Neuf ans de guerre, des milliers de victimes, des dizaines de villes et villages ravagés, des centaines de milliers de réfugiés dans les pays voisins, c'est le bilan de la campagne des Etats-Unis et de leurs alliés en Afghanistan. Le résultat : un pays sans réelle autorité, une population livrée à elle-même et qui ne sait à quel saint se vouer. D'un côté il y a les promesses des forces étrangères et d'un pouvoir local inexistant et de l'autre la menace des insurgés talibans. Une situation on ne peut plus chaotique et qui n'augure rien de positif dans le proche avenir. Et pourtant on avait promis monts et merveilles à des Afghans qui vivent depuis plus de trente ans en état de guerre et qui aspirent comme tous les peuples du monde à une paix qui leur rendrait au moins une partie de leur dignité et ferait naître l'espoir d'une vie meilleure pour leurs enfants. Vœu pieux, au vu d'une situation qui échappe à tout contrôle et qui ne fait que se deteriorier d'un jour à l'autre pour rendre difficile voire impossible le retour à une vie normale. L'insurection gagne du terrain et en efficacité face aux armées étrangères et contre les forces de sécurité intérieure. De plus en plus de provinces sont entre les mains des talibans, la culture du pavot est plus florissante que jamais. Elle est même tolérée par les autorités locales et les gradés de la coalition en place. Et pour cause elle génère aux habitants des gains substantiels qui leur permettent de vivre faute de cultures alternatives. Mais le revers de la médaille est que l'opium est aussi la ressource principale des insurgés et leur trésor de guerre ! par ailleurs les seigneurs de la guerre qui sont encore très actifs en tirent des profits considérables, ce qui rend impossible son éradication. L'échec est d'autant plus patent que les frontières du pays qui s'étirent sur des milliers de kilomètres sont le théâtre de toute sorte de trafic, y compris celui des armes destinées aux insurgés. Les tensions dans la région ne font qu'ajouter à la perméabilité de ces frontières. Ceci explique en bonne partie l'apparition sur la scène afghane d'armes de plus en plus sophistiquées et que les Talibans, utilisent en multipliant les attaques contre une force armée alliée qui n'attend peut être que l'heure de son rapatriement. Les opérations menées dans les différentes provinces afghanes ont lamentablement échoué à preuve l'insurrection n'a jamais été aussi forte et audacieuse qu'elle ne l'est ces dernières semaines. Elles multiplie ses opérations, et harcèle ses adversaires dans leurs derniers retranchements et leur inflige des pertes en vies humaines et en matériels, si considérables que l'on se demande si la guerre n'était pas vraiment perdue, côté allié ? La situation actuelle rappele à bien des égards celle vécue par les soviétiques qui durent quitter le pays sans demander leur reste. N'ayant pas tiré les leçons de cette expérience, les Américains doivent sans doute regretter aujourd'hui d'avoir envahi un pays qu'aucune puissance n'est parvenue par le passé à dompter. Un scénario à la soviétique n'est plus a exclure au vu de la dégradation de la situation militaire de ces derniers temps. Les Américains qui s'étaient fixés comme objectif d'en finir avec les " terroristes " et de neutraliser à jamais leurs alliés locaux dans un premier temps, pour ensuite, entamer la construction du pays et de le doter d'institutions démocratiques, assistent impuissants à leur échec et ne se font plus d'illusions quant à un retournement favorable de la situation. Plus d'alternative pour eux que celle du retrait. A moins qu'ils ne choisissent la fuite en avant. Dans ce cas le prix à payer sera insupportable.