Hier matin, au centre ville. Une marée d'individus investit les centres commerciaux et le marché principal de la capitale. A une journée de l'avènement du mois saint, le Tunisien moyen, Monsieur tout le monde, reste fidèle à sa réputation de grand dépensier, même s'il demeure convaincu qu'après coup il va se saigner aux quatre veines. Après avoir, tant bien que mal, passé le cap des vacances d'été, le Tunisien moyen se retrouve face à une nouvelle échéance onéreuse : le mois de Ramadan. La fièvre des achats monte d'un cran en cette journée d'été qui s'annonce assez chaude. Et comme on est focalisé sur son estomac, on ne compte pas se priver pour ce Ramadan. Pour les courses, tout semble essentiel et pour au final justifier cet empressement inhabituel et cette ruée sans pareil pour se ravitailler en nourritures… Quitte à ébranler la bourse familiale. Pour ce Ramadan, l'essentiel est de pouvoir s'attabler autour de tables bien garnies et de flatter les palais des petits et des grands ! C'est la formule qui marche, même si les instances publiques n'arrêtent pas les campagnes tentant d'amener, en vain, le Tunisien à plus de mesure dans son comportement d'achat pendant Ramadan. Ici, dans une grande surface du centre ville, on renoue, comme il est de coutume, avec des listes d'achats à n'en plus finir: tomates en conserve vendues en lots de trois kilos, pâtes, thon, fromage râpé et huile d'olive… « Ces produits alimentaires sont nécessaires pour la préparation des mets de Ramadan. Je préfère les acheter dès maintenant pour gagner du temps. Cela m'évitera l'obligation d'aller dans une grande surface tous les jours. Chez moi il est des plats qui doivent absolument être présents sur la table de la rupture du jeûne, comme le brick et la soupe. Si je ne me plie pas aux exigences des membres de ma famille, je suis sûre qu'ils vont bouder tout le dîner. », nous confie une mère de famille affairée à remplir son caddy. Il est déjà 10 h du matin. La circulation est sujette à des embouteillages. Pour bien circuler, la voiture n'est pas recommandée. On change d'endroit et on reste dans la même ambiance ! Nous sommes au marché central de la capitale. Nos chefs et mères de familles ne rechignent pas à s'adonner ‘'au plaisir'' d'une bousculade pour s'acheter quelques feuilles de brick faites maison ou encore ce lot de pâtes fabriquées d'une manière traditionnelle pour préparer des plats de Hlelem ou de Nwasser. Miamm… Le marché regorge de marchandises de toutes les couleurs. On est intéressé notamment par celles des condiments qui promettent de relever les goûts des aliments. Et si les prix flambent en cette période de l'année, notre cher Tunisien …MOYEN continue à râler et à rouspéter et en même temps à dépenser son argent pour le plaisir de son palais. Malgré les jérémiades des uns et des autres sur la conjoncture économique, les préparatifs de Ramadan semblent marcher bon train. Ils restent un must pour les ménages qui auront juste après le mois saint à affronter encore d'autres rubriques budgétaires, à savoir l'Aïd et ses vêtements, et l'entrée des classes et ses fournitures ! La priorité est donnée aux dépenses de Ramadan, pour l'instant ! « Il est difficile de choisir une priorité quand on a une famille nombreuse et qu'on sera confronté aux frais d'inscriptions et de la fourniture scolaire. Sans oublier le fait qu'on a dilapidé beaucoup d'argent pendant les vacances. Personnellement je crois qu'il faut s'organiser dès le début pour ne pas se ruiner et se retrouver en fin de compte dans l'obligation de s'endetter pour joindre les deux bouts, », nous dit une dame qui semble adopter un comportement mesuré. Mais combien de chefs de famille peuvent résister à la tentation pendant le mois de Ramadan ? Il faut dire que la grande effervescence qui caractérise le centre ville en cette journée de grande chaleur, est sans doute la meilleure réponse à cette question. On suit du regard notre chère compatriote avec qui on a eu une petite discussion. Elle se dirige illico vers un marchand d'olives pour acheter une quantité assez importante lui coûtant 19 dinars. Paraît-il on ne peut rien contre le conditionnement des mentalités.