Le Temps-Agences - Les Etats-Unis et une vingtaine d'autres pays se sont retrouvé hier à Londres pour une réunion visant à mieux aider le Yémen à lutter contre la menace d'Al-Qaïda, après l'attentat manqué contre un vol Amsterdam-Detroit le jour de Noël. Dans cette réunion au niveau ministériel vise à assurer la stabilité du Yémen et à éviter que ce pays ne devienne un havre pour le terrorisme. Y étaient représentés la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, ainsi que l'Union européenne, les pays voisins du Yémen et le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le but affiché est de permettre "aux pays amis" du Yémen de l'assurer de leur solidarité dans son combat difficile contre le terrorisme après l'attentat manqué du jour de Noël. L'auteur de l'attaque, le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, aurait été entraîné et "équipé" au Yémen par l'organisation Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Dans un message audio diffusé dimanche, le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden a revendiqué cette tentative d'attentat et menacé les Etats-Unis de nouvelles attaques s'ils poursuivaient leur soutien à Israël. Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a souligné dimanche que l'importance du Yémen "avait augmenté sur notre radar depuis un an et demi à deux ans", la tentative d'attentat à l'explosif sonnant définitivement l'alarme. Le Yémen, secoué par une rébellion dans le nord et un mouvement sécessionniste dans le sud, fait figure de sanctuaire pour les islamistes. Sa situation économique alimente également les extrémismes: pays le plus pauvre du monde arabe, le Yémen fait face au déclin de ses réserves pétrolières qui représentent 75% de ses revenus. La réunion de Londres devait se concentrer sur "les moyens d'aider le gouvernement yéménite à améliorer la sécurité, à supprimer Al-Qaïda et à promouvoir le développement social et économique", a souligné une porte-parole du Foreign Office. Dans un discours prononcé mardi soir à Londres, le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abou Bakr Abdallah al-Kourbi, a appelé à une "déclaration claire soutenant le gouvernement yéménite". "Nous souhaitons avant tout un engagement sur le développement (et) sur le renforcement de nos capacités contre la radicalisation, notamment de notre unité antiterroriste", a-t-il déclaré. En 2006 une conférence de pays donateurs pour le Yémen s'était déjà tenue à Londres, débouchant sur la promesse de 5 milliards de dollars d'aide. Mais l'aide des pays du Golfe notamment est loin d'avoir été intégralement versée, et une nouvelle conférence consacrée au suivi pourrait se ternir le mois prochain à Riyad, selon le quotidien britannique The Guardian d'hier. La fenêtre d'opportunité pour le développement du Yémen est en train de se fermer, a souligné Ginny Hill, experte du centre de recherches en relations internationales Chatham House à Londres. "L'instabilité future au Yémen pourrait s'étendre (pour former) une zone de non droit depuis le nord du Kenya, à travers la Somalie, le golfe d'Aden, jusqu'à l'Arabie saoudite", prévient-elle dans une note d'analyse. Et "la piraterie et l'extrémisme islamiste pourraient dégénérer avec des implications pour le transport maritime, le transit de pétrole vers le canal de Suez et la sécurité des pays voisins du Yémen", explique-t-elle.