Ce drame familial survint, il y a quelque temps lors d'une rixe qui éclata entre deux frères, en présence de leur sœur qui intervint en vain pour les séparer et qui fut grièvement blessée, cependant que l'un des protagonistes, passa de vie à trépas. Accusé d'homicide volontaire ainsi que de violences graves, le frère meurtrier comparut dernièrement devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis où il ne cessa de clamer son innocence affirmant qu'il n'avait fait que se défendre, ayant été menacé par la victime qui brandissait un couteau, avec lequel d'ailleurs sa sœur fut blessée. Il faut dire que cela commença par une beuverie que les deux frères organisèrent le jour du drame. Le jeune frère venait à peine de quitter la prison, où il avait purgé une peine de plus de cinq ans. Il était aigri et avait des relations tendues avec sa famille. Il trouvait cependant un soutien auprès de son grand frère, quadragénaire, qui cherchait à l'aider et lui faire oublier les mauvais moments. Sa petite sœur essayait également de le soutenir à sa manière et de le consoler. Mais ce jeune homme était traumatisé, et souffrait de troubles nerveux qui le rendaient constamment sur les nerfs. Il était devenu irrascible et facilement irritable. Pourtant le jour des faits, où les deux frères étaient réunis autour de la dive bouteille lorsque, une dispute éclata subitement entre eux. La sœur, elle même victime de blessures déclara, qu'elle ignorait les causes précises de cette rixe. Elle précisa cependant que la victime avait commencé par demander à son frère la somme de trois mille dinars. Ce qui lui avait été refusé par ce dernier. Etait-ce la raison principale de leur différend ? En tout état de cause, le témoignage de la sœur n'était pas considéré par le juge d'instruction, comme un élément probant, fut-il à charge ou à décharge pour l'accusé. L'accusé déclara pour sa part, qu'au cours de cette rixe , le grand frère était arrivé au paroxysme de la colère. Il tenta par deux fois de le frapper avec le couteau qu'il brandissait sans cesse. Ce fut de cette façon que la sœur a été blessée en s'interposant entre les deux frères frères. Mais le jeune homme menacé, ramassa un gros bâton qui était sur le sol et avec lequel il porta une série de coups à la tête du grand frère. Celui-ci poussa un cri strident puis s'affaissa sur le sol sans connaissance. Transporté à l'hôpital, il succomba quelques heures plus tard, des suites d'une hémorragie cérébrale. Tel était la version de l'accusé qui déclara à la barre qu'il n'avait jamais eu l'intention de tuer son frère qu'il aimait tant, mais qu'il s'était simplement défendu alors qu'il était menacé par la victime. L'avocat soutenant son client, observa que le rapport d'autopsie ne détermine pas le temps que la victime avait passé dans le coma, d'autant plus que les agents de la brigade criminelle avait été alerté plusieurs heures après le drame. Il ajouta qu'il manquait également le dossier médico-psychologique, qui détermine la personnalité et l'état psychique de l'accusé, ainsi que le dossier social renseignant sur les rapports qu'avaient les deux frères entre eux et au sein de la famille. Il conclut à la requalification de l'infraction, les faits ne constituant que des coups et blessures ayant causé la mort sans intention de la donner. Le tribunal mit l'affaire en délibéré.