Les démons de la xénophobie ne peuvent espérer un meilleur terreau que les consultations électorales et leurs issues. Dans les échecs les langues se délient pour crier tout haut ce que - par fausse pudeur - on taisait. Dans tous les pays d'Europe et notamment ceux les plus proches de nous géographiquement - cela s'entend - le meilleur créneau rapporteur a toujours été l'immigration. Chacun y allait de sa propre surenchère pour attirer dans ses filets les voix des franges populaires les plus sensibles aux sirènes fustigeant l'immigré et faisant de lui la source de tous leurs malheurs : le chômage, c'est l'immigré, l'insécurité c'est encore l'immigré, l'insalubrité des cités c'est toujours lui etc... Ce discours populiste très dangereux de surcroît, se nourrit des effets de la crise qui secoue les pays de la rive nord de la Méditerranée lui donne sa pleine expression lors des consultations électorales. En France, le parti de Jean Marie Le Pen a retrouvé une seconde jeunesse à l'occasion des régionales du mois de mars dernier, faisant de lui la quatrième force politique dans son pays. L'UMP le parti au pouvoir relégué à la seconde place à l'issue de ces élections, ses barons jugent que c'est par manque d'ancrage à droite qu'il a perdu ce scrutin! Une manière on ne peut plus claire pour que l'on accentue la pression et on dénigre plus l'immigration d'autant que le débat sur la question de l'identité nationale a été jugé par une bonne partie de la majorité au pouvoir comme ayant échoué parce qu'on s'est arrêté au milieu du chemin alors qu'il fallait aller encore plus loin. En Italie la ligue du Nord n'a de programme à proposer aux électeurs que celui de la chasse aux immigrés. Un discours qui fait mouche et trouve des bras pour passer à l'acte et casser de l'immigré. Les scènes de lynchage ont connu ces derniers mois une recrudescence telle que des centaines d'immigrés ont fui leurs lieux de résidences et de travail pour n'emporter avec eux que le mauvais souvenir d'une barbarie qui malheureusement ne suscite ni indignation ni réactions à la mesure du forfait commis à l'encontre d'hommes et femmes dont le seul tort est d'avoir niaisement crû à cette belle littérature des droits de l'homme et de l'égalité entre les humains. Les apparences sont les apparences, mais la réalité est là toute crûe et loin d'être si idyllique qu'on se l'imaginait. Et comme pour ajouter au feu ravageur de la haine que nourissent les autochtones à l'encontre de cet être venu d'ailleurs, des recherches menées çà et là sur l'immigration essayent de démontrer que cette dernière comporte plus d'inconvenients qu'elle n'en fournit comme avantages. En France deux chercheurs viennent de publier tout récemment deux études allant dans ce sens où les données chiffrées avancées montrent que l'immigration coûte plus qu'elle ne génère. Ainsi ce coût est de 79.40 milliards d'euros en France. Quant à son apport il n'est que de 48,99 milliards en recettes fiscales et en cotisations sociales. La différence de 30,4 milliards et à elle seule un argument de taille que les extrémistes de la droite populiste ne manqueront pas de le mettre à contribution pour étayer leurs thèses xénophobes et servir les desseins qu'ils nourrissent depuis des décennies : chasser cet intrus "cause de tous leurs malheurs". De telles études aussi rigoureuses soient-elles sont en tout état de cause malvenues en ce moment bien précis. Dans une conjoncture de crise économique et de tensions sociales elles pourraient ajouter à l'amalgame et exacerber davantage la haine envers la communauté des immigrés qui vit très mal le statut dans lequel elle est confinée. Ceci pourrait aussi fournir aux pouvoirs publics le socle sur lequel de nouvelles lois restrictives seront bâties pour davantage de brimades et reconduites aux frontières. Cela étant, l'immigré est vraiment l'exutoire idéal pour tous les maux de pays et de sociétés qui tournent le dos à leurs principes et idéaux qui sont ceux-là même qui ont fait leur grandeur.