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Le syndicalisme face à la crise mondiale
Publié dans Le Temps le 07 - 02 - 2009

La crise mondiale est à nos portes avec ses retombées imprévisibles et gravissimes. Nos officiels osent enfin le reconnaître. Dans le monde, la tempête a déjà fait des centaines de milliers de victimes. Les Etats puissants comptent et escomptent depuis des mois leurs pertes.
Du côté des pays émergents, qui se sont alignés dans leur majorité sur les politiques économiques libérales occidentales et ont souscrit à la mondialisation, on commence à entrevoir le pire. Ce contexte difficile pour tous épargnera-t-il, dans les pays touchés, le mouvement syndical ?
En Tunisie, l'UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) s'est-elle préparée à la crise ? En sortira-t-elle renforcée ou affaiblie ? La Centrale syndicale ne risque-t-elle pas de se trouver contrainte à jouer le rôle de première ligne défensive du patronat et du gouvernement et à défendre ainsi leurs arguments auprès des travailleurs ? Une telle position peu enviable du bureau actuel ne peut-elle pas donner des idées aux « radicaux » de l'Union et à certains syndicalistes opposés aux choix de l'équipe d'Abdessalem Jerad, pour créer les conditions d'une sédition interne, d'une petite révolution de palais ?
Pour en savoir plus sur les défis que l'action syndicale et les syndicalistes du pays doivent relever en ces temps de crise mondiale aiguë, nous avons interrogé deux membres du bureau exécutif de l'UGTT qui n'en sont pas à leur première épreuve et dont la longue expérience au sein de l'organisation ainsi que dans d'autres instances nationales et internationales les a aguerris contre les improvisations de dernière minute et les choix hasardeux face aux grandes récessions. Il s'agit de Abdessalem Jerad, Secrétaire Général de l'UGTT et Abid Briki, Secrétaire Général adjoint chargé de la formation syndicale et de la culture ouvrière.

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Abdessalem Jerad ; Secrétaire Général
« Mieux vaut pour notre pays un syndicat fort plutôt qu'affaibli »
En fait, nous n'avons posé qu'une question au secrétaire général de l'UGTT, à savoir si l'organisation et l'action syndicale d'une manière générale sortiraient de la crise renforcées ou amoindries. Voici ce que répondit notre interlocuteur :
« Nous sommes convaincus que, face aux grandes épreuves de quelque nature qu'elles soient, l'organisation qui ne perd pas ses repères ni ne renonce à ses valeurs, qui anticipe les crises et s'y prépare, qui se met à l'écoute des avis différents sur les meilleurs moyens de surmonter les écueils dressés sur son chemin, une telle organisation ne peut que sortir renforcée. On ne peut pas sortir indemne d'une crise quand on ne s'est pas prémuni contre ses retombées, ou qu'on ait fait une mauvaise lecture de ses tenants et de ses aboutissants. La fragilité de la situation en Europe peut nous être favorable si l'on sait en tirer parti. Nous avons des propositions concrètes dans ce sens, pourvu qu'on nous permette de prendre part à la solution des problèmes au sein des entreprises ou bien à une échelle plus large. Nous estimons par ailleurs que la bonne santé du syndicalisme et des syndicats est tributaire de celle du pays dans son ensemble, en même temps un syndicat fort et libre ne peut que servir l'essor de notre chère Tunisie ! »

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Abid Briki ; Secrétaire général adjoint
« Nous avons toujours mis en garde les autorités contre les retombées néfastes de la mondialisation »
Le Temps : Comment, au sein de l'UGTT, évalue-t-on la situation de la Tunisie dans le contexte difficile actuel ?
A.Briki : « Je dois d'abord rappeler une position de principe qui fut toujours la nôtre en ce qui concerne les choix économiques à adopter dans notre pays: en effet, nous avons à maintes reprises mis en garde les autorités contre les retombées néfastes de la mondialisation et du libéralisme incontrôlé. Nous les avons longtemps prévenues contre les risques d'une politique économique qui repose sur l'apport des grandes places financières mondiales, car il suffit que ces institutions subissent la moindre secousse pour que nous en subissions aussitôt les effets sur le plan économique et social. C'est pourquoi nous ne sommes pas surpris par la crise actuelle que nous avons de toute manière anticipée, par contre nous ne nous attendions pas à ce qu'elle atteigne cette ampleur impressionnante en si peu de temps.

