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La Cité Mère
Voyage intemporel: Mahdia –Borj Errass
Publié dans Le Temps le 11 - 04 - 2010


Quelle drôle de ville !
Quand vous la visitez pour la première fois, et que vous êtes reçu par un de ses habitants, celui-ci, après vous avoir fait faire un petit tour du côté du grand port, du marché aux poissons et sûrement, du côté de ce fameux restaurant qui fait face au quai, vous dira : et maintenant, je vais vous faire visiter le plus bel endroit de cette Cité.
Et il vous amène au cimetière
C'est quasiment une constante, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que ce cimetière est réellement d'une beauté hors -norme. De par sa situation, ses dimensions, et son environnement.
Voilà comment est construite Mahdia. Je parle de la vielle ville, donc la véritable, qui porte le nom de «Borj Errass », et qui commence par l'entrée de la grande porte fortifiée, plus communément connue sous le nom de «Skifa El Kahla » (le vestibule noir). Si vous pénétrez directement, vous arriverez à la petite place du Caire, une petite halte toute touristique pour un café ou une boisson fraîche, vous continuez et vous aurez à votre droite, à quelque cent cinquante mètres de là, la grande mosquée, restaurée secrètement dans les années 60, et qui se trouva après cette transformation, étrangement démunie de minaret. A notre humble connaissance, c'est la seule grande mosquée, à laquelle il manque cet élément architectural basique. Là, trois possibilités s'offrent à vous : continuer la route de la mer côté sud, celle de la mer côté nord, et celle du milieu.
Pour prendre celle du milieu, il faut légèrement bifurquer à gauche. Vous vous trouverez alors, devant une petite montée, que les gens de «Borj Errass» appellent «Sâadet Slim » (la pente de Slim) du nom de l'épicier. Vous montez, et vous êtes dans la rue qui est la colonne vertébrale de «Borj Errass » et qui porte le nom du grand saint de Mahdia, dont le mausolée prône, en haut du point culminant de la cité, surplombant le Cap Africa, ce petit tronçon de trois cents mètres de long, qui fait la jonction entre la mer du nord et la mer du sud, et qu'on appelle «la mer de l'est».
Mais très rares sont les visiteurs qui inaugurent leur balade, par la rue du milieu. Généralement, ils se trouvent amenés du côté sud, là où trône la grande forteresse que beaucoup appellent le «Borj Fatimide» et qui est en réalité, une forteresse espagnole. Certainement reconstruite avec les décombres des constructions démolies par les agressions des armées extérieures, ou par le temps. Et c'est quand vous êtes en haut de la petite colline qui est à quelques dizaines de mètres de cette bâtisse, que vous allez faire la découverte d'une vue, époustouflante : le cimetière marin de Mahdia, avec son vieux port, l'un des plus grands ports puniques d'Afrique, ses tombes blanches, et la mer à l'infini. Si vous avez la chance d'être là, à cet endroit, fin février, début mars, le spectacle sera encore plus radieux, puisque tout le cimetière, à perte de vue est recouvert d'un tapis uniforme de marguerites jaunes. Le bleu de la mer, la blancheur des tombes, et le jaune des fleurs… !
C'est pas pour dire, mais tous les cimetières marins du monde, y compris celui chanté par ce fameux poète français, peuvent aller se rhabiller. Ce lieu des morts, occupe pratiquement la moitié de la presqu'île. L'autre est réservé aux maisons des vivants.
Quoique, ceux qui sont les enfants de cette cité, savent que ce sont les morts qui commandent les vivants, dans cette partie de la Tunisie, pendant de si longs siècles renfermée sur elle-même, derrière ses remparts. Ce sont les femmes qui gèrent la vie de la ville. C'est à elles qu'échoit le rôle de gérer les finances de la famille, d'instaurer et de faire perdurer les rites des noces ou des funérailles. En vérité, rien ne se fait en dehors de leur vouloir, et pouvoir. Les hommes qui dans leur majorité sont des marins -pêcheurs, ont pour mission juste celle d'aller pêcher, pour nourrir leur famille. Quand les hommes sont sur l'eau, et cela dure une bonne partie de la nuit et de la journée, la ville est livrée à la tendresse, à la malice, à l'amour, et aux souffrances des mamans et des sœurs.
