Lorsque le Tunisien reçoit sa facture d'électricité, ce qu'il regarde en premier c'est le montant qu'il doit payer. Peut-être penserait-il ensuite à lire la date limite de paiement. Ils sont en effet très nombreux à ne jeter aucun coup d'œil sur le détail des consommations ni sur celui des frais dus à la STEG. Pourquoi observent-ils une attitude aussi passive ? Certains ne cherchent pas à savoir parce qu'ils sont convaincus que les comptes de ladite société ne sont quasiment jamais erronés. D'autres sont sûrs de ne rien comprendre aux chiffres indiqués dans les nombreuses petites cases de la facture. Une troisième catégorie de gens renonce à une lecture attentive du document par dépit, en étant certains que quoi qu'on fasse, il faudra payer d'abord et négocier peut-être sans succès par la suite. Pour eux, le citoyen est toujours perdant dans ses litiges avec la STEG. A quoi bon donc réclamer et s'opposer, quand ses agents sont capables de vous convaincre qu'il faut payer l'électricité même sans être branché à l'un des réseaux qu'elle a mis en service. Après tout, nous dit un fonctionnaire à la retraite, on doit s'attendre à tout puisque les tarifs montent ces dernières années sans qu'on en informe les consommateurs. Nous avons en effet appris de la bouche d'une fonctionnaire de la STEG que, l'année dernière, les prix de l'électricité ont été majorés à quatre reprises. La raison est bien simple : c'est relié à la flambée du prix du pétrole. Les tarifs ont-ils pour autant été revus à la baisse après le retour des prix de vente du brut à des seuils raisonnables ? On se pose cette question, comme on l'a d'ailleurs posée pour le carburant. Pour revenir à la facture et à ses multiples cases, précisons d'abord que sur le dos des nouveaux spécimens, existe une série d'explications susceptibles d'aider le destinataire à comprendre le contenu de chaque rubrique. On dénombre en tout 20 références correspondant à 20 compartiments différents de la facture. La formulation des explications est dans l'ensemble simple et claire, mais l'esprit rationnel de certains consommateurs n'est jamais parvenu à comprendre qu'on fasse payer à un citoyen qui n'a pas de téléviseur ni de poste-radio les redevances de la RTT ? Ni pourquoi le montant de cette contribution n'est pas fixe. Les responsables de la STEG répondent le plus simplement du monde : c'est un décret-loi qu'ils ne sauraient discuter, encore moins modifier ou annuler. Idem pour la surtaxe municipale intégrée au montant global de la TVA.
La STEG plus souple et plus crédible ! Parlons plus concrètement et cherchons comment s'effectue le calcul de la consommation du client ? C'est en faisant une opération de soustraction simple : le nouvel index moins l'ancien et l'on obtient le nombre de kwh consommés pendant une période de deux ou de quatre mois. Lorsqu'il s'agit d'une facture intermédiaire, on estime la consommation en fonction de 3 paramètres qui sont la puissance du compteur, le nombre de ses fils et les consommations précédentes. Mais des problèmes surgissent dans les habitations souvent louées à des personnes différentes sur des périodes relativement courtes qui ne permettent pas au programme de l'ordinateur de se fixer sur un montant plus ou moins régulier,puisque la consommation peut varier du simple au double ou au triple d'un ménage à l'autre. Cela donne lieu en effet à des factures " excessives ", mais le problème peut-être résolu immédiatement si le client contacte les services de facturation à temps et fait état des documents prouvant une consommation inférieure. Le fonctionnaire de la STEG que nous avons interrogé assure que sa société se montre désormais plus souple et plus crédible dans ses calculs. " Nous veillons à ce que toute réclamation trouve réponse et solution satisfaisantes pour le client et la société. Le PDG a d'ailleurs fait circuler une note interne allant dans ce sens ". Notre interlocuteur reconnaît néanmoins que les erreurs étaient plus fréquentes avec l'utilisation du programme informatique appelé Alpha, notamment quand dans les cas d'augmentation de puissance du compteur.
Calculs trop compliqués Quels sont les prix pratiqués actuellement pour la consommation d'électricité et de gaz ? Depuis que la STEG a suivi l'exemple de la SONEDE et de l'ONAS et institué les fourchettes évolutives en fonction de la quantité consommée, le prix du kwh est proposé à 93 millimes, à 134 millimes et à 177 millimes. En fait, ces chiffres sont des moyennes obtenues après des calculs complexes que l'agent contacté n'a pas été en mesure de nous expliquer clairement. Ces calculs tiennent compte de plusieurs paramètres dont la puissance de la tension, les différentes périodes de consommations et le prix respectifs du kwh, le type de consommation et le genre de branchement. Au final ce que nous avons pu retenir, c'est qu'une fois ce montant calculé, il faut lui ajouter celui de la TVA équivalent à 12% pour la consommation à usage domestique et à 18 % pour toute autre utilisation. Il va sans dire que tout est calculé d'abord sur la consommation d'un mois puis multiplié par le nombre de mois indiqué sur la facture. Les redevances fixes figurant sur l'avant-dernière case horizontale d'en haut et qui couvrent plusieurs prestations effectués sur les compteurs des abonnés, sont soumises également à la taxe sur la valeur ajoutée à hauteur de 18 % du montant de ces frais fixes lesquels sont prélevés même quand le compteur n'a jamais tourné. L'essentiel étant qu'il soit installé et mis en service ! En plus il y a la taxe principale et les redevances télé-radio.
Bénéfices indus ? Plus bas dans la case réservée à la TVA, il faut savoir que le montant indiqué induit la surtaxe municipale fixée elle aussi par un décret à 3 millimes pour chaque kwh consommé. Cette surtaxe rémunère les prestations de la municipalité dans le domaine de l'éclairage public. Elle est prélevée sur le montant global de la TVA et versée annuellement par la STEG à la trésorerie des municipalités. Venons-en à la contribution RTT : il est précisé en ce qui la concerne qu'on en est dispensé si la consommation d'électricité est inférieure à 25 kwh (un autre agent nous a parlé d'un seuil de 50 kwh). Or c'est aller à contre-sens que de vouloir faire croire qu'il existe des clients qui ne consomment que 25 ou 50 kwh par mois. Il importe de savoir par ailleurs qu'au-delà de 51 kwh et en deçà de 300 kwh, on paie 10 millimes le kwh et quelle que soit la quantité consommée, le citoyen ne doit jamais payer jamais plus de 3 dinars 500 millimes par mois, plus 7 dinars par facture bimensuelle et plus de 42 dinars par an. Concernant la date limite de paiement, elle est soumise à un calcul précis car il faut observer un intervalle de 18 jours ouvrables par rapport à la date de facturation indiquée en haut et à droite de la facture. Mais ces délais sont souvent dépassés et les préavis de coupures se chiffrent chaque année par dizaines de milliers. L'agent de la STEG souligne à ce sujet la compréhension et la souplesse dont font preuve les fonctionnaires chargés d'imposer les mesures réglementaires en cas de non-paiement. Sachez enfin que dans chacune de ses opérations, la STEG arrondit les chiffres dans le sens de la majoration et non dans celui de la réduction. Si de telles opérations se répètent des centaines de fois, par " échéance ", calculez-vous-mêmes les bénéfices réalisés peut-être indûment !