La position officielle minimise les risques
Pour en venir à notre évaluation de la situation en Tunisie, signalons tout de suite que nous nous démarquons de la position officielle qui minimise les risques courus par notre économie suite à la crise. Nous sommes quant à nous persuadés que, compte tenu des nombreux contrats de partenariat qui nous lient à différents pays européens, toute menace sur l'économie de ces pays pèsera immanquablement sur la nôtre. C'est justement pour prévenir et atténuer les dures conséquences de l'actuelle récession sur notre pays que nous avons proposé la création d'une sorte de grande cellule de crise qui réunirait autour de la même table les chefs d'entreprises, les représentants des travailleurs et bien sûr ceux du gouvernement. En même temps, nous avons souligné la nécessité de répandre, à travers le pays, un climat de liberté et de dialogue sans lequel les efforts pour endiguer la crise échoueraient inévitablement.
Concrètement et vu la difficulté dans le contexte actuel de compter sur nos exportations pour redresser l'économie et améliorer le pouvoir d'achat, l'UGTT préconise de miser sur la demande intérieure. Or la promotion de la consommation et de l'investissement intérieurs ne va pas sans une amélioration du pouvoir d'achat des citoyens. C'est ce qui explique le taux relativement élevé des dernières augmentations salariales ; 4,7% c'est peut-être insuffisant aux yeux de certains, mais depuis 1990, on n'a pas fait mieux !
Il y aura bien des licenciements massifs
- Quels sont les secteurs les plus touchés par la crise ?
* « Il y en a beaucoup, entre autres, les secteurs de l'électronique et de l'industrie mécanique, mais celui du textile est le plus affecté. Notre tourisme aussi connaît beaucoup de difficultés : au premier mois de l'année 2009, on a enregistré une baisse de 30% par rapport à la même période de l'année écoulée. Récession tout à fait prévisible et logique puisque chez eux, les touristes potentiels voient leur pouvoir d'achat reculer !
- A l'instar de ce qui se passe un peu partout, il y aura sans doute chez nous des licenciements massifs, des mises au chômage technique, des fermetures d'usines, des dépôts de bilans etc. Quelles solutions préconisez-vous pour faire face à de telles situations nouvelles et concomitantes ?
* « Vous savez, l'UGTT ne détient pas de formule magique ni la clé de tous les problèmes. Notre rôle c'est de contribuer à la solution de ces problèmes, d'y œuvrer efficacement d'abord en s'efforçant de garantir les chances de survie aux entreprises en difficulté afin qu'elles continuent à embaucher les ouvriers dont des milliers de familles dépendent. D'autre part, l'heure est venue pour que l'on crée une caisse de chômage. C'est la seule solution pour adoucir les effets de la crise sur les plus démunis. Il importe également de revoir la politique de l'emploi pour favoriser les régions de l'intérieur. Une autre urgence : donner un nouvel élan aux caisses de sécurité sociale et y rétablir l'équilibre budgétaire afin de garantir à ces organismes vitaux de continuer à fonctionner. Il n'y va pas que de l'intérêt des affiliés, le budget de l'Etat risque aussi de pâtir du déficit de ces caisses.

