«Je suis un formateur mais je suis aussi un compétiteur!» « Je suis heureux de revenir parmi vous!». Ainsi entamait le nouveau sélectionneur sa conférence de presse, hier, au siège de la FTF. Et heureux, il le paraissait réellement, détendu, frais et répondant calmement à toutes les questions. Bertrand Marchand se sent quelque part Tunisien et ne s'en cache pas; «durant mon passage au CA et à l'ESS j'ai toujours entretenu de bons rapports avec les dirigeants, les joueurs, avec les Tunisiens. Ça m'a poussé à accepter ce poste». Est- t-il l'homme de la situation? Il a les mots juste pour répondre à cette question sans trop se mouiller ni promettre monts et merveilles. Mesuré, il ne rate pas l'occasion pour adresser un petit clin d'œil à ses prédécesseurs, histoire de se solidariser avec ses collègues parce que les vicissitudes du métier n'ont plus de secrets pour lui: «Je ne suis pas là pour faire la révolution, assure t-il, mais pour continuer le travail qui a été fait par MM Coelho et Benzarti. Ils ont fait le maximum avec ce qu'ils voulaient faire mais le football n'est pas une science exacte. Quelquefois, on peut rater une qualification en trois minutes. Je crois que ça été le cas. C'est ce qui s'est passé avec le Kenya par exemple. La Tunisie menait à Radés et le Nigéria était en difficulté. À la 93ème minute tout a basculé en faveur du Nigeria alors qu'en Tunisie on attendait la libération. Vous voyez, ça ne tient pas à grand-chose une qualification à la coupe du monde!» « C'est le bon moment pour moi parce que je ne porte plus l'étiquette de clubiste ou d'étoiliste». Il y'a deux ans, il était à deux doigts de concrétiser avec notre sélection mais l'affaire foirait ce que Marchand juge préférable. Il déclare: «c'est mieux que cela se fait maintenant. Il y'a deux ans, j'étais encore entraîneur de l'ESS et je sortais d'une expérience avec le CA. Je ne veux pas traîner l'étiquette d'étoiliste ou de clubiste parce que quelquefois ça peut peser aussi. Je me suis éloigné de la Tunisie ces deux dernières années et je reviens en tant que sélectionneur national. Je ne peux pas affirmer que si j'avais été désigné, il y'a deux ans, je n'aurais pas forcément fait mieux que mes collègues parce qu'il y'avait tout un contexte et des situations particulières». J'ai la chance, aujourd'hui, d'avoir autour de moi des dirigeants qui viennent d'arriver, qui sont nouveaux entre guillemets. Je sens qu'ils sont motivés, qu'ils veulent réussir comme moi je veux réussir et comme Sami Trabelsi qui a fait un excellent travail avec son staff technique. Il a qualifié l'équipe pour le CHAN. C'est très important d'avoir un réservoir A' par rapport à l'équipe nationale qui joue une compétition de haut niveau. Il n'y a que la compétition de haut niveau qui fait progresser les joueurs et ceux-ci font progresser l'équipe». Mais que vient faire marchand dans ce contexte de haute tension où il doit prendre en charge l'équipe nationale avec un salaire inférieur de ce qu'il percevait au Qatar et une obligation de résultats immédiats? « Il faut être fou, rétorque l'intéressé avec le sourire! Non mais plus sérieusement ça fait 30 ans que je fais ce métier et ce qui me motive ce sont les challenges, gagner des matches. Le métier d'entraîneur est passionnant mais en même temps très difficile. Il y'a des périodes favorables et d'autres beaucoup plus pénibles. Ma motivation c'est le défi sportif et surtout c'est un plaisir. On m'a appelé pour m'occuper de la sélection libyenne il y'a un mois , mais je n'étais pas très chaud. La Tunisie c'est différent, je connais les joueurs, je connais les clubs et je connais les dirigeants. Je n'ai pas eu de problèmes durant mes expériences tunisiennes avec qui que ce soit. Je pense être accepté par tous les supporters qu'ils soient espérantistes, clubistes, étoilistes ou autres. De ce côté-là je n'ai pas de crainte et c'est important parce que je sais l'appartenance des supporters à leur club et c'est quelque part un facteur à prendre en considération en Tunisie». «Le sélectionneur est tenu de vérifier la forme de tous les joueurs» Le fait de n'avoir jamais été sélectionneur peut t-il être handicapant? Marchand ne le pense pas du tout: Il retourne rapidement la question à son avantage, interroge et fournit la réponse: « quelle est la différence entre un entraîneur de club et un sélectionneur? Un