La République, ce terme qui vient du latin "Res Publica" (la chose publique) indique une forme de régime où le despotisme et le pouvoir autocratique d'une seule personne n'a plus droit de cité. C'est la démocratie (demo-Kratos : pouvoir du peuple) qui est préconisée dans ce régime où la responsabilité est partagée entre tous les membres du peuple. Ces derniers délèguent toutefois ce pouvoir à des représentants en qui ils font confiance, par la voie de l'élection. Une élection libre et pondérée afin que leur choix soit judicieux et efficace. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, le terme Joumhouriya en arabe par référence rend mieux à Joumhouri ou majorité populaire la conception de ce régime. D'autant plus que les gouvernants agissent en vertu d'un ensemble de règles qui régissent les rapports entre eux et définissent le champ d'action de chacun avec des tâches précises de sorte qu'aucun d'eux ne puisse empiéter sur le domaine de l'autre Montesquieu émerveillé par le régime de monarchie constitutionnelle en Angleterre observe qu'avec la division des tâches définies dans la constitution, les gouvernants agissent de concert, par le système de frein et de contrepoids déterminé par les domaines exécutif, législatif et judiciaire. Chacun de ces domaines est confié à des représentants du peuple pour mieux gérer les affaires politiques du pays. Le régime avait été revendiqué depuis longtemps en Tunisie par les différents militants qui dénonçaient les injustices ayant sévi pendant des siècles. Les gouvernants qui s'étaient succédés furent pour la plupart des despotes qui ne se souciaient guère de l'intérêt du peuple. Après avoir subi les exactions des multiples monarques sanguinaires dont l'intention première était de spolier les richesses du pays, et ce, depuis El Moëz Lidin Allah Al Fatimi qui abandonna le pays aux hilaliens, en passant par Sinan Pacha qui chassa les Espagnols de Tunisie mais permet l'établissement de l'hégémonie ottomane. Ce fut cette dernière qui installa les Beys, sorte de janissaires afin de les représenter en Tunisie, celle-ci étant considérée comme une province du Levant. Leurs pouvoirs était limité aux affaires internes du pays, mais étaient sous la tutelle des Sultans Ottomans qu'ils devaient consulter pour tout ce qui touchait à la politique extérieure. Il n'en reste pas moins que ces régents n'avaient cessé de se disputer le trône qui les intéressait pour les fastes et les avantages tant d'ordre matériel que moral. Des batailles et des tueries avaient finalement abouti à l'intronisation de Hussein Ben Ali né en Tunisie de mère Keffoise, et qui fonda la dynastie husseïnite. Les Beys husseïnites s'étaient peu à peu détachés du joug de l'empire Ottoman afin de gouverner en monarque absolu. Ce fut par leur désintéressement total de l'Intérêt du peuple que le pays est passé par des catastrophes de tout ordre. Des membres de gouvernement rapaces et véreux, avaient commis plusieurs malversations allant même jusqu'à dévaliser la trésorerie et provoquer, notamment sous le règne de Sadok une vraie faillite. Des réformistes tel que le ministre Kheireddine ou l'historien Ahmed Ibn Abi Dhiaf avaient dénoncé cette situation, mais ne parvinrent point à y remédier notamment à cause d'un Bey devenu totalement impotent et ouvrant une brèche aux colonisateurs qui au départ se disputeront le gâteau, mais qui finirent par le laisser à la France, qui put occuper facilement le pays en faisant signer, manu miltari un acte fantoche à savoir le traité du Bardo en mai 1881 instituant un protectorat qui en fait est une colonisation en bonne et due forme. Ce fut pour cette raison, qu'à l'avènement de l'indépendance en mars 1956, les nouveaux membres du gouvernement dont Bourguiba était le premier ministre avaient opté pour l'abolition du régime Beylical. Ce fut le 25 mars 1956 qu'avaient été élus les membres de l'assemblée constituante qui allait parachever la souveraineté et la mise en place des fondements de l'Etat. Un état démocratique et moderne. Les listes étaient constituées. Elles étaient représentées par le Néo Destour et les organisations alliées soit l'UGTT, l'UTICA et l'UNA (organisation agricole) ainsi que de quelques indépendants. Le 22 juillet 1957 le bureau de l'assemblée nationale constituante se réunit sous la présidence du leader Bourguiba, en vue de l'examen du système du gouvernement. Une réunion de l'assemblée fut fixée pour le 25 juillet 1957. Ce fut au cours de cette réunion présidée par Jallouli Farès que fut débattue la forme du régime à instaurer en Tunisie. Bourguiba alors premier ministre du Bey, prit la parole pour faire l'apologie du régime républicain. Il n'était pas question d'opter pour une monarchie constitutionnelle le régime beylical devait être totalement aboli. Le 25 juillet la République est née. La Tunisie recouvra ainsi son entière souveraineté.