Le Temps-Agences - La mobilisation contre la réforme des retraites en France s'est maintenue hier à un niveau élevé dans la rue, permettant à l'opposition et aux syndicats de renouveler leurs appels à une marche arrière du gouvernement sur son projet de loi. Cette cinquième journée de mobilisation depuis la rentrée était selon les syndicats du niveau des précédents défilés du samedi 2 octobre, seul élément de comparaison valable à leurs yeux. Le ministère de l'Intérieur a estimé, lui, le mouvement en légère baisse sur le plan national. "Il faut que le gouvernement ait la responsabilité au dernier moment de suspendre le débat parlementaire et de nous permettre d'ouvrir le dialogue", a déclaré François Chérèque, le numéro un de la CFDT, en tête du cortège parisien. À Lille, lors du défilé dans la ville dont elle est maire, Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, a également réclamé l'arrêt par les sénateurs de l'examen d'un texte qui enterre la retraite à 60 ans. "Arrêtez, suspendez aujourd'hui votre projet au Sénat, mettez tout le monde autour de la table", a-t-elle demandé à l'exécutif. Le ministère de l'Intérieur a chiffré à la mi-journée à 340.000 le nombre de personnes manifestant lors d'une journée pluvieuse à travers le pays, soit une légère baisse par rapport au chiffre de 380.000 à la même heure le 2 octobre. Mais pour les dirigeants syndicaux, le niveau de mobilisation reste au moins le même. "Cela montre la détermination qui se confirme de ce mouvement d'ampleur inégalée depuis de nombreuses années", a déclaré le leader de la CGT, Bernard Thibault. Même analyse à la CFDT pour François Chérèque: "Le niveau de mobilisation est encore très important", a-t-il dit. "Il est temps que ce gouvernement ouvre le dialogue avec les organisations syndicales qui le souhaitent." Pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, la mobilisation devrait se poursuivre non seulement mardi, date de la prochaine journée d'action décidée par l'intersyndicale, mais également au-delà du vote des sénateurs sur le projet de loi, prévu mercredi. "Loin de diminuer, le mouvement se maintient, que la réforme soit votée ou non", a-t-il dit. Avec de 310.000 à 50.000 personnes à Paris et de 180.000 à 16.400 à Marseille, selon le jeu habituel des estimations entre organisateurs et services de police, les manifestations ont répondu présent, sans les incidents qui avaient marqué ces deux derniers jours les défilés de lycéens. Les syndicats accélèrent le rythme des journées d'action à mesure que le Sénat progresse dans l'examen de la loi, qui devrait être adoptée définitivement fin octobre, début novembre. Depuis la précédente journée nationale de contestation, mardi, les appels à la grève reconductible, dans les secteurs de l'énergie, des transports et de l'éducation, n'ont pas paralysé le pays.