A l'horizon 2011-2012, la Tunisie «produira» 7000 ingénieurs. Il s'agit donc de doubler les effectifs qui plafonnaient, l'année universitaire 2007-2008 à 3135 ou encore 4510 diplômés-ingénieurs (formés en Tunisie et à l'étranger), en 20087-2009, dont 31% dans le secteur de l'informatique et des télécommunications et 16% dans le secteur agroalimentaire. Soit nettement mieux qu'en 1987, avec 666 ingénieurs, sortis de nos «fabriques» nationales, 17 écoles d'ingénieurs et une de plus à Bizerte qui ouvrira ses portes durant la nouvelle année universitaire 2009-2010. La ferme volonté de promouvoir la profession d'ingénieur en Tunisie et d'assurer une formation de haut niveau dans ce domaine, découle du besoin de ces compétences pour soutenir le développement industriel et technologique. Mais le spectre du chômage continue de planer sur nos diplômés fraîchement émoulus de leur école, sachant que le coût de formation (à la charge de l'Etat) d'un ingénieur dépasse de loin celui d'un étudiant dans une autre spécialité. «Si les sociétés européennes ne sous-traitent pas encore (suffisamment) des activités plus pointues dans le secteur de l'informatique, par exemple, c'est parce que nous n'avons pas d'ingénieurs en quantité convenable », constate M.Béchir Mabrouki, gérant d'une entreprise off-shore spécialisée dans le web, lors d'un séminaire organisé, lundi, à la Cité des Sciences, à Tunis, sur le thème "Formation des ingénieurs : nouvelles tendances". Et d'ajouter «Le développement de software, de logiciels professionnels, qui profite tant à l'Inde, par exemple, n'est pas encore d'actualité. Les experts ne sont pas assez nombreux, et les formations ont (un peu) du mal à suivre».
Besoin des entreprises économiques en ingénieurs Des directeurs d'écoles françaises d'ingénieurs, présents à cette rencontre, ont également confirmé le besoin des entreprises économiques en ingénieurs, d'où l'enjeu de créer une synergie entre les écoles d'ingénieurs et les entreprises économiques en vue d'enraciner une culture entrepreneuriale, mieux associer les professionnels aux programmes et activités pédagogiques ainsi qu'à l'encadrement et à la préparation des étudiants aux métiers de demain. M. Lazhar Bououni, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie , a mis l'accent sur les efforts déployés pour Il s'est félicité de la coopération fructueuse tuniso-française dans ce domaine, coopération concrétisée par la signature de plusieurs accords dont celui conclu entre l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis (ENIT) et l'école française des techniques avancées (ENSTA), accords visant à promouvoir la codiplomation et la formation d'ingénieurs conformément aux standards internationaux. M. Serge Degallaix, ambassadeur de France en Tunisie, a rappelé la contribution de la France à la création de l'INSAT (Institut national des sciences appliquées et de technologie) et le soutien apporté aux classes préparatoires de l'IPEST (Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques), soulignant que 1500 élèves-ingénieurs poursuivent leurs études en France, soit 15% des étudiants tunisiens établis dans ce pays. Ils sont 135 Tunisiens ayant intégré cette année les grandes écoles d'ingénieurs (ENPC,....). En Tunisie, le nombre de bacheliers orientés vers les classes préparatoires a évolué de 5000, en 2002, à 6400, en 2008-2009. Ils sont 7500 nouveaux bacheliers inscrits en 2009-2010 à la première année du cycle de formation d'ingénieurs. En juillet 2009, le nombre d'admis dans les concours nationaux d'accès aux études d'ingénieurs a atteint quelque 3400 contre 3168 admis, une année auparavant. En comparaison avec d'autres pays, la Tunisie comptait 36,8 ingénieurs diplômés pour 100 mille habitants (86,5 en France et 164,9 en Corée) selon les statistiques de l'OCDE de 2006). Ces chiffres sont passés à 43,7 pour 100 mille habitants, en Tunisie, en 2008.
Le modèle français est-il toujours efficace ? Selon certains participants le système tunisien, largement inspiré du modèle français, connaît donc aujourd'hui quelques limites. Ce qui n'est pas tout à fait surprenant, dans la mesure où la France elle-même fait face (depuis longtemps) aux mêmes problèmes. Dont notamment la difficulté à réaliser la jonction entre marché du travail et universités, entre besoins réels de l'économie et formation académique. Or le modèle français n'est pas unique. Des puissances économiques comme l'Allemagne, la Suisse , parallèlement aux filières strictement académiques proposent aussi des formations, intrinsèquement liées au monde du travail. D'ailleurs, M.Yannick Prost, conseiller adjoint à la cellule Union pour le Méditerranée de l'Elysée, a appelé tous les pays adhérents à l'UPM à développer dans cet espace les diplômes conventionnés, les master en cotutelle, la création de master en codiplomation, l'aménagement en partenariat d'instituts méditerranéens et l'aide à la mobilité des enseignants et des étudiants. Ceci n'étant possible, a t-il précisé, qu'à travers la consolidation aussi bien de la coopération bilatérale que la coopération multilatérale en mettant en place un cadre juridique approprié et des mécanismes de financement, citant l'exemple du Maroc qui vient de créer une université et un institut méditerranéen.