Quand on sème le vent on récolte la tempête ! Dicton bien célèbre à la base d'une sagesse populaire universelle vérifiable en tout temps et en tout lieu. Le Soudan va devoir s'y soumettre à cause de la mauvaise gestion de ses gouvernants depuis la fin du condominium anglo-égyptien de 1899 et l'Indépendance proclamée en 1956. Pourtant le pays, le plus vaste d'Afrique 2 millions 500.000 km2 pour 40 millions d'habitants, ne manque ni d'espace ni de ressources ! Arrosé par de bonnes pluies et par le Nil et le Nil bleu, bordé par la mer rouge et doté de richesses minières importantes dont le pétrole, ce pays qui dispose aussi d'élites nombreuses, aurait pu être un pays émergent d'autant plus qu'il se trouve au centre de pas moins de neuf pays africains et arabes ! Sa vocation aurait pu être conformément à la géographie et à la nature, une plaque tournante entre l'Afrique et le Moyen-Orient et un carrefour commercial et stratégique de premier plan. Un potentiel considérable ! Malheureusement le bilan de 54 ans d'indépendance est loin d'être brillant. 70% de la population est analphabète ou presque, l'industrie est plus ou moins artisanale, et l'agriculture vivote. En somme un pays parmi les plus démunis du globe malgré des atouts considérables ! Mais ce qui est encore plus dramatique c'est le politique ! C'est vrai que cet Etat multi-éthniques n'est pas facile à gérer, mais les élites dirigeantes y sont pour beaucoup dans les retards accumulés à tous les niveaux par ce pays immense ! Les coups d'Etat ne se comptent plus ! et les rébellions durent depuis l'indépendance. L'un des premiers coups d'Etat en 1969 a porté Jaâfar Al Nimayri au pouvoir et voilà le Soudan sous l'idéologie socialiste avec des résultats catastrophiques au niveau économique et une atteinte à la vocation première du Soudan : le commerce afro-arabe. Le dernier coup d'Etat en 1989, a porté Omar Hassen Al Bachir au pouvoir et voilà le Soudan embourbé au Darfour avec une véritable tragédie : Sa mise en accusation par le tribunal international pour crimes contre l'humanité et génocide ! Entre ces deux événements, le Soudan a été ballotté par des courants tantôt islamistes radicaux avec Tourabi, tantôt pseudo-démocratiques avec Sadik Al Mahdi, mais jamais le Soudan n'a connu d'évolution sereine basée sur le rationalisme et la construction pragmatique de ses institutions et de son économie. Résultat : le Soudan va subir tout simplement la chirurgie* ! qui annonce une séparation irrémédiable entre le Nord et le Sud vu la pression de la rébellion sudiste et bien sûr celle de « la communauté internationale » toujours très active quand il faut déstabiliser et affaiblir un pays arabe ou musulman ! Les gouvernants et les élites soudanaises ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes ! Quand on tarde à opérer les réformes nécessaires et essentielles, c'est l'autre qui s'en charge ! Car la nature a horreur du vide et les ennemis du monde arabe veillent au grain ! K.G.
*Le gouvernement soudanais vient de former une commission pour l'établissement et le traçage des frontières avec le Sud avant le référendum de séparation !