A l'horizon 2030, près de la moitié de la population vivra dans les régions souffrant d'une pénurie aigüe d'eau. A l'horizon 2050, il y aura 2.5 milliards de personnes de plus dans le monde et la majeure partie de cette progression vertigineuse interviendra dans les pays pauvres et surtout dans les régions où l'eau est d'ores et déjà rare. A l'horizon 2100, l'ONU prédit que toute l'eau de surface sera consommée. Voilà trois sombres projections qui donnent à réfléchir et surtout à agir. Un constat s'impose : il n'y a pas pour l'instant de guerre de l'eau mais une crise de l'eau. Un échec est annoncé : la notion de droit à l'accès à l'eau n'est pas pour demain. Pourtant l'accès à l'eau reste le nouveau défi du vingt-et-unième siècle. Cette difficulté ne serait pas trop difficile à surmonter avec la volonté politique qui manque. L'eau est malheureusement l'une des causes de plusieurs conflits. Au Darfour, entre le Soudan l'Egypte et l'Ethiopie, entre Israël et ses voisins arabes, entre les pays d'Asie centrale, l'une des régions du globe les plus arides où la culture du coton absorbe beaucoup d'eau, dans les Balkans où une dizaine de pays dépendent du Danube, entre la Turquie la Syrie et l'Iraq qui devraient montrer leur bonne volonté en accordant leur position. Et ce n'est pas tout, l'ONU estime qu'il y a trois cents zones potentielles de conflits pour cause d'eau. Et ce qui est plus grave c'est que les pays en position de château d'eau par rapport à leurs voisins sont plutôt réticents car ils craignent une ingérence dans leurs affaires intérieures. C'est le cas de la Chine en position hydro-hégémonique, c'est le cas d'Israël qui met les palestiniens au régime sec, ceux-ci ne sont pas autorisés à utiliser une part légitime de leurs ressources en eau transfrontalière. Même pour l'eau c'est la loi de la jungle, la loi du plus fort. Et pourtant c'est le début de la vie, c'est la source de vie, c'est la vie. Pour cela elle doit être un droit fondamental. Malheureusement le droit à l'eau, le droit de l'eau, ce droit humanitaire crée polémique, suscite interrogation et pose problème. En 2050 nous serons neuf milliards d'êtres humains alors qu'actuellement nous sommes 6.5 milliards et suivant ce rythme la demande en eau devrait augmenter de 64 millions de mètres cubes par an. Outre les campagnes de sensibilisation qu'il faut organiser à l'échelle nationale, sur le plan international, il faut protéger les ressources en eau, les valoriser, les conserver et même les réutiliser. Que de forums et de conférences internationales ont été organisés pour faire face à cette guerre de l'eau. Pour l'instant on ne manque pas d'eau, on gère mal l'eau et cela est une tonalité alarmiste. L'eau est un grand problème qui pose problème, car il suscite déjà les appétits mercantiles et les tensions sociales. Deux chiffres effrayants : 350 millions d'africains n'ont pas accès à l'eau potable et 3 millions de personnes meurent chaque année des maladies liées à l'eau. On vient de voir la détresse, la panique, la psychose, créées par cette grippe porcine au Mexique et aux Etats-Unis qui se mobilisent à juste titre à tous les niveaux pour freiner cette épidémie. Rien de plus normal mais il ne serait pas normal de ne pas se préoccuper assez de l'avenir de l'or bleu. Au fil des jours et au fil des eaux, l'avenir de l'humanité dépend de cette source de vie.