Le handball est le violon d'Ingres de Sayed Ayari. Un sport qu'il a pratiqué depuis sa tendre enfance en tant que joueur dans plusieurs équipes. Avant d'embrasser la carrière d'entraîneur. Et là, où il est passé, il n'a laissé que d'excellents souvenirs notamment en Equipe nationale où, aux côtés de son compère Saïd Amara, il a réussi d'excellents résultats qui sont restés dans les esprits. Depuis le 2 janvier, 2009, il est de nouveau à la Direction technique nationale de la FTHandball. Une seconde expérience dans cette même tâche. Une tâche ingrate pour Sayed Ayari connu pour son franc parler au risque de constituer une cible privilégiée pour ses détracteurs. Sayed Ayari nous entretienT ci-après de ce qu'on attend de lui et des solutions à apporter à travers son projet de programme étalé sur quatre années, un cycle olympique. Interview. • Le Temps : Et si l'on commençait par ce sacre fraîchement ramené du Caire. A tête froide, comment jugez-vous ce retour au sommet du handball africain ? -S.Ayari : Personne n'a émis le moindre doute sur ce sacre qui est de l'avis de tous amplement mérité. Un sacre acquis dans un contexte particulier. C'est une équipe tunisienne totalement métamorphosée qui a terminé sur la plus haute marche du podium. Alain Portes a su exploiter le potentiel humain mis à sa disposition en commençant dans un premier temps à assainir l'ambiance avant de donner aux plus jeunes parmi les joueurs une chance à saisir. Ce titre est venu à temps pour effacer les mauvais souvenirs accumulés depuis notre brillant parcours au Mondial 2005 en Tunisie dont je citerais entre autres, les dérapages en Angola, en 2008, et le flop de Croatie. • Pourtant, d'aucuns ont émis des doutes quant à la capacité d'Alain Portes d'amener notre équipe natioanle au sacre ? -Personnellement je n'ai jamais douté dans les compétences d'Alain Portes. On a beaucoup jasé quant à son manque total d'expérience comme entraîneur national. On a oublié de dire ou plutôt ignoré (pour certains) qu'Alain Portes a été un excellent joueur de haut niveau, international de surcroît et entraîneur de club de la Ligue 1 professionnelle en France. Alain Portes est un excellent communicateur, qualité rare de nos jours. Il a su communiquer avec ce groupe composé de joueurs cadres et d'autres qui sont à leur première expérience dans le haut niveau. Toujours est-il que le résultat est là et qu'il est temps de reconnaître les compétences de cet entraîneur. • Qu'est-ce qui a changé depuis 2008 ? -Il ne faut pas oublier que nous avons hérité d'un groupe de joueurs très fragilisés par la parenthèse d'Angola et l'autre de Croatie. Des joueurs qu'il a fallu remettre en confiance. Nous sommes parvenus à le faire dans la mesure où toutes les parties impliquées dans notre handball y ont contribué efficacement et sans calculs. J'aimerais mettre l'accent sur le précieux apport de Wissam Hmam, Tej et Mgannem qui ont fait d'énormes sacrifices pour concilier entre leurs clubs en France et leur devoir envers l'équipe nationale. Conclusion, nous avons réussi à mettre sur pied un groupe solidaire, responsable motivé mais surtout déterminé à redorer le blason du handball tunisien. Une ambiance, apparemment, totalement différente de celle qui a prévalu deux ans plus tôt en Angola. Je dis apparemment parce que je n'y étais pas mais je ne fais que rapporter ce qui a été dit et confirmé par les décisions prises après la CAN 2008 et le Mondial qui a suivi en Croatie. • Sitôt de retour du Caire, on a commencé par évoquer des changements au niveau du staff technique chez les hommes comme chez les Dames. Info ou intox ? -Je vous réponds sans hésitation aucune ; de l'intox. On a à aucun moment abordé ce sujet, une semaine à peine après notre retour du Caire. Ce genre de décisions ne peut être pris qu'après une évaluation des parcours de nos équipes nationales masculine et féminine. • Une autre rumeur : celle se rapportant à la décision de Hmam, de Tej et de Mgannem de mettre un terme à leur carrière internationale ? -J'ai eu l'occasion de parler à Mgannem par le biais du téléphone au cours d'une émission radiophonique. Haykel m'a confié avec son franc-parler habituel qu'il aimerait sortir par la grande porte, comprenez après le sacre du Caire. Il a poursuivi qu'il y pense sans avoir pris une décision définitive. Ce que je veux dire c'est que le handball tunisien a encore besoin des services de Mgannem comme de ceux de Hmam et de Tej. En ce qui concerne ces deux derniers, ils ne se sont pas prononcés, à ma connaissance, quant à mettre un terme à leur carrière internationale. Dans lequel cas, ils auraient commencé par le faire savoir à la fédération. " Un important tournoi à la veille du Mondial " • Le Mondial 2011 c'est dans dix mois ou presque. N'est-il pas temps de mettre en route un programme de préparation à la mesure de l'événement ? -Ce programme est prêt et confirmé à 80%. L'équipe nationale reprendra ses activités dans les toutes