Les compagnies tunisiennes de transport, la Garde nationale et la Police de la circulation se mobilisent pour que l'Aïd se passe sans drames. En fait, ils ne fêteront pas l'Aïd pour que nos concitoyens puissent le faire dans la piété et dans l'allégresse. Or, le spectre de la mort rode sur nos routes. Hier, déjà, le drame sur la route entre Monastir et Ouerdanine a frappé de stupeur tous les Tunisiens. Sans spéculer, ni se prononcer sur les causes du drame, on ne peut pas tout mettre sur le compte de la fatalité elle seule Les drames peuvent se produire à tout moment et partout, aujourd'hui, parce que des chauffards (privés, louagistes, ou autres), se livrent à une course contre la montre, parce que des « transporteurs clandestins » roulent à tombeau ouvert, détournant la vigilance des autorités, parce que l'empressement de rentrer au « Bled » dégénère en bousculades, en batailles rangées pour se payer une place dans un louage au chauffeur irascible, et dont le pied ne décolle pas du champignon. Une fête religieuse est un moment de communion ; un élan de don de soi aussi ; une pensée à tous ceux qui sont nés du mauvais côté de la barrière ; une occasion enfin de raffermir ce sens de la solidarité sur lequel est bâtie la citoyenneté tunisienne. Malheureusement, sur nos routes, les brebis galeuses remplacent les moutons égorgés alors que la ruée sur les boissons enivrantes détourne, chez certains adeptes de Bacchus, l'Aïd de sa vocation fondamentale. Nous ne saurions dire qui a dit que s'il y a tant de morts dans les cimetières c'est qu'il y a toujours plus de vivants, mais le souhait c'est que personne ne meure bêtement, et que l'on reste sobre.