Sous la ville de New York, les tunnels du métro font l'objet d'une surveillance particulière afin de prévenir une éventuelle attaque terroriste. Sur les quais ou à bord des rames, des policiers traquent toute activité ou colis suspects. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la police de New York estime que la mégalopole reste la cible potentielle No1 des terroristes aux Etats-Unis. Elle a alloué des moyens supplémentaires à la protection de Wall Street, de l'Empire State Building et d'autres lieux emblématiques. Mais sa plus grande inquiétude concerne le métro, cet immense réseau souterrain de 468 stations qui accueille cinq millions de voyageurs par jour. Pour surveiller ce dédale, les autorités ont recours à des équipes cynophiles spécialisées dans la détection de bombes, à des appareils de détection des explosifs et à des caméras de sécurité. Le dispositif comprend des policiers qui surveillent 14 tunnels en quête de signes d'activité suspecte. En plus de leur temps de travail habituel, ces agents effectuent des vacations de quatre heures de garde supplémentaires dans de petites cabines de surveillance, construites sur les quais du métro après les attentats du 11-Septembre. Installées à l'entrée des tunnels, ces guérites sont couvertes de plans du métro et sont équipées d'écrans de contrôle reliés à des caméras filmant les tunnels. Toutes les heures, les policiers embarquent dans les rames, montant dans la cabine du conducteur. A l'aide de lampes torches, ils éclairent les voies à la recherche de "tout ce qui n'est pas normal", explique l'un d'eux, Robert McMillan. S'ils repèrent un sac ou colis suspect, ils le signalent à leurs supérieurs, mais jamais par liaison radio car une telle transmission pourrait faire détoner un explosif dont le déclenchement est actionné à distance. Les policiers du métro reçoivent la même formation que les employés du réseau souterrain sur la manière de se déplacer dans les tunnels et les dangers que recèlent les lieux. Ils apprennent également à connaître une curiosité: une sortie de secours cachée derrière la façade d'une maison factice dans un quartier d'habitation tranquille. La police a autorisé l'Associated Press à visiter cette issue, reliée à un tunnel proche de l'East River, à condition que son emplacement ne soit pas révélé et qu'aucune photo ne soit prise. Autrefois seulement sécurisée à l'extérieur par un verrou géant, elle est aujourd'hui dotée d'alarmes et de détecteurs de mouvement destinés à alerter la police en cas d'intrusion illicite. Ces mesures de sécurité illustrent la crainte des autorités de voir un terroriste emprunter cet accès pour pénétrer dans le réseau, ou tenter d'utiliser les puits de ventilation situés sur le trajet entre la sortie et le tunnel pour une attaque chimique ou bactériologique. Bien qu'essentiel, le travail des policiers du métro peut être ennuyeux et ingrat. Le mois dernier, une télévision locale a montré l'un d'eux assoupi dans sa cabine. "C'est une mission difficile", explique l'inspecteur Martin Conway, coordinateur de la lutte antiterroriste du bureau des transports de la police de New York. "C'est ennuyeux, ce n'est pas romantique. Mais c'est très important. Nous comptons sur ces policiers." Ces dernières années, la police new-yorkaise a pris plusieurs mesures pour s'adapter à la menace: déployer des policiers dotés d'armes lourdes et assistés de chiens pour surveiller stations et trains; équiper des policiers de détecteurs de radiations pour repérer une éventuelle "bombe sale" radioactive; mener des dizaines de milliers de fouilles aléatoires de bagages chaque année; former les policiers à la détection de suspects dans le métro. "Peu d'éléments de l'infrastructure urbaine sont aussi essentiels que les métros", souligne le commissaire Raymond Kelly. "Les protéger est l'une de nos principales priorités et l'un de nos plus grands défis." L'actualité le leur rappelle régulièrement, comme lors des attentats de Madrid, de Londres, ou tout récemment de Moscou. Tous visant les transports en commun. Aux Etats-Unis, en février, Najibullah Zazi, un Afghan accusé d'avoir projeté de commettre un attentat-suicide dans la ville, a plaidé coupable: au juge, il a expliqué avoir pour projet de "mener une opération martyre sur les lignes de métro de Manhattan".