Le gouvernement accusé de s'acharner sur les immigrés - Le Temps-Agences - Eric Besson assure qu'une des missions de son ministère est de fabriquer de "bons Français" et que le gouvernement n'a pas stigmatisé les Roms. Les propos du ministre de l'Immigration, dans un entretien au journal Le Parisien, relancent un débat passionné alors que les députés commencent hier l'examen du projet de loi "Immigration, intégration et nationalité". Ce texte controversé, présenté par Eric Besson, reprend les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy à Grenoble, où il avait lié immigration et délinquance. Il élargit la liste des motifs de déchéance de nationalité pour les Français récemment naturalisés et comporte des mesures relatives aux campements illicites et qui visent à faciliter l'expulsion de ressortissants de l'Union européenne, comme les Roms. "Si cela vous choque que des étrangers deviennent de "bons petits Français", moi je trouve que c'est une excellente nouvelle", déclare Eric Besson au Parisien. "Être des 'bons Français', ça ne veut pas dire renier son histoire, ses origines ou sa culture française", poursuit le ministre avant d'ajouter : "Si mon ministère peut être une machine à fabriquer de bon Français, je serai très heureux." Le ministre évoque également dans l'entretien la politique française à l'égard des Roms. Celle-ci a provoqué un tollé et de très vifs échanges entre Paris et la Commission européenne, qui a accusé les autorités de cibler une communauté en particulier. Eric Besson rejette cette idée mais confirme que les autorités lient les campements avec les problèmes de sécurité. Il concède néanmoins que les expulsions de Roms, notamment vers la Roumanie ou la Bulgarie, se sont accélérées depuis août et affirme que des mesures vont être prises pour empêcher le retour des Roms renvoyés dans leur pays d'origine. Interrogé sur la possibilité de déchoir de leur nationalité les personnes naturalisées depuis moins de 10 ans lorsqu'elles ont causé la mort d'un dépositaire de l'autorité publique, soit volontairement soit du fait de violences ayant entraîné la mort, Eric Besson concède qu'il s'agit d'un "symbole". "Tant mieux si cela ne va en effet concerner que très peu de personnes. Mais c'est une sanction qui a une portée symbolique et républicaine lourde", souligne-t-il. Les défenseurs des droits de l'homme en France se sont élèvés contre le projet de loi sur l'immigration examiné depuis hier par les députés et son durcissement en commission, en pleine polémique sur les Roms. La plupart des associations voient dans ce nouvel arsenal législatif une surenchère faisant de l'étranger un bouc émissaire à des fins électorales et témoignant de la "droitisation" de la majorité présidentielle. Malgré le malaise qui a suivi l'expulsion de milliers de Roms, cette loi, la quatrième en sept ans, est peu contestée par les députés UMP, mais les réserves sont plus vives parmi les sénateurs de la majorité.