La première secrétaire du parti socialiste français a le vent en poupe ces dernières semaines. Confortée par les sondages, elle est considérée comme la meilleure opposante au président Nicolas Sarkozy. Les temps où elle était sérieusement bousculée par la concurrence de l'ex-candidate à la présidence, Ségolène Royal, semblent bien révolus. Elle est désormais la patronne incontestée de son parti. Dans les milieux politiques en France on n'hésite pas d'affirmer qu'elle se place dans la perspective 2012, celle des élections présidentielles. Une idée qu'elle essaie d'écarter, mais au vu de son activité et ses prises de position, il ne fait pas de doute qu'elle lorgne l'Elysée. A droite, elle est aujourd'hui, la cible des critiques les plus acerbes. A ce ne peut être que le fait d'un hasard si elle est dans le viseur de la majorité au pouvoir, dont la locomotive, l'U.M.P n'est pas au mieux de sa forme à deux mois des élections régionales. De même le président Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages. Politiquement la droite est dans l'expectative, voire dans une position peu confortable en raison du débat sur l'identité nationale qui ne fait d'ailleurs pas l'unanimité au sein de cette même majorité. Voulu par Nicolas Sarkozy, orchestré par Eric Besson (un transfuge du P.S), ce débat est bien mal perçu par une majorité de Français qui nourrissent des doutes quand aux réelles intentions de ses initiateurs. Et à ce moment bien précis, Martine Aubry a sorti son " chiffon rouge ",selon les termes de plus d'un dirigeant U.M.P, celui du droit de vote aux étrangers. A vrai dire, la secrétaire nationale du P.S, n'a fait qu'exhumer une idée vieille de presque trente ans. C'est l'ancien président François Mitterrand qui était à l'origine d'une telle proposition avant qu'elle ne soit abandonnée. Mais est restée d'actualité au point que l'actuel président, du temps où il était ministre de l'Intérieur, en avait fait sienne. Récemment, son ministre de l'identité nationale avait émis le vœu de la promulgation d'une loi autorisant les étrangers à voter pour le choix des élus locaux, avant de faire marche arrière. Et Martine Aubry ne pouvait rater une si belle opportunité pour remettre le sujet sur la table et affirmer que la gauche est prête à voter une telle loi, mettant dans l'embarras, le président et sa majorité. Une majorité qui, une fois de plus, n'est pas sur la même longueur d'onde dans la mesure où plusieurs ténors sont favorables à un tel droit. Le moment choisi par la première secrétaire du P.S n'était pas fortuit. La brèche étant ouverte, Aubry n'a fait que s'y engouffrer pour désarçonner davantage ses adversaires politiques qui peinent à faire accepter leur débat et sont sur la défensive dans la campagne des régionales où les risques d'une défaite retentissante n'est pas du tout exclu. Par ailleurs, les sondages effectués auprès des Français, montrent qu'une majorité d'entre-eux estiment que les étrangers ont le droit d'avoir leur mot à dire dans la gestion des affaires locales, notamment dans les communes. Le débat est déjà ouvert et Martine Aubry en fait déjà son cheval de bataille dans la campagne des régionales et pourra à moyen terme servir ses desseins, si la droite persiste dans sa position de refus. La balle en tous les cas est dans son camp.