Il y a quelques années après une carrière politique bien longue et une retraite bien méritée, l'ancien Chancelier allemand Helmut Kohl le père de la réunification de l'Allemagne, au demeurant il vient de fêter ses 80 ans et donc : bon anniversaire, faisait une déclaration à une chaîne de télévision allemande sur son expérience de la vie active et de l'état du monde. Dans cette interview insolite, ; certains diraient prophétique, M. Kohl annonçait des changements structurels importants sur certains Etats Arabes et Africains notamment la Somalie, le Soudan et le Zaïre rebaptisé République Démocratique du Congo. Le " Kanzler " prévoyait des fissurations dans ces pays, des mouvements séparatistes des guerres civiles et concluait à la " nécessité " d'opérer des rectifications de frontières voire même la création de nouvelles entités étatiques, plus homogènes au niveau ethnique économique et de souveraineté. Depuis, la réalité des faits a donné bien raison à M. Kohl. Qui peut dire aujourd'hui que la Somalie constitue un véritable " Etat ". Les Romains désignaient " l'Etat " par le mot latin " Status " qui veut dire " debout ". Les attributs de la souveraineté des Etats sont connus. On ne peut parler d'un Etat sans contrôle de frontières et de territoire autrement, il n'y aurait pas de lois " nationales " mais l'exercice de ce qui reste de la puissance " publique " par des milices, ou des insurgés ! Les rivages de la Somalie échappent à tout contrôle, bien mieux, ils sont livrés à une piraterie de mieux en mieux organisée et armée, qui fait la " loi " et gère le " chaos " ! Le Soudan qui a de meilleures traditions administratives et militaires depuis la colonisation britannique en 1899, n'est pas loin du chaos lui aussi. Avec 2.500.000 km2 de territoire soit le plus vaste pays d'Afrique et quelque 500 ethnies, le Soudan est au bord du désastre ! Abonné aux coups d'Etats successifs depuis 1969 avec Jaafar Al Numeiry jusqu'à celui de Omar Al Bachir en 1989, ce pays est traversé du Nord au Sud, et de l'Est à l'Ouest par des déchirures douloureuses et majeures. Au niveau idéologique les élites politiques soudanaises assument le contrôle du pays par les islamistes radicaux et l'application de la Chariaâ et même, Sadok El Mahdi, ne peut nier sa responsabilité dans cette dérive qui a porté un coup sévère à la modernisation du Soudan et son passage progressif à la démocratie libérale. Les nouvelles élections présidentielles et législatives annoncées pour le 11 avril prochain s'opèrent dans un climat de suspicion sans précédent. Les accusations furent de toutes parts et la légitimité du président Al Bachir est bien chancelante ! Mais ce qui est bien drôle et c'est la magie de l'humour bien noir de l'Histoire, ce qui risque de le sauver c'est bien le Darfour qui lui a valu les condamnations du Tribunal pénal international pour génocide et crime contre l'humanité. Encore une fois, Paris vaut bien une messe " et pour sauver son pouvoir, Al Bachir va devoir donner l'indépendance au Darfour une fois " réélu ". Comme quoi Helmut Kohl le brillant chancelier, a tout perdu sauf " la raison " !