Au-delà de sa portée politique illustrée par la consécration de l'égalité entre l'homme et la femme et qui a retenu, jusqu'à présent, l'attention des médias, le projet de loi examiné en Conseil des ministres, le 8 septembre, et tendant à permettre à la mère tunisienne mariée à un étranger d'octroyer sa nationalité tunisienne à ses enfants… A trouvé un écho des plus favorables auprès de l'opinion publique, grâce à la contribution qu'il ne manquera pas d'apporter au règlement des difficultés et problèmes d'ordre concret rencontrés par les citoyennes tunisiennes concernées, ou du moins, une partie d'entre elles. Des commentateurs nous ont dit qu'il s'agit là du but essentiel visé par le législateur tunisien à travers ce nouveau texte de loi. La situation des femmes tunisiennes mariées à des étrangers n'est pas, en effet, la même et diffère, pratiquement, d'une femme à une autre. Certaines sont heureuses et ne connaissent pas de problèmes, alors que d'autres ont rencontré ou rencontrent toutes sortes de difficultés. Dans les divers quartiers de la région de Tunis, entre autres, chaque habitant doit avoir, sûrement, parmi ses voisins, des cas de femmes tunisiennes mariées à des étrangers, et spécialement à des ressortissants maghrébins, notamment libyens et algériens. Cas de figure Pour notre part, nous avons un nombre de voisines femmes mariées à des ressortissants maghrébins (algériens et libyens), ainsi que plusieurs voisins tunisiens hommes mariés à des citoyennes arabes d'Algérie, d'Egypte, du Liban et de Syrie, et de pays européens (France et Italie). Ainsi, une voisine tunisienne mariée à un ressortissant maghrébin (algérien) n'a pas été heureuse, car son mari l'a quittée, incognito et sans l'informer de son projet, depuis 1985, la laissant enceinte, de quelques mois, et il n'a pas donné, depuis, signe de vie. L'enfant né s'est avéré être une fille qui est aujourd'hui âgée de 25 ans. Sa mère a, entre temps, demandé et obtenu le divorce. Mais la jeune fille désire connaître et voir son père pour renouer le contact avec lui, en vain. Et l'on peut imaginer l'effet positif que le projet de loi signalé peut avoir sur l'amélioration de la situation et du moral des nombreuses personnes qui sont dans ce cas. Trois autres voisines mariées à des ressortissants maghrébins et ayant toutes des enfants, résident dans les pays de leurs époux, dont deux sont heureuses, d'après les informations recueillies auprès de leurs proches en Tunisie, alors que la troisième connaît des problèmes liés, entre autres, aux difficultés de venir rendre visite à ses parents en Tunisie, à cause de la complexité des procédures administratives en vigueur dans le pays de sa résidence. Pour des motifs en rapport avec son travail, son mari vit éloigné d'elle, dans une autre région que celle où elle réside avec ses enfants. La spécificité des législations propres à chaque pays peut avoir, ainsi, des incidences négatives ou positives sur les enfants des Tunisiennes mariées à des étrangers, notamment lorsque la mère réside dans le pays de son époux. De nombreux Tunisiens et Tunisiennes ont connu des situations inverses inconfortables. Nous avons, ainsi, pour voisins, une famille de Tunisiens, nés, en Egypte, de père tunisien et de mère égyptienne et qui, après de longues années passées en Egypte, ont dû quitter ce pays, et venir s'installer en Tunisie, parce qu'ils étaient considérés comme des étrangers aux yeux de la législation égyptienne, avant sa modification, ces dernières années, dans le sens de l'amendement tunisien signalé. Un des membres de cette famille, marié comme son père à une égyptienne, et resté en Egypte, allait lui aussi connaître le même sort, lorsque la modification précitée de la loi égyptienne a permis à ses enfants d'obtenir la nationalité égyptienne, lui épargnant et à ses enfants des désagréments incalculables. Augmentation ? La modification du Code tunisien de la nationalité sauvera sans nul doute beaucoup d'enfants de mères tunisiennes mariées à des étrangers, des tracas pareils. D'autant que la loi tunisienne reconnaît aux citoyens tunisiens le droit à la double nationalité. Quoique le mariage des jeunes filles et des femmes tunisiennes, en général, avec les citoyens maghrébins et arabes soit un phénomène très ancien et très fréquent, les rapports de presse et des sources informées parlent de l'augmentation du nombre des femmes tunisiennes qui choisissent , aujourd'hui, d'épouser des ressortissants étrangers qu'ils soient maghrébins, arabes et même européens, toutefois, les ressortissants européens ,quelle que soit leur confession d'origine, sont tenus obligatoirement de se convertir à l'Islam pour pouvoir épouser des femmes tunisiennes , mais aussi et surtout pour que leur mariage soit légalement reconnu en Tunisie. A signaler que le nouvel amendement prévu vient compléter et renforcer des modifications apportées dans le même sens, depuis plusieurs années, au Code de la nationalité en Tunisie, de sorte que ce pouvoir juridique donné à la femme tunisienne n'est pas totalement nouveau.