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Abid, Mohamed, Lamia et les autres…
Doc à Tunis : « Il était une fois…une épicerie » de Lassaad Dkhili
Publié dans Le Temps le 09 - 04 - 2010

L'un des moments forts, à mon sens, dans la dernière édition de Doc à Tunis (section Actualité du documentaire tunisien) était le film du réalisateur Lassaad Dkhili « Il était une fois… une épicerie » tout comme ceux de Hichem ben Ammar (Un conte de faits), Walid Ettaya (Moi, le Issaoui) ou encore le film de Adel Bakri (Vent des désirs).
Lente descente en enfer
Comme un entomologiste, Dkhili a posé sa caméra comme posent la leur les cinéastes animaliers et s'est suffit d'observer. Il n'est intervenu que très rarement dans le cours des choses de telle sorte que sa voix était comme un fond sonore plus qu'une donnée.
Cette observation commence un certain mercredi 7 mai 2008 à 7 heures du matin et s'est terminée par un carton annonçant la disparition de l'objet même de cette observa-tion. Entre les deux donnés et comme si nous feuilletions un livre d'images, les chapitres s'égrènent grâce à un simple fondu en noir et nous assistons aux signes parlants d'un monde en disparition, celui d'une épicerie dans une ville du Nord-Ouest : Jendouba.
A 7 heures du matin, Abid enlève les cadenas en acier, tourne difficilement la clef dans la serrure et lève le rideau de fer de l'épicerie… et ça grince. Le ton est donné. Dans cet espace exigu où les angles de vue sont réduits, une lente agonie se prépare par je ne sais quelle damnation de la modernité… Abid, Mohammed et Lamia sont les trois acteurs qui vont assister à la déchéance de leur gagne-pain du fait même du développement urbain… On nous parlera de cette descente comme une fatalité (ça a marché puis ça s'est retourné… Ils l'ont montée contre nous que Dieu les démonte). Car outre les grandes surfaces, «cinq épiceries se sont ouvertes dans 50 mètres… ça a poussé comme des patates»… Cette flopée aurait été bénéfique pour le petit commerce s'il n'y avait la loi du marché… « Les grandes surfaces se procurent (les marchandises) au prix de l'usine et les vendent moins chers que le grossiste (chez qui nous nous achalandons) »… S'il n'y avait que cette fatalité du capital, on n'aurait trouvé dans le film de Lassaad Dkhili que des redites de ce que d'autres films ont amplement montré. Seulement, cette lente descente en enfer s'est doublée de deux facteurs : le maintien de rapports sociaux solidaires et l'apparition de la volonté régulatrice de l'Etat.
Quand l'Etat s'y met…
Durant tout le film, nous voyons la vendeuse Lamia tonitruer contre les clients qui utilisent l'épicerie comme un dépôt sans y faire leurs commissions. Il y a ceux qui y déposent leur couffin avec des produits acquis ailleurs… ceux qui viennent se faire de petits crédits et disparaissent sans honorer leurs dettes… Et le propriétaire Mohammed de nous montrer fiches et carnets de crédits qui l'ont forcé à ne pas payer ses impôts ni le loyer de sa maison… Et malgré ce dysfonctionnement social, Lamia trouve le moral pour plaisanter avec les vieilles connaissances même si elle montrait ses crocs dans d'autres situations ou quand Mohammed nous raconte sa drague d'une jeune femme devenue sa voisine et quand Abid nous assure n'avoir jamais pris de congé ni d'anniversaire ou fête du travail… « rien, assure-t-il, tous les jours c'est le même train de 7h du matin à 22h du soir… »
Cette liquéfaction des rapports sociaux telle que montrée par Dkhili ou racontée par les acteurs du drame aurait été normale si elle ne s'était renforcée par l'intervention de l'Etat grâce au système des quotas sur les produits compensés tels que la farine, le sucre, l'huile, etc. Que ce soit de façon directe, comme l'absence d'huile en vrac (puisque les simples gens ne peuvent payer 900 millimes une bouteille d'huile quand ils peuvent payer que 750 et garder le prix d'un pain…) ou de façon indirecte, à travers la régulation de la vente de la farine aux boulangeries, l'on voit la main de l'Etat qui participe de cette sélection… Quand Lamia assure que « pas de pain, pas de travail », elle ajoute «pas de farine, pas de pain, pas de casse-croûte, pas de vente de yaourt, pas de sucre, pas de levure, pas d'huile en vrac… il n'y a rien »… Des trois acteurs, Lamia est la plus battante. Nous la voyons tancer un client un peu amène par des termes on ne peu plus clairs : « ne me cause pas ainsi. Si t'es un homme, vas en parler aux autorités. Moi, je ne veux pas de ce langage ».
« Il était une fois… une épicerie » de Lassad Dkhili, outre qu'il représente un témoignage touchant sur un bouleversement social cruel et silencieux dans la ville de Jendouba, est aussi un geste d'amour vis-à-vis d'une culture du nord-ouest longtemps confinée dans le stéréotype.


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