Les dernières pluies ont, encore une fois, et pour la millième fois, démontré à quel point nos rues sont étroites et nos routes saturées de voitures, de bus et autres camions. Elles ont donc occasionné des bouchons interminables, accompagnés par les sempiternels coups de Klaxons et les coups de nerfs… Malgré un effort louable au niveau de l'infrastructure routière, des ponts et des échangeurs, la capitale continue à étouffer ou suffoquer, selon les saisons et l'heure. Voici un instantané sur la situation au jour d'aujourd'hui… La route X est l'un des principaux points noirs de la circulation au sein de la capitale, puisqu'elle contourne la ville et accueille une grande partie des véhicules qui y entrent ou qui en sortent. Les axes qui mènent à l'Ariana et à Ennasr continuent donc à être saturés aux heures de pointe, malgré les ponts. Quant à la partie qui mène vers la cité Romana, actuellement en travaux, c'est un véritable piège pour les automobilistes. Conséquences : des centaines de voitures contournent ce tronçon en roulant à travers les quartiers environnants, où il y a des maisons, des écoles, des enfants… Bouchons en série « Un danger public, ces voitures, car leurs conducteurs sont pressés et énervés », assure une habitante de ce quartier qui n'ose plus laisser ses enfants jouer dehors. Le pire, c'est ce croisement qui se situe devant la grande citerne de la cité Romana, où la majorité des automobilistes grillent les feux rouges, un sport devenu très à la mode depuis quelques mois dans tous les quartiers de Tunis et qu'il conviendrait de juguler avant que des drames ne surviennent. Un ingénieur explique la situation en ces termes : « le problème principal des échangeurs qui fleurissent partout, c'est que si l'on fluidifie la circulation quelque part, elle se bloque un peu plus loin, dès qu'un feu rouge s'annonce… » Et on n'a pas besoin d'être un grand spécialiste pour faire ce constat : le bouchon au bout de la route X, au niveau de Denden et de Zahrouni est tout simplement monstrueux ! Ailleurs, les échangeurs sont encore en construction, comme c'est le cas de la route de la Marsa et de la zone du lac de Tunis. Un jeune cadre qui travaille justement dans cette partie de la ville pose le vrai problème, la question qui désoriente tous les tunisois : « je viens d'Hammam-Lif et je suis obligé de passer par la route de la Marsa, alors qu'une simple bretelle me permettrait d'entrer directement dans la zone du lac. Je perds dix à vingt minutes tous les jours dans cette partie, ce qui ne fait pas plaisir à mon patron… » En outre, le lac est peu servi par les transports en commun et reste pratiquement inaccessible sans voiture, ce qui augmente le flux des véhicules de toutes sortes, notamment les poids lourds qui viennent approvisionner les nombreux chantiers en matériaux de construction. Imaginez donc la vie des centaines de personnes qui n'ont pas de voitures et qui sont obligées d'aller attendre le bus sur la route principale… Adapter le plan de circulation Plus loin sur cette route de la Marsa, les voitures se retrouvent dans des bouchons inextricables après avoir passé les premiers échangeurs. Quant à l'entrée de cette ville de banlieue, c'est carrément une mission impossible, surtout le week-end. « Je ne peux plus utiliser ma voiture et les taxis deviennent hors de prix avec ces embouteillages. Si au moins je savais monter à vélo… », confie une habitante de cette ville. Elle ajoute avec lassitude : « dire que je suis venue habiter ici pour être tranquille… » Certains échangeurs et autres ponts sont parfois mal conçus et ne résolvent pas le problème dans ces cas-là. Au niveau de l'Ariana, lorsque vous voulez tourner vers la Soukra, vous vous retrouvez dans un imbroglio circulatoire inimaginable à certaines heures, pour ne pas dire à toutes les heures. Certaines voitures doivent tourner et d'autres aller tout droit. Des feux rouges viennent compliquer la tâche de tous, les plus chanceux passant par le pont… C'est le cas aussi du pont construit au niveau du croisement qui mène à la Médina de Radès et qui est continuellement embouteillé. Les véhicules qui passent sous le pont doivent s'arrêter pour céder le passage à ceux qui viennent des diverses directions. Or le flux est important et il est souvent prudent de ne pas s'engager face aux centaines de camions. Quelques problèmes persistants, perpétuels même, pour terminer ce petit tour des échangeurs: à l'entrée de la GP1, au niveau du pont d'El Manar et dans certaines rues de la capitale, des séparations ont été implantées par les responsables de la circulation de Tunis. Dans leur esprit, il s'agit d'empêcher les automobilistes de doubler, ou de faire demi-tour sur place. Sauf que ces bouts de trottoirs trop hauts créent des embouteillages monstres, puisque des voitures viennent se garer et occuper la moitié de la route. Un échangeur aurait été plus adapté à la situation… Et puis il y a cet éternel problème du lieu nommé Le Passage et qui empêche les véhicules de passer vers le centre ville, alors que là justement un échangeur est plus que nécessaire. Il y a cette rue Jean Jaurès, toujours déserte, car en sens interdit dans les deux sens. Même lorsque le centre ville est saturé, cette rue reste curieusement vide, alors qu'elle pourrait servir de grand échangeur vers le centre ville et le TGM. Et puis pourquoi ne pas repenser les transports en commun, mieux desservir certaines zones, comme le lac, justement, ce qui permettrait à bon nombre de conducteurs de ne plus utiliser leurs véhicules et faciliterait la vie à des centaines d'ouvriers qui y travaillent. Ailleurs, il faut penser à élargir les ronds-points, afin de fluidifier le trafic… Un bon plan de circulation s'impose donc,pour proposer les solutions adéquates à ce problème qui n'a fait que trop durer.