Nous connaissons tous « Bohemian Rhapsody » du groupe mythique Queen et les variations tonales que comporte cette chanson. Quelques décennies plus tard et dans le cadre de Jazz à Carthage by Tunisiana, le musicien Dhafer Youssef a offert à son public, le mardi 13 avril 2010, une soirée sous le signe du brassage musical. Intitulé « Abu Nawas Rhapsody », le concert se voulait une rencontre des musiques du monde dans une acception spirituelle et émotionnelle : pari gagné. La salle des concerts affichait complet. Le silence était de mise et sur la scène, Dhafer Youssef (oud et chant) et ses acolytes : Tigran Hamasyan (piano), Chris Jennings (contrebasse) et Mark Guiliana (Batterie) ont déployé leur talent. Il faut dire que la musique qui emplissait l'espace s'inscrivait à la croisée des sonorités. Epurées et dépourvues de toute surcharge, les compositions interprétées conjuguaient les genres. Ce mélange donna lieu à un rythme jazz nuancé par une cadence africaine ou une note orientale. Si les cordes et les touches ont entraîné le public dans un univers éclaté que réunit la musique, la voix de Dhafer Youssef a amené dans cet univers musical le spirituel grâce au chant soufi. Malgré sa présence étriquée, ce chant a conféré à l'atmosphère générale une ambiance d'apaisement et de plénitude. Les improvisations étudiées ont rattaché le concert à la tradition jazz où l'improvisation tient un grand rôle. Faisant fi des divergences, ils n'ont gardé que l'essence et l'essentiel de chaque genre pour les mêler et en extraire une nouvelle expression musicale, mélange d'oriental et d'occidental.