Les révélations du Premier ministre libanais Saad Hariri au sujet de l'assassinat de son père Rafic Hariri ont l'effet d'une bombe. « A un moment donné, nous avons commis des erreurs. Nous avons accusé la Syrie d'avoir assassiné le Premier ministre martyr. Il s'agissait d'une accusation politique, et cette accusation politique n'est plus à l'ordre du jour », a-t-il notamment déclaré au quotidien Asharq Al-Awsat. Ces révélations, si elles dénotent un grand courage politique, promettent des remous, voire des tensions sur la scène libanaise, principalement au sein du Rassemblement du 14 mars qui verrait mal une disculpation de la Syrie alors qu'il avait vu le jour avec elle comme principal accusé et cible de tous les slogans qui ont suivi pour chauffer des centaines de milliers de Libanais hostiles à la présence syrienne dans leur pays. Evidemment l'accusation de la Syrie d'être le commanditaire de l'assassinat à l'époque, a accentué la pression internationale sur elle et précipité son départ du pays, mais si Hariri reconnaît aujourd'hui avoir commis des erreurs et n'avait fondé son jugement sur aucune preuve tangible, il reste quand même deux questions essentielles ? Qui a tué Rafic Hariri et pourquoi son fils choisit-il ce moment précis pour ouvrir le dossier ? Pour plusieurs observateurs le revirement du Premier ministre libanais, assimilé à un mea culpa, traduit une volonté de clore ce dossier épineux et de ne pas entraver la normalisation indispensable des relations entre son pays et la Syrie. Et puis le TSL poursuit son enquête et désignera bientôt le coupable. Mais dans l'attente du verdict, les événements se précipitent autour d'un dossier surréaliste et politisé où s'entremêlent les jeux d'influences et d'intérêts.