Le Temps-Agences - En visite hier à Bagdad, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a "remercié" l'Irak pour "avoir pris soin" des Palestiniens vivant en Irak, alors que depuis 2003 plus de la moitié d'entre eux ont quitté le pays pour fuir les violences à leur encontre. "Nous remercions le gouvernement irakien pour avoir pris soin de nos citoyens", installés dans ce pays après l'exil de 1948, a déclaré M. Abbas lors d'une conférence de presse à Bagdad avec son homologue irakien Jalal Talabani. "Le président Talabani considère cela (la question des Palestiniens en Irak) comme un élément de la sécurité en Irak", a ajouté le leader palestinien. "Nous ne sommes pas des étrangers dans ce pays. L'Irak a toujours été au côté de la Palestine et l'armée irakienne a pris part aux affaires palestiniennes", a-t-il dit en référence à la participation de soldats irakiens aux guerres contre Israël depuis 1948. Mahmoud Abbas est arrivé en fin de matinée à Bagdad pour la première visite d'un dirigeant palestinien en Irak depuis la chute en 2003 du régime de Saddam Hussein, dont Yasser Arafat avait été l'un des rares soutiens arabes lors de l'invasion du Koweït en 1990. Après l'invasion américaine de mars 2003, la communauté palestinienne a très vite été la cible des milices chiites qui les accusaient d'avoir été privilégiés par le régime de Saddam Hussein. Selon l'ONU, "sur les 34.000 Palestiniens (vivant, ndlr) en Irak en 2003, on considère que moins de 15.000 sont restés après les attaques répétées dont ils faisaient l'objet". "Les Palestiniens en Irak ont été évincés de force, arrêtés arbitrairement, détenu de manière abusive, publiquement diffamés, enlevés, torturés et tués", estimait le Haut commissariat aux réfugiés (UNHCR) dans un rapport. En février 2007, Mahmoud Abbas avait dépêché un émissaire à Bagdad après avoir dénoncé les "crimes barbares" dont étaient victimes les réfugiés palestiniens en Irak. Des centaines de Palestiniens ont été tués ou sont portés disparus depuis le renversement de Saddam Hussein, selon des chiffres officiels palestiniens. Initialement prévue le 26 mars, la visite de M. Abbas avait été reportée sine die sans explication de l'Autorité palestinienne. Très populaire dans les territoires palestiniens, Saddam Hussein, exécuté en décembre 2006, accordait une aide financière aux familles des martyrs palestiniens et à celles d'auteurs d'attaques suicide anti-israéliens.