prochaines semaines, avec la participation des joueurs locaux dans un premier temps. Un tournoi est programmé soit à Tunis, soit en Grèce avec la participation de la Serbie, de la Bosnie ou de l'Islande, de la Grèce et de la Tunisie. Deux rencontres sont prévues au mois de mai avec la Hongrie. Deux matches face à deux équipes françaises de Ligue 1 au mois de juin. Et deux autres devant la France A au mois d'octobre. Des correspondances ont été adressées à plusieurs fédérations européennes pour l'organisation d'un important tournoi à la veille du coup d'envoi du Mondial de Suède : Espagne, Danemark, Serbie, Autriche, Hongrie, Croatie... Les contacts se poursuivront après le tirage au sort du 9 juillet prochain. • La direction technique nationale à présent. Ne trouvez-vous pas que Sayed Ayari n'est pas le bienvenu pour certains ? -Je ne suis pas à la direction technique nationale pour plaire à X ou à Y. J'ai été désigné à ce poste pour mettre en place un projet de programme et le mener à son terme. Je suis là pour continuer à servir le handball, un sport que j'ai pratiqué depuis ma tendre enfance et que j'ai servi en tant que joueur et en tant qu'entraîneur dans des clubs ou dans les sélections nationales. Je ne prête aucune attention à ce qu'on dit et à ce qu'on pense à mon sujet. " A l'écoute des anciens " • On reproche, entre autres, à Sayed Ayari de n'avoir pas continué à se concerter avec cette pléiade de techniciens que vous avez convoqués pour réfléchir sur l'avenir de notre handball ? -Je ne vais pas m'attarder là-dessus et je vous répondrais que j'ai senti que plusieurs parmi ces techniciens sont venus pour imposer leurs idées faisant fi du mot concertation. On ne peut avancer dans un cas pareil. Je continue néanmoins à écouter Hédi Malek, Abdelaziz Siala, Moncef Oueslati, Ben Amor, Abdelaziz Zaïbi et ce n'est pas peu. • Autre reproche. La direction technique nationale ne planifie pas pour le long terme et vous parlez d'un projet de programme ? -Le projet de programme, c'est à mon sens le long terme. A l'heure qu'il est, ce programme a été mis en route après qu'il a été soumis à l'aval du Département de tutelle. Nous allons procéder par cycle olympique. Il y a la promotion, la formation (entraîneurs et arbitres inclus), le suivi scientifique... Reste à assurer le financement de ce projet. Ce programme est long à décrire, je le tiens néanmoins à votre disposition et à ceux qui veulent le consulter. Et quand j'évoque la formation, comprenez les jeunes au niveau des garçons comme des filles avec des centres à Tunis, Sfax, Sousse qui viendront s'ajouter à ceux déjà existants. Outre une école de formation de gardiens de buts. " Programme conséquent pour les juniors et les cadets " • Les cadets, 4èmes au dernier Mondial, de la catégorie, où en est leur suivi depuis qu'ils sont passés dans la catégorie juniors ? -Ces jeunes que vous évoquez ont été confiés à Hafedh Zouabi dont on connaît tous les qualités et la compétence. Un programme de préparation conséquent a été mis en œuvre en prévision des prochaines échéances. Idem pour les cadets qui sont appelés à participer au championnat d'Afrique qui aura lieu fin juillet au Gabon au même titre que nos juniors à la même période et au même lieu. Deux compétitions qualificatives aux championnats du monde de 2011 pour les deux catégories. • Terminons avec le Mondial 2011 en Suède. Va-t-on continuer à compter avec le groupe vainqueur de la CAN 2010 au Caire ? -J'estime que les composantes de ce groupe seront présents en Suède. Le prochain Mondial c'est dans dix mois, je ne vois pas la raison de ne pas garder ces joueurs qui ont porté haut les couleurs nationales. Il y aura également à leurs côtés Aymen Hamed qui sera opérationnel et le jeune Alouini. Et pourquoi pas d'autres joueurs locaux qui s'illustreront d'ici là. Enfin, j'ai toujours dit que l'actuelle équipe nationale juniors constitue une relève de qualité, la surprise peut venir d'un ou de plus d'un joueur parmi ceux qui la composent. Propos recueillis par Rafik BEN ARFA ------------------------------------- Une pensée pour Saïd Amara Quand on évoque le nom de Sayed Ayari, celui de Saïd Amara est cité inévitablement. Tout un chacun se rappelle de la réussite de ce duo de choc avec l'équipe nationale de handball grâce notamment à une complicité de tous les instants. Depuis, chacun a fait son chemin. Sayed Ayari est à la direction technique de la FTHB, Saïd Amara a pris de la distance victime d'un accident de santé qui n'est plus qu'un mauvais souvenir pour lui, son épouse, ses enfants et tous ceux qui l'ont connu et collaborés avec lui. Nous avons rendu visite ces derniers jours à Saïd Amara et nous avons été plus que rassurés par son état de santé. Il continue à s'intéresser de très près à tout se qui se rapporte au sport national et notamment au handball outre ses contacts à travers les visites que lui rendent régulièrement ses connaissances toutes couleurs confondues.