Les poissons les plus délicieux de la côte
Pour la majorité des tunisiens, Mahdia est connue pour ses sardines.
Son grand port a été considéré pendant longtemps comme le plus grand producteur de poissons bleus d'Afrique. Mais la majorité des tunisiens, ne connaissaient en réalité du poisson que les sardines. Parce que c'était le poisson le plus populaire et le moins cher.
Si les sardines de Mahdia sont réputées pour être les meilleurs de Tunisie, ce n'est pas qu'elles soient nées au large de cette Cité. Pratiquement tous les poissons de la côte tunisienne amorcent un long voyage pendant la saison des amours. Les marins de Mahdia pêchent les poissons comme le mulet à points jaunes (mujil d'octobre), les daurades (fin octobre, début novembre), et le loup (mois de décembre- janvier), quand ces espèces remontent vers le nord, pour la ponte. Ils sont alors, au top de leur force. Et la saveur qu'ils ont pendant ces quelques jours-là, est unique. Une fois que la période de la gestation est finie, et qu'ils refont le même voyage vers les côtes du sud tunisien, d'où ils sont venus, ils sont alors, dans un état d'extrême fatigue. Leur corps est aplati, mou, et vide de toute couleur intérieure. Ces espèces-là, les marins Mahdois les pêchaient surtout, du côté de la crique (jône) de Salakta. Les habitants de cette région n'en sont venus à la pêche, que vers la fin des années soixante, en fréquentant les grands Raies de «Borj Errass».
Il en va ainsi pour toute l'année, qui est ponctuée par les jours, les semaines, ou le mois, où tous les Mahdois vont manger le même poisson, pendant la même période.
Avant l'arrivée de la terrible pêche industrielle, avec ses catastrophes de chalutiers, la pêche côtière se faisait avec des filets simples, souvent rudimentaires, ou à l'hameçon. Les vrais Raies sont ceux qu'on appelle «capitaine » d'hameçons (Raies sonnar). Ce genre de pêche, se partage en trois catégories : les palangres (brongali pour les dentés et les poissons de taille petite ou moyenne, et «lynça » pour le mérou, les squales, et les grosses bêtes marines).
La pêche au lancer classique pour le pagre. C'est-à-dire un gros fil, lesté par un lourd «Mithqal» en plomb, et une série de cinq à sept gros hameçons. Et puis la pêche au fil d'entre deux eaux, pour le plus noble des poissons qui est le loup. Le loup ne vit ni en surface, ni en profondeur, mais entre deux eaux. Comme il est gâté, on doit ne pas trop le fatiguer. Et pour cela, les Raies envoient acheter à Tunis, une queue de cheval, avec laquelle ils vont tresser un fil, qui, une fois qu'on aurait accroché l'hameçon à l'un de ses bouts, ne flottera pas, n'ira pas au fond non plus, mais demeurera, grâce au geste de va et viens de la main du Raies (tsertim), entre deux eaux…
Il ne faudrait surtout pas oublier, qu'avant l'introduction de petites chevrettes en plastique, les marins devaient chercher dans les petites crevasses de la mer de Borj Erras, une variété de toutes petites crevettes ocre -jaune qui n'existaient qu'à cet endroit-là, et qu'ils devaient garder vivantes, en les mettant dans un couffin d'alfa, plongé dans l'eau, pour les utiliser vivantes, comme appâts pour le plus nobles des poissons. Autrement, le «Qarouss» ne mordra pas à l'hameçon.
Voici pour finir aujourd'hui, les trois couscous les plus réputés chez les habitants de Mahdia : il faut signaler que la recette est toujours la même. Pas d'épices pour la sauce, une présence plus que discrète de la tomate, et un bon morceau de citrouille rouge. Rien d'autre. A part quelques piments frits. Le top du top c'est le couscous avec une femelle loup (mois de décembre -janvier). Ensuite, le couscous aux pagres (fin août -début septembre). Et, en troisième position, le couscous à la tête et au nombril du mérou (juin –début juillet).
Il nous faudra aussi, saluer par -ailleurs, le couscous aux orphies ou aiguilles «msellat trotta » (fin juillet –début août). Celui à la daurade (mois de novembre), et celui, exceptionnel, aux boulettes (osbane) du «ouzef ». Je n'ai plus qu'à vous souhaiter bon appétit, et on continuera notre balade, bientôt j'espère…


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