Le compte à rebours vient de commencer. Plus que quelques jours nous séparent de l'Aïd Ességhir. Les magasins, les centres commerciaux sont animés par la fièvre du shopping ; mêmes les trottoirs sont pris d'assaut par ces vendeurs occasionnels qui posent leurs étalages pleins à craquer de produits importés, au point qu'il est difficile de se frayer un chemin entre les tas de marchandises exposées à même le sol. A Tunis comme dans toutes les villes du pays, une ambiance s'installe dans les rues commerçantes où la foule d'acheteurs et de promeneurs déferle chaque soir juste après avoir regardé leur feuilleton favori (tunisien ou arabe, cela dépend !) en se ruant sur les commerçants qui viennent d'ouvrir leurs portes ; mais il y a aussi ceux qui boudent ces séries ramadanesques qualifiées de niaises et de stupides et préfèrent sortir juste après la rupture du jeûne pour prendre leur temps à faire leurs emplettes de l'Aïd. Que peut-on trouver chez ces vendeurs ? Tout ce qui provient de l'étranger, de Chine, de Taiwan, de Turquie et de libye. Des vêtements et des chaussures? Il y'en a à profusion ! Des gadgets électroniques et des jouets ? Ils s'y trouvent à volonté ! Mais ces marchandises sont-elles d'une qualité satisfaisante ? Les clients sont-ils assez conscients des risques encourus en se ruant sur de tels produits ? Certains parents que les devantures des boutiques n'attirent guère, se dirigent vers les étalages installés sur les trottoirs pour subvenir aux besoins de leurs enfants en matière d'habillement et de jouets pour l'Aïd. " Là, les prix sont au moins abordables, nous a confié un chef de famille accompagné de ses trois enfants, on sait pourtant que la qualité n'est pas assez bonne ; l'essentiel est de procurer à son enfant un habit neuf qu'il va enfiler le jour de l'Aïd et au moins un jouet ! La marchandise des boutiques est sans doute d'une qualité supérieure, mais ce n'est pas à ma portée ! " Là, les trottoirs regorgent de produits importés et les vendeurs n'arrêtent pas de vanter leurs marchandises en criant et chacun a sa propre stratagème pour attirer les clients. Salah, l'un de ces vendeurs achalandés semble avoir des notions sur l'économie mondiale et la crise économique : " Ce que nous vendons, ce n'est pas de la merde comme certains le croient, c'est de la marchandise importée à bas prix, donc, elle est écoulée à bas prix ; c'est la crise économique mondiale qui a fait baisser les prix dans le monde.Vous voyez le trottoir est inondé d'acheteurs et chacun trouvera son compte ! Par ce temps de crise, le consommateur ne demande que des produits bon marché! "La même analyse nous a été faite par un autre vendeur de jouets qui nous a lancé: "vous ne trouverez meilleurs prix nulle part. Allez voir combien coûte une poupée pareille dans un magasin de jouets ! Une poupée géante comme celle-ci à 10 dinars, c'est inconcevable! Tenez, ces pistolets à amorces qui émettent des détonations très rapides en crachant des feux; on dirait que c'est de vrais pistolets ! Et pourtant ça ne coûte que 5 dinars ! Et puis, ici, on peut toujours négocier le prix avec le client". Décidément, il n'y a pas d'analphabètes ni d'illettrés parmi ces vendeurs; on y trouve des intellectuels, des étudiants, des hommes bien cultivés et surtout bien habiles en matière de commerce qui savent comment leurrer leurs clients pour écouler leurs marchandises. Faouzi, un jeune vendeur encore nouveau dans le métier, nous a informé sur les risques de ce métier : "Dans ce secteur, il y a toujours du boulot, mais le seul problème demeure la police municipale qui nous traque sans cesse et les propriétaires des magasins qui râlent tout le temps contre ce genre de commerces, prétextant que nous leur faisons de la concurrence et que nous ralentissons leur activité commerciale! Cela se comprend! Mais, eux, ils travaillent toute l'année; mais notre commerce n'est qu'occasionnel! " La qualité laisse à désirer Côté clients, le but étant de se procurer les besoins de l'Aïd à prix modérés, sinon à bas prix, tant que la bourse n'est pas bien garnie. Ils ne sont pas assez vigilants lorsqu'ils achètent ces jouets de pacotille à leurs enfants. Cependant, un produit importé n'est pas toujours synonyme de bonne qualité, d'autant plus que la marchandise vendue sur les trottoirs provient des pays asiatiques et dont la qualité, la fabrication, la matière ne répondent pas complètement aux normes internationales, d'où la défectuosité de certains produits et leur nocivité sur la santé du consommateur, de part les matières premières et les ingrédients utilisés lors de la fabrication de ces produits. L'on se rappelle du boycottage fait par certains pays occidentaux il y a quelques années sur les jouets provenant de la Chine, à cause d'une matière toxique utilisée pour la fabrication de ces jouets. Pourtant, ces mêmes jouets interdits en Occident continuent à circuler chez nous mettant la santé de nos enfants en péril ! Il est vrai que le commerce de ces produits est sous le contrôle commercial et sanitaire, mais ils se vendent encore et toujours malgré tout. Allez demander à un vendeur si ces jouets suspects portent des marques connues, ou s'il a une idée sur la matière dont est faite telle peluche ou telle poupée ; vous ne serez pas honnêtement renseignés, car ces produits ne sont pas toujours munis d'une notice d'emploi qui décrit convenablement le produit, donne en détails ces composantes et fournit les mises en garde lors de l'utilisation de ces produits ; et si jamais cette notice existe, elle est souvent rédigée en chinois ou dans une langue incompréhensible. Beaucoup de produits mis en vente sur les trottoirs (jouets, appareils électroniques, vêtements...) portent le marquage CE qui soi-disant signale que leur fabrication correspond aux normes de la Communauté Européenne ; or ce n'est en réalité qu'un marquage bidon, qu'un leurre. Aussi faut-il redoubler de vigilance avant d'acheter ces produits de qualité douteuse.