La lueur d'espoir entrevue par la société civile suite à une rumeur faisant état de la cession par la Société d'Aménagement de Sfax El Jadida du fameux Lot 23 A à une tierce partie, qui serait disposée à lui réserver une nouvelle destination acceptable, s'est finalement avérée sans fondement, au grand dam des citoyens sfaxiens. Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de l'affaire du Lot 23 A, il conviendrait de rappeler que ce lot couvrant une superficie de 10000 m2 est la propriété de la SASEJ étant donné qu'il fait partie du lotissement « Sfax El Jadida», espace qui lui avait été cédé précédemment. En effet, pour répondre aux besoins de la ville, en période de pleine expansion, dans les années soixante-dix, la Société d'Aménagement de Sfax El Jadida, mise en place en 1983, s'est vu confier l'aménagement de la zone, située entre la vieille ville et le Rbat, occupée alors par des cimetières, des citernes souterraines, des commerces divers ainsi que des boutiques et des ateliers. Le tout dans un état de délabrement et de vétusté manifestes. La création de ladite société avait pour but l'aménagement d'un espace moderne doté de toutes les commodités et surtout en parfaite harmonie avec les espaces environnants, et plus particulièrement la ville arabe et ses remparts, situés à moins de 200 mètres. C'est ainsi que la SASEJ devient légalement propriétaire d'espaces conséquents sur lesquels a été érigée une cité moderne mais pas tout à fait irréprochable, ce qui n'est pas notre propos, aujourd'hui. Or ne voilà-t-il pas qu'elle obtient à la fin du mandat du conseil municipal sortant, un permis de construire sur le Lot 23 A, l'autorisant à bâtir, un parking, des immeubles R+3 et une tour de hauteur R+6. Le projet a soulevé un tollé sans précédent auprès des ONG et des citoyens avisés qui ont crié au viol de la loi, et les commentaires et les qualificatifs les plus durs et les plus cinglants, de fuser de toutes parts : «mépris des lois protégeant les sites classés », « mépris des règlements et de l'intérêt public », « scandale », « fausse légalité », « catastrophe architecturale et environnementale », « entorse inadmissible aux lois et aux règlements de l'urbanisme et de la sauvegarde du patrimoine », « massacre », « pillage de l'espace public » …, bref, autant de propos virulents qui marquent l'opposition, voire l'hostilité suscitées par le projet dont le préjudice majeur est d'obstruer la vue et d'étouffer les sites classés. Les détracteurs du projet, n'ayant pas jeté l'éponge, ont compté sur le nouveau et actuel conseil municipal pour en obtenir l'annulation. Peine perdue parce que le nouveau conseil s'en est trouvé dans une position pour le moins qu'on puisse dire, inconfortable, s'estimant dans l'incapacité d'intervenir, ce qui n'est pas l'avis de tout le monde, vu que la SASEJ, propriétaire du lot 23 A dispose d'un permis de bâtir en bonne et due forme. La solution idoine serait donc que la dite société accepte de vendre le lot à une tierce partie qui serait disposée à lui réserver une autre destination agréée par la société civile. Des rumeurs ont même couru ces derniers temps faisant état de pourparlers prometteurs en ce sens. «Chams El Janoub », le magazine régional de Sfax, s'en est même fait l'écho dans sa livraison du 23 septembre courant. Mais, renseignement pris, il s'est avéré qu'une perspective serait inconcevable, d'abord parce qu'il faudrait que la SASEJ consente à renoncer à son projet, incontestablement rentable voire juteux, ensuite, et c'est l'argument massue» Qui aurait et les moyens et la générosité suffisants pour offrir une trentaine de milliards de nos millimes à la communauté? », comme s'est interrogée une source municipale.(NDLR : le prix du m2 coûterait facilement trois mille dinars, sinon plus dans la zone) D'ailleurs, forte de ce qu'elle considère comme étant son droit inaliénable, la SASEJ poursuit imperturbablement ses travaux, mettant fin à toutes les illusions.