Grèves ? Nous n'en voyons pas l'opportunité
* La Centrale syndicale continuera-t-elle à appeler à des grèves et soutiendra-t-elle celles décrétées par sa base ?
* « Ecoutez, nous sommes pour le dialogue constructif et contre toute forme d'exclusion visant un quelconque partenaire concerné par la crise actuelle. Nous devons agir de concert pour surmonter l'épreuve et chaque partie doit consentir des sacrifices. La classe ouvrière ne doit pas supporter seule le coût de la crise. Pour les formes de protestation auxquelles nous pouvons recourir, elles sont nombreuses et nous userons de nos droits si l'on nous accule à ces solutions. Mais nous n'en voyons pas la nécessité si toutes les négociations se déroulent dans un esprit de compréhension mutuelle et de réelle volonté de trouver les bonnes issues. D'autre part, il ne faut pas voiler les réalités en informant le citoyen ; celui-ci ne peut plus admettre aujourd'hui qu'on le mène en bateau et qu'on lui dise que notre pays est à l'abri des crises qui secouent le monde. Quand on ne lui cache rien, il se montre plus compréhensif et plus coopératif. Il ne faut pas non plus recourir aux solutions policières en pareilles circonstances, l'expérience a montré leurs limites et leur inefficacité.
- Ne craignez-vous rien de l'opposition qui existe au sein de l'UGTT et qui vous attend au tournant au cas où vous joueriez le jeu du gouvernement et du patronat ?
* « Vous n'êtes pas sans savoir que l'UGTT puise sa force dans la diversité des courants et des mouvances auxquels appartiennent ses adhérents. Depuis le Congrès de Jerba, nous nous sommes attelés à l'instauration de pratiques démocratiques qui excluent toute forme d'abus. Nous militerons toujours pour que les décisions de l'UGTT soient indépendantes et prises après approbation de la majorité. Le jour où l'on cherchera à nous imposer le diktat de n'importe quel partenaire de l'intérieur ou de l'extérieur de l'organisation, nous montrerons comme par le passé que l'indépendance et la démocratie ne sont pas de vains mots pour les syndicalistes authentiques.

Pas de solutions unilatérales
- Oui, mais le risque existe toujours que la direction syndicale se montre trop « compréhensive » à l'égard des patrons et du gouvernement et qu'elle cède devant certains arguments de ces derniers !
* « Certes quand les chiffres avancés par les autres partenaires parlent d'eux-mêmes pour refléter une situation réellement sombre, vous ne pourrez pas nier les évidences. Toujours est-il que notre longue expérience des négociations difficiles nous a appris à ne pas nous laisser faire. En tout cas, dans la crise actuelle, aucune partie n'a intérêt à opter pour les solutions unilatérales, ni à affaiblir d'une quelconque manière le partenaire d'en face. J'ai toujours pensé que l'employeur averti est celui qui dialogue avec ses ouvriers et respecte leurs droits. C'est vrai que les patrons peuvent aujourd'hui seulement et sous la pression des événements, faire appel au conseil de leurs employés ou des représentants syndicaux de ces derniers ; qu'à cela ne tienne, c'est toujours bon à prendre. Un jour viendra où cette concertation ne sera plus l'exception mais la règle !
- Et pour finir ?
*« Le contexte est, je tiens à le rappeler, difficile pour tous. Il n'y a donc pas mieux que le dialogue et la concertation pour sortir de la crise avec le moins de préjudices possibles ! »
Badreddine BEN HENDA


***
A propos du nouveau siège de l'UGTT
Voilà comment se présentera le nouveau siège de l'UGTT pour la construction duquel on collecte encore des fonds. Pourvu que la crise mondiale actuelle ne conduise pas à remettre le projet aux calendes grecques. L'action syndicale pourrait en payer les frais ! L'éparpillement actuel des responsables syndicaux entre ces nombreux locaux de la Centrale disséminés à travers la capitale n'est sûrement pas pour servir « l'Union ». Jusqu'à présent, les syndicalistes ont composé avec cette déplorable dispersion ; espérons que le magnifique nouveau bâtiment soudera encore plus leurs rangs. En tout cas, pour beaucoup d'entre eux, la construction d'un nouveau siège vaut mille fois mieux que la création d'un nouveau syndicat des ouvriers !


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