* Faute d'un encadrement adéquat, il est difficile de concilier études et sport * Un pensionnaire coûte en moyenne de 1000 dinars par mois La mode qui prévaut actuellement du côté de la presque majorité de nos clubs est cette tendance à l'implantation des centres de formation : Du en veux tu en voilà en quelque sorte ! En valeur intrinsèque, en théorie, l'initiative serait des plus louables car très rentable à plus d'un titre et à plus ou moins longue échéance : Former des jeunes sur des bases scientifiques reviendrait à atteindre une autosuffisance certaine de nature à mettre un terme aux spoliations en devises des ressources des clubs et par ricochet de l'état en recrutant généralement aux prix forts des mercenaires nullement attachés et imbus des couleurs du club et se prélassant le plus clair de la saison soit chez eux dans leur pays natal, passant outre les rappels à l'ordre de leur bureau, soit à se la couler douce en spectateurs désintéressés voire ennuyés sur les gradins manquant de sommeil suite à des nuits blanches et copieusement arrosées. Sans omettre de souligner l'opportunité que fournirait le centre de céder à l'étranger des valeurs sûres et au talent certain d'où l'inversement de la tendance, entendre des caisses conséquemment renflouées. Il nous a été donné de côtoyer de très près des jeunes appartenant aux différents centres du pays (du nord au sud en bifurquant par le centre et le sahel). Pratiquement tous à quelques rares exceptions présentent un profil similaire, souffrent de carences identiques. Ce qui nous a contraint à user sciemment du conditionnel. Car la réalité du vécu est souvent à des années lumière de ce que prônent et claironnent pompeusement certains présidents lors des AG, ou devant les médias bilans à l'appui.
DES ETUDES EN REGRESSION La plus grosse plaie dont souffrent surtout les parents de ces gosses, c'est incontestablement l'inquiétant recul qu'accusent les enfants sur le plan études. Classés parmi les premiers avec de fortes moyennes chez eux, ils ne parviennent désormais que rarement à flirter avec les bonnes notes ; le dépaysement, le changement de lycées, la relative liberté nouvellement acquise qu'ils ne gèrent que difficilement, les mœurs autrement plus faciles qu'au bled, la notoriété subite auprès de la gente féminine du collège surtout s'ils s'amènent sanglés dans des survêts arborant les couleurs du club phare de la région, et surtout la difficulté matérielle de pouvoir réviser au soir. Ces jeunes s'entraînent à partir de 18 heures quand ils parviennent à squatter une parcelle de terrain disponible ; les moins lotis (la catégorie junior) ne regagnant la chambre qu'aux alentours de 22 heures. Un brin de causette par ci, l'inévitable et non moins interminable séance de téléphonie mobile (appels-SMS), et les révisions d'être renvoyées aux calendes grecques, avec comme corollaire, des moissons scolaires dérisoires. Normal, dirions nous puisque livrés à eux même sous la houlette d'un jeune surveillant manquant de charisme, d'autorité. Mais nous ne devons point passer sous silence les performances de quelques uns, sérieux et très studieux, parvenant à concilier sport et études avec brio. Bien que l'année dernière, le centre de formation de l'espérance a réalisé 100% de succès au bac. Performance rarissime.
LA NOURRITURE Même son de cloche, chez tous les sportifs, seniors compris et c'est archi connu, tous abhorrent les menus sportifs : salades, pâtes et viande blanche. Si les joueurs de l'équipe fanion sont relativement gâtés, les jeunes ne le sont nullement, jouant les faire valoir et se gavant de sandwiches douteux en journée tout en s'aidant de l'inévitable boite magique d'harissa pour neutraliser le goût insipide des pitances servies dans la cantine du centre. D'où un gain excessif de kilos et une baisse sensible du rendement.
LES RECRUTEMENTS Est il logique qu'une armada de pensionnaires séjourne au centre, revenant en moyenne au club à la bagatelle de 1000 dinars / mois le gosse, et n'étant pas susceptible de figurer sur la feuille de match pas même en qualité de remplaçants? Qui les a recrutés et selon quels critères ? Pourquoi continuer à les entretenir, ne vaudrait il pas mieux les libérer et épargner au club des pertes sèches d'argent ? Mais la vrai question est la suivante : qui oserait le faire...et quand bien même, serait il écouté, suivi ? Ne mettrait il pas ainsi en péril sa planque bien au chaud, en récusant tel ou tel gamin ?
LES LAISSES INJUSTEMENT... POUR COMPTE Durant mais surtout après chaque match et où que vous soyez, de Tabarka à Ras Jedir, vous assisterez inéluctablement à la même scène stéréotypée : des gosses en pleurs au bras de paternels dans tous leurs états jurant leur grand Dieu que certains dans l'équipe rentrante ne méritent nullement cette titularisation, et que les ignorés ont été injustement éliminés sur intervention expresse de tel ou tel parent ayant le bras autrement long. Ces parents réclamant à cor et à cri les " papiers " de leurs enfants pour qu'ils aillent monnayer leur talent ailleurs. Le pire, c'est que dans bien des cas, ces réclamations sont grandement fondées !
LA COHABITATION Hautement influençables, les gamins de 13-14 ans vouent une admiration sans bornes à leurs aînés, qui sont en quelque sorte leurs modèle. Il est donc naturel qu'ils s'en rapprochent dans le dessein de gagner leur amitié et sympathie. Discrètement surveiller tout ce beau monde hétérogène avec doigté, tact mais vigilance ; un exercice certes de haute voltige qui requiert des encadreurs à la compétence confirmée et à la personnalité forte...imposante.
