Le Temps-Agences - Les syndicats français disent avoir réussi leur pari d'élargir la contestation contre la réforme des retraites en mobilisant environ trois millions de manifestants hier pour la troisième fois en un mois. Comme lors des précédentes journées d'action, les 7 et 23 septembre, une bataille de chiffres les oppose au gouvernement, qui a dénombré 899.000 manifestants, soit une baisse de 10% par rapport aux manifestations enregistrées neuf jours plus tôt. "On nous annonçait une amplification, il n'y en a pas eu aujourd'hui", a déclaré sur iTélé le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel. Les dirigeants syndicaux, qui se réuniront demain pour affiner leur stratégie, ont exhorté le gouvernement à sortir de son "blocage". Ils préviennent qu'ils ne reculeront pas. Si les grandes centrales divergent sur le bien-fondé de lancer une grève reconductible, elles ont d'ores et déjà programmé une nouvelle journée d'action, avec grèves à la clé cette fois, le mardi 12 octobre. Le projet de loi, dont la mesure phare est le relèvement de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite, sera alors en cours d'examen par les sénateurs, auxquels les syndicats réclament des modifications substantielles. Hier, la CFDT a fait état de 2,9 millions de personnes dans les rues dans toute la France et la CGT a dénombré "près de trois millions" de manifestants. "C'est l'une des manifestations les plus importantes depuis dix ans. Et ça fait trois fois de suite qu'on est toujours au même niveau", s'est félicité François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT. En province, la mobilisation était en hausse à Toulouse, Nantes, Lyon ou encore Bordeaux, selon les syndicats. En revanche, à Marseille, les organisateurs ont fait état d'une participation en baisse, passant de 220.000 à 150.000 manifestants en neuf jours. "Réunir trois fois trois millions de personnes, c'est forcément une réussite", a déclaré le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, pour qui le gouvernement est "complètement gelé" sur sa réforme. Tant Nicolas Sarkozy que le gouvernement assurent qu'ils ne céderont pas sur les "bornes d'âge" fixées par la réforme malgré les appels des syndicats et de l'opposition politique. La dirigeante du Parti socialiste, Martine Aubry, a demandé à François Fillon de reprendre la réforme à zéro. Fait rare dans l'histoire sociale, les syndicats avaient choisi un week-end pour manifester afin de limiter le sacrifice consenti par leurs sympathisants en journées de salaire perdues et de faire venir de "nouveaux publics". "C'est pari réussi dans ce sens", a estimé la dirigeante de la FSU, Bernadette Groison. "On rassemble des salariés, des jeunes, des familles (...), des manifestants qu'on ne voit pas habituellement". Selon un sondage CSA publié hier 71% des Français soutiennent le mouvement, une progression de près de dix points en un mois.