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Humeurs cannoises
Le Festival de Cannes au fil des jours
Publié dans Le Temps le 21 - 05 - 2010

6h30 c'est l'heure à laquelle doit se réveiller le critique désargenté pour prétendre à une place assise à la projection de presse du matin. Avec cinq heures de sommeil en moyenne pour les plus sages (pour les fêtards il y a les projections pour se rattraper), la fatigue commence à l'emporter et les ronflements timides des premiers jours en deviennent insolents et à l'unisson.
Ce faisant, les chances de passer à côté d'un film sont décuplées, et c'est à celui qui aura le moins dormi d'éclairer ses compagnons.
Le retour du Soleil et du cinéma. Du grand avec Godard, Kiarostami, du poignant avec Beauvois, du grandiloquent avec Innaritu. Ce dernier est palme d'or pour les émeutes provoquées lors de la projection de presse de son film, un peu comme Tarantino l'année dernière, mais en plus civilisé, on n'en est pas arrivés aux poings mais juste virilement bousculés. Godard a joué à la perfection à Godard en boudant le festival en envoyant un petit mot dans lequel il évoque un empêchement « grec » qui provoquera probablement des gloses à n'en plus finir chez les godardiens et dans quelques années des doctorats où il s'agira de sonder les mystères de ces trois lignes écrites par le maître. Godardien nous ne le sommes pas, à supposer que nous l'ayons jamais été. Il paraît qu'il n'y a rien à comprendre et qu'il faut juste s'abandonner à la grâce des images, c'est ce que disent tous ceux qui n'y ont rien vu pour échapper à l'excommunication. La grâce ne s'est pas manifestée en dépit d'une bonne heure passée à l'espérer. Et voilà Godard troqué contre des décolletés de plus en plus avenants depuis ces premiers vrais rayons de soleil sur la Croisette. Pas Godardien mais Kiarostamien pur jus, nous le sommes et le revendiquons, c'est sûrement moins sexy que d'être godardien mais on assume et nous laissons feinter par le grand maître et ses variations sur l'amour, la vie et le cinéma.
Xavier Beauvois est en passe de devenir un sérieux concurrent aux religions établies. Avec « Des hommes et des dieux » il réussit à filmer l'indicible, la peur des sept moines trappistes de Thiberrinne, enlevés puis exécutés en 1996 en pleine guerre civile algérienne. Ce massacre attribué dans un premier temps au GIA s'avérera être une bavure de l'armée algérienne. Le propos de Beauvois n'est pas politique, il n'est pas non plus œcuménique. « Des hommes et des dieux », parle de la peur et des moyens de la conjurer, par la foi, par ces moines trappistes qui décident de rester auprès des petites gens qu'ils s'étaient donné mission d'aider en dépit de la menace de mort qui pèse sur eux. Le film scrute ces oscillations entre des moments de grande exaltation où la foi se constitue en rempart contre la peur et l'imminence de la mort et des moments où la croyance se retrouve désarmée devant la peur. La peur de la mort, du néant. Deux très beaux moments traduisent toute la puissance visuelle du film de Beauvois. Un premier moment où les moines à l'écoute d'un bruit d'hélicoptère survolant le monastère, se mettent en arc de cercle et entonnent une prière qui progressivement va couvrir le bruit menaçant et conjurer la peur. Un second, vers la fin du film, où à l'occasion du repas de Noël, jour de leur enlèvement, le responsable de la communauté incarné par un immense Lambert Wilson, met très fort « le lac des cygnes ». La caméra esquisse alors une danse avec les visages des moines attablés passant de l'un à l'autre par des mouvements très fluides. S'y lisent la peur, l'exaltation mais aussi la sérénité de ceux qui attendent la mort à bras ouverts.
Une belle palme d'or si le jury ne se fait pas escroquer par l'esbroufe d'Innaritu et la « bienpensance » de Mike Leigh.
Entretemps le soleil a disparu, il pleut sur la croisette, rien de mieux qu'un film plutôt long pour un bon roupillon.


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