entraîneur de club sélectionne les joueurs qu'il entraîne et l'entraîneur national sélectionne des joueurs qu'il n'entraîne pas. Le sélectionneur est tenu de vérifier la forme de tous les joueurs tunisiens et choisit ceux qui peuvent former la meilleure équipe en tenant compte des paramètres physiques, psychologiques et technico tactiques. Ceci dit, selon moi, le sélectionneur ne doit pas prendre les meilleurs joueurs mais les joueurs susceptibles de former la meilleure équipe! Marchand ne renie pas non plus son statut de formateur mais n'en est nullement gêné: «je suis un formateur mais aussi un compétiteur. En formant, de bons joueurs, je les ai fait progresser et avec eux l'équipe. Ça m'a permis de faire gravir 6 divisions à une petite équipe de district et à la faire parvenir en professionnels (3ème division française). Nous nous sommes classés 6ème avec Guingamp et qualifiés à la coupe de l'UEFA , ce qui représentait presque un titre pour une petite ville de 5000 mille habitants. J'ai contribué à la formation de joueurs comme Drogba ou Maoulouda et nous avons gagné des matches aussi. Je suis fier d'avoir marqué des étapes importantes dans la carrière de grands joueurs». Et le travail en équipe de Tunisie, comment il va se faire? « Les données sont différentes en sélection. Nous ne pouvons pas nous permettre de former ou de faire progresser les joueurs parce que c'est la mission des clubs. Nous sommes devant l'obligation de choisir les plus performants, aptes physiquement et qui peuvent tout de suite s'inscrire dans une compétition difficile pour avoir un résultat. On a les joueurs, au maximum, pendant 15 jours et on ne peut pas modifier leur vie et leur manière de jouer durant cette période. Notre travail maintenant consiste plus à réunir toutes les compétences des joueurs pour l'efficacité de l'équipe que de faire de la formation et de les faire progresser !». Les objectifs sont bien sûr clairs et évidents : «Voir la Tunisie au Mondial 2014, avec ou sans moi» « Je me sens un peu Tunisien et en tant que tel j'éprouve un petit pincement au cœur à voir la compétition mondiale démarrer sans la Tunisie. Donc, l'objectif est de faire en sorte qu'elle y soit en 2014 et ce avec ou sans moi! Dans ce contexte, la compétition est importante pour faire progresser les joueurs dont le CHAN et la CAN». Pour la sélection, elle est la même que celle retenue par Sami Trabelsi et le nouveau coach la justifie: «je ne suis pas tenu de prendre 5 joueurs de l'EST, 5 de l'ESS et 5 du CA pour satisfaire tout le monde. Je ne prendrai que les joueurs qui mériteraient d'être en équipe nationale. Je veux que l'amalgame entre les autochtones et les expatriés se fasse dans les meilleures conditions. Ces derniers ne doivent pas venir en stars mais en véritables professionnels capables d'apporter le plus escompté». Pour ce qui est de ses rapports avec les journalistes, Marchand assure qu'il est toujours prêt à communiquer mais que: « Certaines barrières sont nécessaires parce que vous êtes des fois trop envahissants, ajoute t-il, avec humour!» Voilà, les principaux points sont éclaircis avant de prendre le vol pour le Qatar, histoire de régler les derniers détails de son retour au pays, puisque le nouveau coach n'a cessé d'affirmer son sentiment d'appartenance à la Tunisie! Aida ARAB ACHAB ---------------------- Les joueurs retenus - Mathlouthi Aymen (ESSahel) - Kasraoui Hamdi (FCLens) - Ben Mustapha Farouk (CABizertin) - Jeridi Rami (S.Tunisien) - Allagui Sami (Gruther Furt) - Ben Achour Slim (Malaga FC) - Ben Khalfallah Fahid (Valenciennes) - Ben Salah Mahmoud (CSSfaxien) - Ben Yahia Wissem (C.Africain) - Ben Youssef Siam (ESTunis) - Bergaoui Chaker (CSSfaxien) - Bouazzi Wajdi (ESTunis) - Chikhaoui Yassine (FCZurich) - Darragi Oussama (ESTunis) - Dhaouadi Zouheir (C.Africain) - Haggui Karim (Hannover 96) - Hammami Chadi (CSSfaxien) - Ifaa Bilel (C.Africain) - Jomâa Issam (FC Lens) - Korbi Khaled (ESTunis) - Marzouki Mehdi (CSHLif) - Meriah Mehdi (C.Africain) - Mikari Yacine (Sochaux FC) - Mouihbi Youssef (C.Africain) - Msakni Youssef (ESTunis) - Nafti Mehdi (Aris Salonique) - Ragued Houcine (Slavia Prague) - Sabeur Khelifa (CSHLif) - Yahia Alaeddine (FC Lens) Rassemblement des joueurs le 15/06/2010 à 11h00. • Les joueurs : Ben Achour, Ben Khalfallah, Chikhaoui, Regued, Nafti, Yahia, Mikari, rejoindront l'équipe le 23/06/2010.