Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy s'est prononcé hier pour une loi d'interdiction totale, dans tous les lieux publics en France, du port du voile intégral - la burqa - en dépit de recommandations contraires du Conseil d'Etat. Le chef de l'Etat français a fait part de sa décision lors d'une discussion consacrée à ce sujet en conseil des ministres, après des semaines d'hésitation et de débats au sein de sa majorité. Il rejoint ainsi le point de vue du président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, qui avait déposé une proposition de loi en ce sens. Sarkozy a opté pour sa part pour un projet de loi d'origine gouvernementale, qui sera présenté en conseil des ministres courant mai, pour examen par le Parlement "dans les plus brefs délais", a dit le porte-parole du gouvernement. "Le texte qui sera mis en discussion au Parlement, sur un sujet qui touche aussi profondément aux principes de notre République, ne peut émaner d'une approche partisane", a expliqué Nicolas Sarkozy. Le gouvernement consultera cependant les partis et les groupes politiques, ainsi que les "autorités morales et religieuses", avant de déposer son projet de loi au Parlement, a précisé le porte-parole lors du compte rendu du conseil des ministres. Selon Luc Chatel, Nicolas Sarkozy a estimé que le port du voile intégral ne posait pas un problème d'ordre religieux mais "portait atteinte à la dignité de la femme et n'était pas acceptable par la société française". Il est passé outre un avis du Conseil d'Etat, selon lequel une interdiction totale n'a "aucun fondement juridique incontestable" et soulève de "sérieux risques" constitutionnels. Luc Chatel, qui est aussi ministre de l'Education nationale, a fait valoir qu'une interdiction partielle ne présenterait pas moins de difficultés d'application qu'une interdiction totale. "Ensuite chacun prendra ses responsabilités - le Conseil constitutionnel, le Conseil d'Etat", a ajouté le porte-parole, qui s'est appuyé sur le précédent de la loi de mars 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l'école. Selon Luc Chatel, "aux alentours de 2.000" femmes seraient concernées en France par le port de la burqa. ------------------------------- Le Quai d'Orsay chargé d'étudier les réactions des pays arabo-musulmans Le Temps-Agences - Le ministère des Affaires étrangères a demandé à des diplomates d'étudier quelle serait la réaction des pays arabo-musulmans à l'adoption d'une loi interdisant le port de la burqa en France. En 2004, le vote de la loi sur l'interdiction du port du voile à l'école avait été "mal compris" à l'étranger, en raison d'un manque d'explications auprès des populations locales. Paris veut éviter pareille incompréhension avec la burqa. "Le problème, souligne un diplomate, c'est que dans cet exercice de diplomatie d'influence, nous ne pouvons pas compter sur nos "think tank" (groupes de réflexion) pour faire passer des messages aux groupes islamistes avec lesquels nous n'avons pas de relations, contrairement aux Britanniques ou aux Suisses par exemple".