l'idée première que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » Sana Ben Achour, présidente de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates :
Le Temps : Que représente le 10 décembre pour vous en tant que militante des droits de l'homme ? Sana Ben Achour : Il est plus juste et plus conforme à l'esprit d'universalité de parler des droits humains. Mais quoi qu'il en soit, le 10 décembre 1948, date de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, représente pour moi ce moment fondateur de la nouvelle échelle des valeurs à l'échelle internationale et l'acte inaugural à ce qui allait devenir un standard commun. Sa force est dans les principes qu'elle proclame et qui sont pour nous le moteur de l'action : d'une part le principe de non discrimination en raison de la race, de la couleur, du sexe, de la langue, de la religion, des opinions politiques, de l'origine nationale ou sociale, de la fortune, de la naissance, etc. ; d'autre part, la reconnaissance des droits fondamentaux conçus comme des droits universels attachés à la personne comme un attribut propre de l'humain, partout où il se trouve. C'est cette force morale qui fait que la Déclaration Universelle, malgré l'absence de tout caractère contraignant, constitue pour nous, les militantes et les militants, le référentiel de base, et est en quelque sorte la plate-forme philosophique de notre engagement sur le terrain. . . Et qu'inspire pour vous ce 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme ? - 60 ans après sa proclamation, elle reste d'actualité. Les atteintes et les manquements à l'égalité, aux droits et à la citoyenneté sont malheureusement des pratiques durables. En ce 60ème anniversaire, on ne peut que penser à tous ceux, femmes, hommes, enfants, peuples, nations, minorités, qui sont en lutte pour leur indépendance et la reconnaissance de leur dignité. En ce contexte international et national marqué par les autoritarismes politiques, l'ajournement de la démocratie, la montée des conservatismes culturels et religieux, les replis identitaires et de type communautaire, les fermetures des frontières, la valeur de l'argent, la Déclaration Universelle n'en a à mon sens que plus de valeur, elle qui véhicule l'idée première que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
.Qu'en est-il pour la crise de la LTDH et des perspectives de solution ? - Ce que vous appelez la crise de la LTDH et qui est concrètement sa mise en suspens de toute activité est un véritable "dommage" dont on n'a pas encore évalué l'impact. Je considère que la LTDH est un acquis national à préserver et dont on ne peut se passer. Les diverses démarches effectuées et les solutions préconisées sont restées pourtant à ce jour infructueuses. Elles se sont heurtées à des fins de non recevoir. C'est donc une bonne opportunité en ce 60éme anniversaire de la Déclaration Universelle que de lui permettre d'organiser en toute autonomie son congrès, de la laisser trouver dans la concertation entre ses membres les moyens adéquats de reprendre ses activités naturelles pour la défense des droits et des libertés dans notre pays.