Le Temps-Agences- Le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr Al-Kourbi a réaffirmé hier que son gouvernement était prêt au dialogue avec Al-Qaïda et qu'il attendait de la conférence de Londres une aide au développement pour combattre la violence dans le pays. "Le dialogue est le meilleur moyen de résoudre les divergences avec les Houthis (rebelles chiites) et Al-Qaïda s'ils déposent les armes et renoncent à la violence et au terrorisme", a déclaré Kourbi, reprenant l'idée du dialogue avec Al-Qaïda avancée par le président Ali Abdallah Saleh. "S'ils continuent à commettre des actes de violence et de terrorisme, nous ferons de notre mieux pour les en dissuader car ils constituent une menace pour le Yémen et pour la sécurité internationale, notamment Al-Qaïda", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Le président Saleh avait déclaré samedi être prêt au dialogue avec la branche d'Al-Qaïda au Yémen si elle acceptait de déposer les armes. Le porte-parole de la Maison Blanche a affirmé lundi que le président du Yémen avait la confiance des Etats-Unis dans son "combat contre l'extrémisme", sans commenter directement les déclarations de Saleh. Les autorités yéménites ont intensifié leur campagne depuis décembre contre Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), qui a revendiqué l'attentat manqué du 25 décembre contre un avion de ligne américain. Kourbi a cependant estimé que l'option militaire n'était "pas le seul moyen" pour vaincre Al-Qaïda, ajoutant que la communauté internationale devrait "revoir son approche" dans sa "lutte contre le terrorisme qui a échoué après une expérience de près dix ans". Au Yémen, "nous devrions éviter de répéter les erreurs d'autres pays", a-t-il encore dit en allusion à l'Afghanistan. "Il est de notre responsabilité de nous assurer que la lutte contre le terrorisme et Al-Qaïda préservera aussi l'intégrité territoriale et la sécurité du Yémen", a-t-il poursuivi. Un influent islamiste yéménite, cheikh Abdelmajid Zendani, soupçonné par Washington de soutenir le terrorisme, avait assimilé lundi une éventuelle intervention américaine au Yémen contre Al-Qaïda à une "occupation militaire" qui provoquerait un soulèvement populaire. Le Yémen, l'un des pays les plus pauvres de la planète et qui est confronté à un renforcement d'Al-Qaïda mais aussi à une rébellion chiite dans le nord du pays et à un mouvement séparatiste dans le sud, nourrit beaucoup d'espoirs quant à la conférence internationale de Londres, a indiqué M. Kourbi. Il a espéré que "cette conférence favorisera une approche stratégique qui aidera le Yémen à se développer et à combattre le terrorisme". Une telle approche peut, selon lui, "aider le Yémen à régler ses problèmes de développement qui sont (...) à l'origine de plusieurs problèmes politiques". En revanche, "le gouvernement n'acceptera rien qui puisse nuire à sa souveraineté", a-t-il dit en réponse à une question sur les risques pour le Yémen de se placer de nouveau sous "un protectorat" occidental. Le Premier ministre britannique Gordon Brown avait appelé à la tenue d'une réunion internationale sur la lutte contre le terrorisme au Yémen le 28 janvier à Londres. Par ailleurs, le chef de la diplomatie yéménite a annoncé que les autorités négociaient la libération de cinq Allemands et d'un Britannique enlevés depuis six mois et retenus en otages à Saada, fief de la rébellion chiite dans le nord du Yémen. Les cinq Allemands, un couple et trois enfants, et le Britannique sont retenus en otages depuis juin. Les cadavres de deux Allemandes et d'une Sud-Coréenne, kidnappés en même temps qu'eux, avaient été retrouvés peu après leur enlèvement.